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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0191

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ASIE MINEURE.

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pelée lepays des dattes. Chez les peuples
de l’ouest, ces marchands navigateurs,
qui apportaient sur les marchés les fruits
du dattier et surtout le vin de palme
récoltés dans leur pays , étaient gé-
néralement appelés « les hommes du
pays des dattes ». — Les Pélasges et les
Hellènes, qui connaissaient le palmier
sous le nom de Phœnix, ont donné le
nom de Phéniciens à ce peuple qui ven-
dait des dattes, et qui venait du pays des
dattiers. Cette dénomination estdevenue
générale et est restée en usage chez les
Romains et chez les modernes, elle est
purement grecque, et n’a rien de sémiti-
que. Quelques historiens modernes assi-
milent le nom des Phéniciens à celui de
Philistins, et vont jusqu’à les confondre
avec les Pélasges, en faisant dériver l’un
et l’autre nom du sanscrit J^alaksha
(hommes) blancs (1). Le langage
comme les mœurs des Phéniciens prou-
vent d’une manière évidente qu’ils
étaient de race sémitique; ils avaient
puisé les éléments de leur civilisation
dans le pays de Babel et d’Assur et lors-
qu’ils atteignirent les rivages de la Médi-
terranée, ils étaient déjà initiés aux pre-
miers éléments de la navigation, connais-
sant, d’aprèslesChaldéens, lapositionde
l’étoile polaire, ils avaient parcouru en
tous sens cette mer sur laquelle ils ne
recontraient pas de rivaux; mais en
abordant dans les îles et sur les côtes,
ils trouvaient là une population agglo-
mérée avec laquelle ils établissaient des
relations commerciales.
Resserrés dans leur pays entre la mer
et la côte, les Phéniciens n’avaient
trouvé d’autre développement de ter-
ritoire que dans les contrées d’outre
mer; ils avaient bâti Byblos, Sidon et
Tyr ; c’étaient leurs dépôts de marchan-
dises et le siège de leurs fabriques; mais
des rivages de la Phénicie on apercevait
les sommets des montagnes de Chypre,
et dans la belle saison le trajet était fa-
cile avec leurs barques légères qu’ils
appelaient leurs chevaux (2). Chypre,
où ils avaient porté leurs dieux et leur
commerce, devint comme le centre de
leurs expéditions vers les pays de l’ouest ;
(r) Cf. Schœmann, Griechîsche Alterthu-
mer, tome Iur, p. 4.
(2) Hippi, Strabon,

ils s’établirent dans la Cilicie, et, tan-
tôt comme pirates, tantôt comme tra-
fiquants, ils s’emparèrent de plusieurs
ports de la Lycie. Il en résulta dans
cette contrée une population mélangée
de deux races qui, sous le nom de So-
lymes, apparaît aux premiers âges de
la poésie épique.
Sans s’étonner de voir les îles et les
côtes occupées par une race blanche,
les Phéniciens lièrent avec ces incon-
nus des relations commerciales , et en
échange de cette amitié, ils obtenaient
la faculté d’établir sur les côtes des pê-
cheries du coquillage qui fournit la
pourpre. On peut faire remonter l’ori-
gine de ce commerce aux temps les plus
reculés.
Hérodote commence son histoire
par un vivant tableau des origines
d’Argos (1), où les navires étrangers
apportaient les produits des manufac-
tures phéniciennes, assyriennes, et de la
basse Égypte; les marchandises étaient
exposées sur la place pendant cinq ou
six jours ; c’était la semaine du marché,
qui était clos le septième jour selon
les habitudes des peuples sémitiques.
Mais aux relations pacifiques se mêlaient
souvent des faits de piraterie qui exci-
taient des troubles passagers. Les
Phéniciens n’avaient pas tardé à com-
prendre que le bénéfice le plus clair
qu’ils pouvaient rapporter des marchés,
de l’Orient, les marchandises de re-
tour, comme on dit aujourd’hui, con-
sistait dans le trafic des esclaves, des
jeunes gens et des jeunes filles amenées
du pays des races blanches. Aussi, au
commerce licite de cette nature ils
ajoutaient quelquefois la ruse et la vio-
lence. Les marchandises exposées sur
le tillac des barques attiraient à bord les
curieuses filles des îles, et le bateau fai-
sant force de rames s’éloignait de la côte.
Cependant l’arrivée des marchands de
dattes était pour les peuples de la Cher-
sonnèse le signal d’un grand mouve-
ment commercial; ils livraient le pro-
duit de leur sol, les métaux exploités
dans les mines de l’Ida par les mysté-
rieux Dactyles, les fers du Gargare,
l’airain deTantalis, les noix de teinture,
la valonnée dont abondent les forêts de
(i)Hérod.,liy, I,ch. 1,
 
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