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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0150

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140

L’UNIVERS.

de la mer, traverse la plaine d’Aizani
dans la direction du sud au nord et
après une course de vingt kilomètres,
contourne un col peu élevé près de
Sofon keui, qui sépare la plaine de
Tchafdèr de celle de Taouchanli (la
ville des lièvres), petite ville assez po-
puleuse adossée au revers méridional
du Toumandji dagh, un des contre-
forts sud-est de l’Olympe. La plaine de
Taouchanli est bien cultivée et ren-
ferme plusieurs villages. En traversant
cette plaine le fleuve prend son cours
vers l’ouest et le nord-ouest, pour
contourner le massif de l’Olympe, dé-
bouche dans la plaine aux environs du
village de Kirmasli, et va se jeter
dans le lac Apollonias vers l’angle sud-
ouest. Pendant la saison des hautes
eaux où nous nous trouvions, il ne
nous fut pas possible de reconnaître
dans le lac aucune espèce de courant ;
mais l’inondation étant causée par la
fonte des neiges, le volume du lleuve
n’en était pas augmenté dans son cours
supérieur.
L’accumulation des neiges dans ces
régions et les rudes hivers de la Bithy-
nie se représentent assez fréquemment;
aussi les orangers et les plantes des
contrées méridionales ne croissent-ils
pas dans cette province. Plutarque (1)
rapporte que pendant le siège de Cyzi-
que Lucullus ayant fait une sortie pour
se mettre à la poursuite des soldats de
Mithridate « trouva les neiges si abon-
dantes, le froid si âpre et le temps si
rude que plusieurs des soldats, ne pou-
vant le supporter, moururent par le
chemin ».
Nous n’avons, cependant, aucune
preuve historique d’un froid continu de
dix degrés centigrades qui eût infailli-
blement gelé le lac d’Apollonias; de
mémoire d’homme la surface du lac n’a
été entièrement gelée.
Mais l’inondation dont nous fûmes
témoin, et qui au dire des habitants se
renouvelle fréquemment, fut terrible
en l’année 268. Les Goths, qui faisaient
le siège de Cyzique, furent surpris par
un débordement des lacs et des fleuves ;
une partie de l’armée fut engloutie et le
reste fut obligé de battre en retraite.
('.) Fie de Lucullus,

Cet événement se passait sous le règne
de Claude le Gothique (1).
Dans toute l’étendue de son parcours,
depuis sa source jusqu’à sa sortie du
lac , le fleuve ne reçoit aucun affluent
qui porte un nom historique ; mais,
dans son cours inférieur, il reçoit de
l’ouest une rivière considérable qui
s’appelait Megistus ou Macestus, et au-
jourd’hui Sou sougherlé. Nous n’avons
pas parlé du nom moderne du Rhynda-
cus; on peut a peine dire qu’il en a un,
c’est-à-dire qu’il en change à chaque
village. Dans les hauts plateaux on l’ap-
pelle rivière de Thafdère; plus loin c’est
la rivière de Taouchanli; enfin au petit
bourg d’Edrenos le Rhyndacus prend le
nom d’Edrenos tchaï jusqu’au lac Apol-
lonias.
Ce n’est pas tout. A sa sortie du lac,
les habitants le confondent avec le Ma-
cestus et l’appellent, jusqu’à la mer,
Sou sougher li (la rivière des buffles
ou des bœufs d’eau). 11 faudrait dire lit-
téralement sou segher li, segher, bœuf,
sou segher, bœuf d’eau, sou segher li
tchaï, la rivière des bœufs d’eau ; voilà
pourquoi la géographie des Turcs est
un cahos.
Celui qui n’a pas quelques notions
de la langue ne saurait s’y reconnaître;
il y a cependant un avantage, c’est que
tous les noms de ville, de montagne ou
de fleuve ont une signification prise de
leur caractère saillant et cela se fixe
très-bien dans la mémoire.
LE MACESTUS SOU SOUGHERLE
TCHAÏ.
« Le Rhyndacus prend sa source dans
l’Aizanitide, apres s’être grossi des eaux
de plusieurs fleuves de la Mysie Abret-
tène, entre autres de celles du Macestus,
qui vient d’Ancyra de l’Abasitide, se
décharge dans la Propontide près de
l’île de Besbicus (2). » Ce court passage
de Strabon, d’une exactitude parfaite,
nous a aidé a retrouver les sources du
Rhyndacus et nous permettra de suivre
sans difficulté le cours du Macestus, qui
porta aussi le nom de Megistus (3), sans
(i) Zonare , XII, i37.
(a) Strab., XII. 5?6.
(3) Pline, liv. V, ch. 3a,
 
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