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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0194

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184

L’UNIVERS.

manière puissan te ; c’était de cette souche
que devait sortir la nation troyenne
destinée à subir le premier choc armé
de l’Occident. Les Troyens, en effet, se
regardaient comme Phrygiens. Lorsque
dans VHécube d’Euripide Agamemnon
parle de ses ennemis vaincus et de leur
ville détruite, il les désigne sous le nom
de Phrygiens. « Si nous savions que les
tours des Phrygiens sont tombées sous
nos coups, ce bruit étrange nous eût
remplis de frayeur. Misérables Phry-
giennes! ô monstres! quelle retraite les
dérobe à ma fureur ? s’écrie Polymes-
tor aveuglé par les Troyennes. » Il y a
pour le peuple troyen une double pa-
renté avec les Phrygiens et les Darda-
niens. La famille de Tros forme une
nouvelle branche par les frères Ilus et
Assaracus. Capys, le fils d’Assaracus,
porte un nom phrygien ainsi que Dymas,
un des gendres de Priam. C’est par cette
alliance des peuples déjà établis dans
la Chersonnèse d’Asie que la puissance
des Dardaniens se développe, et le
royaume de Troie s’étend sur les con-
trées où les Phrygiens, les Pélasges,
les Assyriens, les Phéniciens et les Hel-
lènes s’étaient tour à tour établis. Si l’on
compte les peuples alliés ou tributaires
de Troie, on voit que le pouvoir d’Ilion
s’étend sur toute la côte occidentale.
Le peuple lycien, dont l’origine re-
monte aux temps primitifs de la Grèce,
était aussi uni aux Troyens par une
étroite parenté. Aussi les noms de
villes et les dieux de la Lycie se re-
trouvent en Troade comme si ces deux
États n’en eussent formé qu’un seul.
Les Phéniciens, maîtres du Taurus
comme de la Cilicie et les peuples sé-
mitiques venus de Syrie, s’étaient ré-
pandus dans la presqu’île de Lycie, et
avaient formé la population des So-
lymes.
D’un autre côté, les tribus crétoises
appelées Termiles ou Tramiles ho-
noraient Sarpédon comme leur héros,
s’avançaient de la mer jusque dans le
haut pays, fondaient leurs places fortes,
et, retranchées derrière leurs solides
murailles, donnaient un puissant essor
à l’esprit, guerrier qu’elles avaient puisé
chez les Crétois (1).
(i) Hérodote, liv. VII, 92. Les Lyciens,

Les Lyciens Crétois s’étaient étendus
des bouches du Xanthus jusque dans
l’intérieur du pays, et le culte d’A-
pollon, qu’ils avaient établi, se répand
rapidement sur la côte d’Asie, est trans-
porté en Grèce, et la légende du jeune
Ion, fils d’Apollon, auquel la pithye
présage une race illustre sur les terres
d’Asie, cette tradition montre l’intime
parenté qu’il y avait entre les primi-
tifs Hellènes et ces races envahissantes
des Lyciens et des Crétois « au temps
marqué par la destinée, leurs enfants
peupleront les îles des Cyclades et les
côtes voisines, de villes riches et flo-
rissantes qui feront la puissance de
mon peuple. Ils s’étendront au loin sur
les deux continents opposés de l’Eu-
rope et de l’Asie et celui-ci prendra le
nom de l’Ionie en mémoire du fils d’A-
pollon C’est ainsi que Minerve ré-
vèle au jeune Ion les destinées futures
de sa race; Ion lui-même est le fils du
dieu de la Lycie (1). Dans la ville de
Patare- s’élevait le premier grand tem-
ple et l’oracle d’Apollon Lycien qui
reçut dans la ville même d’Athènes le
culte le plus suivi.
Ainsi se formait en Lycie comme en
Troade une puissante alliance de peu-
ples de races diverses, qui, excitées les
unes par les autres, voyaient s’éveiller
en elles le génie de la civilisation et de
la religion; mais l’esprit historique
n’était pas encore né ; les oracles des
dieux et les mythes religieux absor-
baient toute autre tradition.
Le culte rendu au fils de Latone
avait fait naître chez le peuple ly-
cien un respect de la femme qui n’exis-
tait pas chez les autres races pélas-
giques. De jeunes prêtresses attachées
aux autels d’Apollon paraissaient
comme les organes de la volonté du
dieu, et la race des matrones était si
honorée que c’est à leur nom que s’at-
tachaient les titres de famille. Après
l’art de la guerre, le génie des Lyciens
s’est surtout développé dans la science
des constructions, et la Grèce elle-
même demande aux enfants de Ly-
originaires de Crète appelés jadis Termiles,
prirent ensuite leur nom de Lycus, fils de
l’Athénien Pandion.
(1) Euripide, Ion à la fin.
 
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