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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0193

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ASIE MINEURE.

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gare et se retrouvent sur les rivages lie
la Carie et de la Doride, où les restes de
leurs constructions colossales font l’é-
tonnement des écrivains de l’âge ro-
main. Les Léléges jouent un rôle im-
portant dans le monde héroïque; ils ap-
paraissent à Troie comme en Lycie ils
occupent le pays où devait se construire
Milet et Éphèse et sont unis de parenté
avec les monarques troyens. Priam
prend pour épouse une femme lélége,
et sur le continent de la Grèce ce nom
n’est pas moins répandu ; mais à l’en-
contre des Pélasges, qui ont marché de
l’ouest à l’est, les Léléges sont censés
partir delà Carie et de la Crète, et se ré-
pandirent dans le nord et dans l’ouest.
Les Grecs, qui rapportent toute origine
à leur propre nation, les personifient
dans le héros Lelex, premier roi de La-
cédémone, qui régna dans le dix-hui-
tième siècle avant notre ère. Ces peuples
finirent par se fondre dans la colonisa-
tion ionienne qui vers le même temps
commence à se répandre sur les côtes
de la Chersonnèse d’Asie.
De cette puissante race pélasgique
qui couvrit toutes les côtes de l’Asie
Mineure de la Thrace et de la presqu’île
hellénique sortirent presque tous les
peuples non-sémitiques de la Cherson-
nèse d’Asie. C’est de cette période qui
précède encore de plusieurs siècles les
temps historiques que date l’introduction
dans la famille grecque des dieux de
l’Orient sémite mêlés aux traditions lé-
gendaires qu’ils allaient recueillir sur
toutes les côtes où les Phéniciens étaient
établis. De la période carienne et lé-
lége date l’introduction du culte de
Poséidon et du grand centre religieux
des Branchydes. C’est de cette époque
de transition entre la civilisation
pélasgique ou lélége et l’état helléni-
que que datent les premières no-
tions de géographie, presque toutes ba-
sées sur des traditions légendaires. La
plupart des fleuves et des montagnes
reçoivent leurs noms de quelque divi-
nité typique ou d’un caractère saillant
reconnu de tous. Les premières mi-
grations des peuples hellènes sur les
côtes d’Asie n’ont pas eu pour résultat
immédiat la fondation de villes et de
centres de population. Pendant bien
longtemps ils se sont établis dans les

conditions de colons temporaires, et ce
n’est qu’après avoir formé un noyau de
population qu’un chef se présentait pour
les réunir en société politique.
Quand les écrivains grecs nous di-
sent que telle ville fut fondée, ils ex-
priment seulement que la communauté
qui existait déjà s’est trouvée assez
nombreuse et assez forte pour se don-
ner un chef et des lois. La métropole
participait à ces créations d’outre-mer
en créant avec la nouvelle colonie des
relations commerciales qui faisaient
pour ses marchands un comptoir de
plus. La plupart de ces établissements
se formaient sur les côtes ou à peu de
distance de la mer; l’intérieur du pays,
placé sous le pouvoir plutôt nominal
que réel des rois d’Assyrie et parcouru
par des tribus de race sémitique, n’of-
frait aux colons isolés qu’un séjour plein
de dangers ; mais l’établissement de la
monarchie phrygienne, qui précède de
plusieurs siècles les temps historiques,
créa une barrière entre les sémites et
les races occidentales; les premiers ac-
ceptèrent le fleuve Halys comme limites
de leur territoire. Dès ce jour l’inimitié
entre les deux races fut jurée de part
et d’autre, et trente siècles ne l’ont pas
vue s’affaiblir.
Les Phrygiens appartenaient à la race
thracique et avaient apporté en Asie
les éléments de civilisation des Pélasges.
Le peu de mots que l’on connaît de
leur langue suffit pour faire reconnaître
qu’elle appartient à la souche arienne;
leurs caractères sont les mêmes que les
caractères Grecs les plus anciens, et ils
avaient l’habitude d’écrire successive-
ment de gauche à droite et de droite à
gauche, méthode appelée Boustrophé-
don, que les plus anciens Grecs prati-
quaient à l’origine de l’écriture et qui
a toujours été ignorée des peuples sé-
mitiques ; cela suffirait pour faire éta-
blir la parenté entre les deux races. La
monarchie phrygienne devint avant la
fondation de Troie une des plus puis-
santes de l’Asie occidentale, et déjà à
l’origine de l’histoire grecque la Phry-
gie avait des traditions qui attestaient
une grande individualité passée. Elle
avait eu ses rois indigènes; son culte,
qui était conforme à celui des autres
nations pélasgiques, était organisé d’une-
 
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