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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0179

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ASIE MINEURE.

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Asie, ou les peuples se piquaient d’ai-
mer les jeux plus littéraires. Il n’existe
que deux amphithéâtres en Asie, l’un
a Cyzique , et l’autre à Pergame. Marc-
Antoine faisait exercer dans la première
de ces villes une troupe de gladiateurs
qu’il se flattait d’offrir en spectacle à
Rome aux jeux de la victoire. Après la
victoire d’üctave, ces gladiateurs res-
tèrent attachés au parti d’Antoine ; ils
se retirèrent en Syrie, où ils périrent
tous (1). Diverses inscriptions men-
tionnent des troupes de gladiateurs qui
combattaient dans les jeux de Cy-
zique (2). Nous savons que de sembla-
bles fêtes furent célébrées à la dédicace
du temple d’Auguste à Ancyre.
Nous voyons bientôt ces usages dis-
paraître par l’introduction du christia-
nisme. Constantin, en arrivant à By-
zance, fait enlever.de Cyzique la statue
de la Mère des dieux, et la fait trans-
porter dans le Forum de Constantino-
ple, pour être livrée à la risée des
nouveaux chrétiens. Des édits de Théo-
dose et de Justinien ordonnaient la
démolition des temples du paganisme.
Sous le règne de Gallien, les Hérules
pillèrent Cyzique ; plus tard, les Scy-
thes et les Goths y exercèrent leurs
ravages.
Après la division des grandes pro-
vinces, faite par Dioclétien , Cyzique
fut métropole de la province d’Helles-
pont, qui comprenait trente-trois villes.
Les empereurs de Constantinople y
établirent un hôtel et une fabrique de
monnaies. Mais en 943 elle fut pres-
que entièrement détruite par un trem-
blement de terre. Cependant elle con-
serva encore un certain nombre d’ha-
bitants.
Le fils du sultan Orkhan, gouverneur
de la province de Karasi, l’ancienne
Mysie, fut saisi d’admiration à l’aspect
des ruines de Cyzique. Les colonnes
brisées, les marbres épars sur le gazon
lui rappelèrent les débris du palais de
la reine de Saba, Bal-Kiz (3), élevé par
Salomon, et les restes d’Istakar et de.
Tadmor. S’étant endormi dans ces
(1) Dion Cassius, lib. LI, p. 447.
(2) Caylus, Antiquités, tome II, 219,
(3) Hammer, Histoire de fempire otto-
man, tom. I.

ruines, il eut un songe à la suite du-
quel il se décida à entreprendre une
campagne en Europe.
CHAPITRE VIII.
ÉTAT ACTUEL DES RUINES.
La grande tour de Bal-Kiz paraît
avoir commandé la tête d’un des ponts
qui étaient jetés sur l’étroit canal de
Cyzique; on remarque un grand mur
qui se rattache à la tour, et qui se di-
rige à angle droit vers l’est. Il ne paraît
pas que les murailles se soient étendues
le long de l’isthme; on n’en trouve du
moins aucune trace. La ville étant as-
sise partie sur le penchant de la mon-
tagne, qui forme trois mamelons, partie
dans la plaine, c’est là qu’on retrouve
le plus grand nombre d’édifices. Une
rivière, qui prend sa source dans un
des acrotères du Dindymon, forme à
l’ouest une vallée assez profonde, sur
laquelle est placé l’amphithéâtre, qui
s’appuie sur les deux mamelons infé-
rieurs. 11 n’est guère possible que dans
l’antiquité ce ruisseau ait eu un autre
cours; par conséquent, il passait sous
l’arène de l’amphithéâtre , ce qui me
porte à penser qu’elle était construite
en bois. Les découvertes nouvelles jus-
tifient chaque jour cette opinion, et l’on
finira par reconnaître que les arènes
ont toutes été construites de la sorte.
Les vomitoires sont au nombre de
trente-deux; la plupart de ceux du rez-
de-chaussée sont encore conservés ; ils
sont construits en blocs de granit a
bossage ; mais cet ouvrage est très-peu
soigné , et annoncerait plutôt l’époque
de Gallien que celle des Antonins. Tous
les massifs des voûtes sont faits en blo-
cage; les impostes sont à peine indi-
quées par des pierres en encorbelle-
ment ; en un mot, cet édifice est indigne
de la renommée de Cyzique. Il n’y avait
pas de portique extérieur; les vomi-
toires conduisaient directement aux
précinctions. S’il reste encore quelques
vestiges de ce monument, comme des
murailles, on doit l’attribuer unique-
ment à la nature des matériaux, qui
n’étaient pas propres à être utilisés, soit
pour les constructions modernes, soit
pour fabriquer des boulets.
 
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