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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0177

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ASIE MINEURE.

Le gouvernement de cette ville était
pour les anciens un objet de constante
admiration : le luxe de ses édifices, la
richesse de ses ports la plaçaient au
premier rang des métropoles de l’Asie.
Cyzique, ville noble par sa citadelle,
ses murailles, son port et ses tours de
marbre, fait honneur à la côte d’A-
sie (1). Son administration ressemblait
à celle des Rhodiens et des Marseil-
lais; le soin de ses principaux bâti-
ments était remis entre les mains de
trois architectes qui avaient l’inten-
dance des armes , des machines et des
greniers. Après la mort d’Alexandre ,
elle tomba sous le pouvoir des rois de
Pergame ; mais elle conserva ses pri-
vilèges et son gouvernement, et les
marbres nombreux qui sont parvenus
jusqu’à nous nous font connaître en
détail toutes les magistratures qui
composaient son administration. Le
gouvernement était entre les mains du
sénat et du peuple ; et pour suivre les
coutumes d’Athènes, première métro-
pole des Cyzicéniens, le peuple s’était
divisé en six tribus, dont quatre por-
taient les noms des tribus athéniennes,
les Géléontes, les OEnopes, les Argades,
les Hoplètes, les Ægicores et les Bores ;
elles parvenaient successivement, dans
des temps réglés, au gouvernement et à
la Prytanie (2).
Dans le principe, les habitants de
Cyzique supputèrent le temps d’après
l’année ionienne, divisée en mois lu-
naires; un peu plus tard ils prirent
l’année macédonienne , et finirent par
adopter l’année solaire des Romains.
On remarque dans leurs mois plusieurs
noms identiques avec les noms des
mois athéniens. On pense que l’année
des Grecs asiatiques commençait à l’é-
quinoxe d’automne. L’année civile de
Cyzique était composée de mois io-
niens, athéniens et macédoniens, et
de quelques autres qui lui étaient par-
ticuliers.
Indépendamment des corps du sé-
nat et du peuple , la ville de Cyzique
avait plusieurs magistrats dont les noms
étaient communs avec plusieurs autres
villes de l’Asie. Les fastes se comp-
(i) Florus, III, 5.
(?.) Caylus, marbres de Cyzique^ t. II, 241,

167
taient à partir de l’époque de leur en-
trée en charge ; ces magistrats étaient
les Prytanes, dont le collège était de
six cents membres élus à tour de rôle
dans toutes les tribus qui, dans le cours
de l’année, arrivaient successivement a-
la Prytanie. On sait, d’après une ins-
cription, que cinquante Prytanes étaient
en fonctions dans un mois. En sortant
de ce collège, les Prytanes passaient,
dans celui des Callies, magistrature
qui est particulière à la ville de Cyzique.
Les Callies étaient aussi au nombre de
six cents. Chaque collège était pré-
sidé par un archonte qui prenait le titre
d’Épistate, et quelquefois de Boularque,
ainsi que le témoigne une inscription.
Les Phylarques, présidents de tribus ;
l’Asiarque, chargé de présider aux
jeux communs de l’Asie; le Gramma-
teus ou chancelier, étaient des charges
que l’on retrouve dans les monuments
de la plupart des villes asiatiques.
Mais ici les souvenirs d’Athènes sont
plus nombreux que dans aucune autre
colonie. Tel était le système d’adminis-
tration au moment où éclata la guerre
de Mithridate.
Ce prince attachait une importance
extrême à se rendre maître d’une ville
et d’un port qui commandaient l’Hel-
lespont et tout le pays mysien. Il arriva
à l’improviste devant la ville avec une
armée de cent cinquante mille fantas-
sins et une nombreuse cavalerie, et
occupa d'abord la montagne Adrastée,
située en face de la ville, là où est
situé le temple d’Adrastée (1). Ce mo-
nument est également mentionné par
Strabon (2), et d’après ses paroles on
pourrait croire qu’il était, sinon dans la
ville même, du moins dans le faubourg.
Il est probable que Mithridate occupa
les collines qui s’étendent parallèlemeiV
à la côte sur le continent.
Les Grecs avaient déjà perdu trois
mille hommes et dix galères dans une
rencontre qu’ils avaient eue devant
Chalcédoine (3). Mithridate, voulant
profiter de sa victoire, divisa son armée
en dix camps, et bloqua la ville par
terre et par mer. C’est alors que Lucul
(1) Plutarch. in Lucullo.
(2) XIII, 258.
(3) Voy. page 78.
 
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