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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0190

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L’UNIVERS.

180
pontifie et les côtes de l’Asie Mineure.
Ils s’attachent à la terre par le labou-
rage et l’élève des troupeaux, cons-
truisent des villes et deviennent les
ancêtres de cette race d’où sortirent les
trois branches de la famille hellénique.
Les Pélasges, comme leurs ancêtres
ariens, rendaient un culte à une divinité
incorporelle sans temple et sans statues ;
ils l’appelaient Zeus et la regardaient
comme habitant les sommets des mon-
tagnes. Quand ils voulaient la représenter
en rapport avec les hommes, elle recevait
le nom de Dvpatros ou Jupiter, et le Ju-
piter pélasgique inspirant une sainte ter-
reur était honoré dans les forêts et fai-
sait sa demeure dans un chêne sacré. Ce
premier vestige du culte des nations
ariennes se répand aussi bien dans les
forêts de la Germanie que dans celles
de la Grèce ; le chêne des druides est
de même souche que celui de Dodone.
Le mont Ida et les hauts sommets des
montagnes de la Crête deviennent des
centres religieux autour desquels se
réunissent les peuplades disséminées ;
mais leurs relations avec les autres races
qui apparaissaient sur ces rivages leur
apprirent à rendre sensible l’image de
leur divinité, et ils ne tardèrent pas à
adopter celles des peuples sémitiques
établis sur les côtes méridionales de
l’Asie et dans l’île de Crète. Là il y avait
une population kenanite ou syrienne
qui adorait la reine du ciel sous le nom
d’Astarté et le Jupiter Pélasgique sous
le nom de Baal; cette race syrienne
n’était jamais parvenue à chasser ni à
s’incorporer complètement la popula-
tion non sémitique de la Crête; ce
mélange forma la souche des popu-
lations non helléniques qui s’établirent
dans les régions sud-ouest de l’Asie,
et dont les Cariens forment le type le
plus saillant.
Avec la famille pélasgique on remar-
quait sur ces côtes les tribus actives
qui, sous le nom de Gergéthiens et de
Cébreuniens, exploitaient les mines et
les forêts de l’Ida, et vénéraient la grande
mère Idéenne. Les Dactyles étaient leurs
maîtres dans cet art qui passait pour
surhumain; entre ces populations, on
distinguait la belle race des Dardaniens,
qui racontait avec orgueil comment, sous
la conduite de son chef Dardanus, et

sous la protection du Zeus pélasgique,
elle avait fondé la ville de Dardanie.
L’époque de l’arrivée de Dardanus
sur les côtes d’Asie est trop reculée
pour qu’il soit possible de la déterminer
d’une manière tant soit peu probable.
Homère (1) estime qu’il s’était écoulé
cinq générations entre Dardanus et
Priam, et Platon marquait l’arrivée des
Dardaniens dans la seconde période
après le déluge (2), lorsque la race hu-
maine commençait à peupler les som-
mets élevés des montagnes, faisant
ses demeures dans les cavernes des ro-
chers et dans les antres creusés par les
Cyclopes. Dardanie fut bâtie « lors-
qu’Ilion avec son peuple immense n’était
pas encore, et qu’on habitait au pied
de l’Ida arrosé de sources (3) ».
CHAPITRE.XIII.
PHÉNICIENS.
Une partie de ces Dardaniens s’était
établie dans le haut pays, l’autre habi-
tait la côte, qui, bien que privée de ports,
offrait encore des retraites suffisantes
aux faibles barques qui venaient aborder
dans ces parages. Elles appartenaient à
un peuple navigateur et commerçant
qui de temps à autre venait apporter
sur ces côtes les produits de son indus-
trie; ce peuple innommé était connu
des autres nations sous une désignation
vague et arbitraire.
Les Assyriens les connaissaient sous le
nom de Aharri, c’est-à-dire « gens du
pays de derrière (4), eu égard à leur posi
tion à l’occident de l’Assyrie et compre-
nant les pays de Tyr et de Sidon.LesAhar-
rites étaient partis de l’Asie trans-Eu-
phratienneet s’étaient avancés par l’ Ara-
bie jusqu’àlamerRougeoù ils résidèrent
pendant plusieurs générations (5). Les
Phéniciens,dit Hérodote,sont ceux qui au-
trefois habitaient vers la mer Rouge ; ils
sont venus de là s’établir sur les rivages
maritimes delà Syrie jusqu’à l’Égypte. »
C’est-à-dire qu’ils occupaientla région ap-
(1) il., V, 23o.
(2) Ap Strab., liv. XIII, 592.
(3) Iliad., XX, 213.
(4) J. Menant etOpperl, Insc. cunAf.
(5) Hérodote, VII, 89.
 
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