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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0143

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ASIE MINEURE.

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espaces couverts de ces pieux noirs et
charbonnés qui ont un aspect lugubre.
L’exploitation régulière des bois se
fait de préférence sur les pentes orien-
tales de l’Olympe, qui sont moins abrup-
tes, et où les transports sont relative-
ment plus faciles; mais quelle industrie
primitive ! Des chars dont les roues sont
des ais mal joints , et à peine arrondis,
crient sur des essieux de bois auxquels
tient un timon d’une longueur démesu-
rée. Dix à douze paires de bœufs tirent
avec lenteur une bille de hêtre qui de-
mande cinq ou six jours pour être des-
cendue dans le pays plat. Les fondriè-
res formées par les roues et les pieds
des animaux arrêtent journellement la
marche du convoi.
Ces bois sont généralement transpor-
tés jusqu’à Nicomédie, où on les embar-
que pour Constantinople. Cependant,
sur la pente occidentale, il s’est fait
une grande exploitation; mais les forêts
de ce côté sont fort apauvries. Le seul
souvenir de ces travaux subsiste dans le
nom d’un village qui s’appelle Odunli
keui, c’est-à-dire le village du bois ; c’é-
tait l’entrepôt des bois coupés dans les
forêts.
La région des prairies qui succède à
celle des sapins n’a rien qui la dis-
tingue des sommets alpins des autres
montagnes. Une quantité de ruisseaux,
alimentés par la fonte des neiges, tra-
cent leurs méandres sur le gazon ténu.
Les habitants appellent ce§ ruisseaux
Kerk bounar (lesquarantesourc.es). Déjà
à cette hauteur la neige reste dans les
anfractuosités pendant la plus grande
partie de l’été.
Les rochers verticaux qui semblent
supporter le sommet de la montagne af-
fectent les formes les plus bizarres. Ce
sont de hautes falaises de granit qui se
dessinent en murs crénelés, en colonnes
prismatiques qui présentent la silhouette
de murs écroulés et de châteaux en
ruine.
Ici commence l’ascension du dernier
mamelon de la montagne; partout la
neige remplit les crevasses; mais le che-
min ne présente aucun danger. C’est or-
dinairement au pied du dernier pic que
les guides turcomans font arrêter les
voyageurs qui tentent l’ascension de la
montagne. On laisse les chevaux paître

en liberté ; car on peut facilement arri-
ver à cheval jusqu’à cette hauteur. Des
broussailles de pin et de genévrier que
les guides ont apportées servent à allu-
mer le feu où se prépare le repas cham-
pêtre qui doit précéder l’ascension. Il
ne faut pas plus d'une heure pour arri-
ver au sommet, et si l’on a été favorisé
par un ciel serein, la majesté du spec-
tacle qui se déroule aux regards suffit
pour faire oublier les fatigues de la jour-
née. Une grande partie de la carte de
l’Asie Mineure se développe sous les
yeux du spectateur; la vue s’étend au
sud jusqu’aux vallées supérieures du
Rhyndacus, à l’ouest jusqu’à la Troade,
et au nord l’azur de la mer découpe la
côte en mille golfes profonds dont les
échancrures sont rendues encore plus
sensibles par la perspective. Les îles de
Marmara, de Besbicus se dessinent
comme des points dorés sur le bleu de
la mer, et a l'horizon du tableau on
aperçoit à l’aide d’une lunette les dômes
et les minarets de Constantinople.
Ceux qui ne voudraient pas organiser
une caravane spéciale pour faire l’as-
cension de la montagne pourraient se
joindre aux convois qui partent presque
toutes les nuits de la ville pour aller
chercher la neige au sommet. La neige
est coupée en grands blocs dont deux
font la charge d’un mulet, et le convoi
redescend en ville vers neuf heures du
matin.
Le sommet de l’Olympe se divise,
comme nous l’avons dit, en deux pitons
qui forment un plateau de plusieurs
hectares d'étendue.
Sur celui de l’est, on voit les ruines
d’un édifice en pierres sèches qui paraît
avoir été une chapelle ou un monastère;
mais rien dans sa construction ne per-
met de lui assigner une époque déter-
minée.
Du temps des empereurs byzantins,
les vallées de l’Olympe devinrent le re-
fuge d’une foule d’anachorètes qui
fuyaient le tumulte de la capitale. Là,
comme au mont Athos, les cellules ac-
compagnées de chapelles se multi-
plièrent à l’infini. L’empereur Constan-
tin Porphyrogénète fit un pèlerinage à
l’Olympe , et y répandit d’abondantes
largesses. On citait parmi les plus cèle
bres monastères l’abbaye de Medice,
 
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