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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0178

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168

L’UNIVERS.

lus transporta des barques du lac Das-
cylitis dans la Propontide, et parvint
à faire entrer quelques soldats dans la
ville pour soutenir le courage des as-
siégés. Mithridate avait fait construire
des balistes et des tours mobiles pour
attaquer les remparts. Les péripéties
de ce siège ont une ressemblance frap-
pante avec celui que soutint Nicée dix
siècles plus tard.
Une violente tempête s’étant élevée,
détruisit tous les apprêts de l’assaut, et
notamment une tour de cent coudées
de hauteur, qui était l’ouvrage d’un
Thessalien nommé Niconides : néan-
moins ces pertes ne décidèrent pas Mi-
thridate à lever le siège. On chercha à
pratiquer des mines, dans l’une des-
quelles Mithridate lui-même faillit pé-
rir. La prévoyance de Lucullus parait
à toutes les éventualités : son armée
était bien approvisionnée, tandis que la
famine exerçait ses ravages dans celle
de Mithridate. Plusieurs tentatives
malheureuses finirent par épuiser sa
patience, et Lucullus le força de lever
le siège et de se retirer dans le royaume
de Pont.
La conséquence de ces événements
fut une alliance durable et sincère entre
les Romains et les habitants de Cy-
zique. Tous les monuments qui sont
parvenus jusqu’à nous attestent que
pas une ville de l’Asie ne reçut de la
part des empereurs des marques plus
constantes d’amitié et de protection.
Elle conserva sa liberté et son autono-
mie , et reçut dans le continent une
adjonction "importante de territoire,
non-seulement une partie de ce lac
Dascylitis dont il est si souvent fait
mention dans l’histoire de cette ville,
mais encore une portion considérable
de la Troade et du pays mysien, jus-
qu’au lac de Milétopolis (Manyas) et
Apolloniatis (1). Dans ce passage de
Strabon, le lac Dascylitis est nommé
encore une fois avec les deux autres
lacs de la Bithynie. Ou il faut supposer
que le premier a disparu, ou qu’il y a
quelque grave erreur chez les géogra-
phes anciens touchant ces lacs. Nous
avons déjà traité cette question plus
haut.
(i) Strabon, XII, 576.

Cependant Cyzique eut a passer
quelques moments terribles sous le
règne de Tibère. Ayant négligé le ser-
vice du temple d’Auguste, et condamné
aux ceps quelques citoyens romains ,
elle fut dépouillée de ses privilèges (1);
mais sous le règne suivant, ils lui furent
restitués; elle fut nommée Néocore
Hadrienne Olympienne, et les grands
jeux de l’Asie furent célébrés dans son
enceinte. Le titre de Néocore n’appa-
raît pas sur les monuments de Cyzique
avant le règne d’Hadrien : une inscrip-
tion de Thyatire fait mention d’un Ari-
gnotus, néocore de la très-illustre
métropole de Cyzique. Le second néo-
corat lui fut décerné par l’empereur
Marc-Aurèle Antonin Caracalla ; elle
prit alors le titre de Philosébaste. La
ville était dotée d’un prytanée, d’un
gymnase, d’un théâtre, de plusieurs
temples, parmi lesquels s’élevait le
temple bâti en l’honneur de l’empereur
Hadrien , et qui passait pour un des
plus vastes temples de l’Asie; les co-
lonnes avaient quatre aunes de circuit
et cinquante de hauteur (2) ; il portait
pour inscription : Au dieu Hadrien ; et
est mentionné sur les marbres sous le
nom de Na'oç vîjç ’Aala;. Xiphilin le dé-
crit comme le plus beau de tous les
temples ; ses colonnes étaient d’un seul
bloc de marbre. On ne sait pas précisé-
ment comment finit cet édifice : les
uns prétendent qu’il fut renversé par un
tremblement de terre sous le règne
d’Antonin Pie; suivant Malala, le
tremblement de terre arriva sous le
règne d’Hadrien, avant la construction
du temple. Le rhéteur Aristide en
parle comme d’un monument prodi-
gieux, qui, par sa hauteur, servait de
phare aux pilotes qui voulaient aborder
à Cyzique. Ceci prouve que, l’an 167
de J.-C., le monument existait encore.
Il est probable que les colonnes men-
tionnées par les historiens ont été trans-
portées à Constantinople pour servir à
l’édification de la mosquée du sultan
Soliman , en 1515.
Parmi les monuments qui sont encore
conservés, on distingue un vaste am-
phithéâtre , monument très-rare en
(1) Tacit., Annal., Iiv. IV, ch. 36.
(a> Dion Cassius, A'z'e d'Hadrien,
 
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