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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0149

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ASIE MINEURE.

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montagnes et sou cours devient plus
rapide. Nos matelots mirent pied à
terre pour haler la barque, et nous ar-
rivâmes le soir même au village d'Is-
kelé. Il est situé à la base d’une mon-
tagne de marbre gris ; cette roche pa-
raît constituer la chaîne qui court de
l’embouchure du fleuve jusqu’à Cy-
zique. Notre intention était d’entrer
dans le lac d’Apollonias en remontant
le Rhyndacus ; nous naviguions tou-
jours poussés par une forte brise du
nord, et loin de trouver aucun con-
fluent, le fleuve nous paraissait s’é-
largir toujours; enfin nous aperçûmes,
sur une hauteur, la ville de Mubalitch.
Nous avions navigué plus de trente ki-
lomètres sans savoir sur quelle nappe
d’eau nous étions; le courant qui se
confondait avec ce prétendu lac, était
souvent embarrassé par des lianes et
des troncs d’arbres ; nous n’aperce-
vions la trace d’aucun être humain ;
lorsqu’enfin nous pûmes mettre pied à
terre et envoyer aux renseignements
vers quelques indigènes que nous aper-
çûmes. Nous apprîmes que nous avions
depuis longtemps dépassé le cours du
Rhvndacus et que nous naviguions sur
le Sou sougberlé (la rivière des buftes)
qui vient de Sirnaul.
Il n’est pas rare de voir cette vaste
inondation se reproduire au printemps
au moment de la fonte des neiges de
L’Olympe, et les habitants la regardent
comme le signe d’une année d’abon-
dance. L’inondation couvrait tout le
terrain de la plaine de Mubalitch et
confondait les rives du lac avec celles
du Son sougherlé, de sorte que la petite
ville de Loupad se trouvait presque
cernée par les eaux.
Après un court séjour à Mubalitch,
nous redescendîmes le fleuve sous la
conduite d’un homme du pays, et nous
allâmes mouiller sous les murs de
Loupad.
Le lendemain, après avoir reconnu
le pont qui indique l’entrée du lac, nous
allâmes mouiller dans les environs d’A-
boullonia.
Notre guide nous avait quittés à
l’embouchure du Rhyndacus pour re-
joindre un convoi de paysans qui pa-
raissaient étrangers au pays; ils avaient
le costume des Paisses, "un bonnet de

fourrure et une, grande veste de peau,,
de longues bottes leur montant jus-
qu’aux genoux. Ces hommes nous ap-
prirent qu’en effet ils étaient Russes.
Établis depuis plusdecent ans en Asie,
ils avaient formé une petite colonie
qui vivait en bonne intelligence avec les
Turcs et jouissant de quelques im-
munités , notamment de pratiquer
sans contrainte leur religion. Ils sont
adonnés à la pêche , et se rendaient à
Kembouchure du fleuve pour pêcher
l’esturgeon, dont ils fabriquent le ca-
viar. Ce genre de poisson est en effet
très-abondant dans ces parages, à tel
point qu’on n’utilise que les œufs et
que la chair est délaissée. Ces Russes
habitent un village qu’on appelle Kosak
keui, et qui est situé près du lac de
Manyas. Ils possèdent quelques ba-
teaux longs qu’ils placent sur un train
de quatre roues, mettent dedans leurs
enfants et leurs ustensiles de pêche, et
vont ainsi, selon la saison, pêcher dans
les différents lacs et cours d’eau de la
contrée. Ils ignorent à quelle occasion
ils sont venus dans ce pays; les Turcs
disent qu’ils se recrutent de déser-
teurs et de matelots russes qui vien-
nent à Constantinople.Sont-ce d’anciens
prisonniers amenés dans ces parages
par les Turcs? ceci est plus probable.
Le lac d’Apollonias fut aussi appelé
lac Artynia ; mais il finit par prendre
le nom de la ville principale, construite
sur ses bords et qui devint célèbre par
le culte que l’on rendait à Apollon.
Le Rhyndacus portait aussi le nom
de Lycus, que les Grecs donnaient à
tous les fleuves sujets aux déborde-
ments.
L’année précédente nous avions ex-
ploré le cours supérieur du Rhyn-
dacus, dont nous donnerons ici une
courte description pour n’avoir plus à
nous occuper du régime de ce fleuve.
Le R.hyndacus prend sa source dans
le voisinage de la ville d’Aizani (1),
aujourd’hui nommée Tchafder hissar
(le château du seigle). Ce territoire
faisait partie de la Phrygie Épictète. Il
sort d’une montagne calcaire apparte-
nant au groupe du mont Dindymène à
une hauteur de 1,085 mètres au-dessus
(r) Strab., XII, 576.
 
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