Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0171

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ASIE MINEURE.

161

de l’île. Nous gravîmes ia montagne;
dans la direction N.-O. elle forme une
croupe E.-O. entièrement granitique
depuis son sommet jusqu’à sa base;
mais arrivés à 250 mètres environ de
hauteur, nous commençâmes à aper-
cevoir les couches inférieures du cal-
caire marbre, qui présentent la tranche.
A ce point il existe une fontaine qui sort
à l’intersection du marbre et du granit.
Ayant franchi le sommet, nous des-
cendîmes dans une vallée qu’on appelle
Kodran ova-si (la vallée du Goudron),
parce qu’on avait établi des fabriques
au milieu d’une forêt qui existait alors.
Aujourd’hui cette forêt est presque en-
tièrement détruite.
Sur le flanc de cette vallée, on trouve
un lambeau de terrain de transport,
cailloux calcaires dans du sable jau-
nâtre. Il repose sur le calcaire grossier
excavé par des grottes peu profondes.
Je n’y ai point aperçu de coquilles.
Cette roche ne se montre que dans la
vallée de Kodran. A la naissance du val-
lon, il sort une fontaine qui forme une
petite rivière dont les eaux, même dans
cette saison, vont jusqu’à la mer; des
platanes nains couvrent ses bords. Une
multitude de plantes et d’arbustes en
fleur donnent quelque agrément à cette
vallée, dans laquelle, cependant, il n’y
a pas d’habitation.
Sur le sommet d’une montagne coni-
que qui domine la vallée , on aperçoit
un château fort. Aucun des guides n’avait
jamais pensé à monter jusque-là. Nous
étant assuré, au moyen de la longue-
vue, que ce n’était qu’une construction
du moyen âge, nous renonçâmes à cette
course. A l’embouchure de la rivière,
nous trouvâmes des fours à chaux qui
s’alimentent des recoupes des anciennes
carrières. C’est en ce lieu qu’on com-
mence à apercevoir les premières ex-
ploitations antiques. Le marbre est
tranché par bancs de cinq à six mètres de
longueur, sur un mètre de hauteur. On
voit des espèces d’emmarchements qui
sont les dernières traces de l’exploita-
tion antique. Nous gravîmes dans la
direction S.-E. une autre montagne
très-haute et très-escarpée, toute cou-
verte de blocs de marbre éboulés. On
aperçoit ça et là d’autres blocs de cal-
caire spathique, qui se casse en prismes

quadrangulaires; mais ceci ne paraît
être qu’un accident de la roche.
CHAPITRE V.
LES CARRIÈRES DE MARBRE.
Après plus d’une heure de marche,
nous pûmes jouir, en arrivant au som-
met, de l’aspect de la plus grande partie
de l’île. Aussi loin que la vue peut s’é-
tendre , on voit le terrain couvert de
monticules composés uniquement de
recoupes de marbre. Plus de mille car-
rières partielles ont été ouvertes à dif-
férentes époques. On saurait difficile-
ment dire quelles sont celles qui datent
du temps des Grecs et des Romains,
car le même système d’exploitation a
été suivi, et il est encore en usage au-
jourd’hui.
Ce n’est pas l’aspect imposant des
carrières de Synnada , dont les flancs
sont taillés à pic dans une hauteur de
plus de cent mètres, comme un mur
d’une seule pièce, et la montagne di-
visée en vastes salles, où l’écho se joue
de mille façons. Ici chaque carrière ne
paraît pas avoir fourni plus de vingt à
trente mètres cubes, après quoi elle était
abandonnée; et cependant, depuis les
temps les plus reculés, cette île est en
exploitation. Nous finies une lieue au
milieu des pierres tranchantes et des an-
ciennes carrières; tantôt le marbre a
été tiré des flancs de la colline, tantôt
ce sont de grands trous à fleur de terre,
d’où la pierre a été extraite.
La côte de l’île est peu accidentée.
Une langue de roches et quelques îlots
plus au large forment une espèce de
port à la pointe N.-E.; mais du haut de
la montagne où nous étions, les eaux
nous paraissaient trop profondes pour
qu’on pût y mouiller. Nous redescen-
dîmes sur la côte E. de l’île, dans un
village appelé Palatia, sans doute à
cause d’un antique édifice qui est encore
debout. Je suis porté à croire que ce
village est sur l’emplacement de la nou-
velle Proconnèse, résidence habituelle
du procureur impérial. Le monument
antique de Palatia se compose de deux
épaisses murailles construites en moel-
lons de marbre, avec plusieurs rangs de
il

11e Lrorowon. (Asie Mtneure.) t. il
 
Annotationen