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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0196

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186

L’UNIVERS.

rien et le nom de Capys a un caractère
phrygien; Hécube, la fille de Dymas,
est née en Phrygie aux rives du San-
garius, et le nom même d’Hector
paraît n’être qu’une traduction du nom
phrygien de Darius. C’est du moins
l’opinion d’Hesychius : « Darius, chez
lesPerses, signifie homme prudent, chez
les Phrygiens il signifie Hector. »
Toute la Phrygie, le pays des Lé-
léges, la Teuthranie , l’Æolide et la Ly-
cie ne formaient qu’une seule con-
fédération dans laquelle les Cariens
étaient enclavés. On conçoit que les
premiers colons grecs n’avaient d’antre
choix que de se soumettre aux lois des
Troyens ou de combattre cette puis-
sance, qui devenait formidable. Aux
alliés asiatiques de Priam il faut en-
core joindre ses alliés d’Europe et sur-
tout la Thrace, qui à cette époque re-
gorgeait de population. Déjà les pre-
miers Brygès, sous la conduite de Mi-
das, avaient franchi le détroit, et d’au-
tres tribus étaient toujours prêtes à en-
treprendre des expéditions à la solde de
ceux qui pourraient les nourrir ; les
Teucriens étaient de ce nombre. Il
faut aussi compter les anciennes al-
liances des Minyens avec Lemnos, ceux
des Thébains Cadmiens avec la Sa-
mothrace, et par-dessus tout l’alliance
de Persée, fils de Danaë, prince d’Argos
et de Corinthe, avec la Lycie, pour
comprendre les intérêts variés et con-
traires qui agitaient ces populations.
Aussi profondément qu’on peut pé-
nétrer dans les origines de l’histoire
du peuple grec, on acquiert la convic-
tion que la différence entre les temps
pélasgiques et helléniques résulte de
ce fait : les premiers sont dominés
par les influences extérieures et ne sa-
vent pas résister à l’absorption ; lors-
que la nation grecque commence à
se constituer, l’esprit d’individualité
et d’autonomie devient tellement do-
minant que les Grecs se plaisent à
croire que le monde entier sort de
leur race, et n’existe, pour ainsi dire,
que par leur bon plaisir; c’est alors
qu’ils cherchent à secouer toute in-
fluence étrangère et tout pouvoir qui
n’émane pas d’eux-mêmes; ce qui ne
peutse faire sans des luttes incessantes
et de sanglants combats. C’est alors

qu’on voit se dessiner dans l’histoire
les noms nouveaux des Achéens, des
Æoliens, des Ioniens et des Doriens,
parmi lesquels les Achéens, au temps
d’Homère, étaient les dominateurs et
les chefs aussi bien dans la Hellade
que dans le Péloponnèse. Tant qu’fls
peuvent se développer sur leur terri-
toire européen, ils restent en relations
pacifiques avec les Asiatiques ; mais
l’heure de l’expansion étant venue, l’ère
des colonies asiatiques commence. Les
Æoliens sont les premiers qui aient
imprimé ce mouvement; ils sont les
plus anciens entre ceux qui ont occupé
les côtes d’Asie; ils se sont établis
dans les contrées mêmes où florissait le
royaume de Priam et sont partis sous
la conduite de chefs qui se regardaient
comme les descendants de Ménélas et
d’Agamemnon.
On a déjà remarqué que cette grande
épopée troyenne résumait l’histoire de
ces établissements des Grecs sur les
ruines de l’empire de Priam, et que la
chute d’Ilion doit être considérée bien
moins comme un fait local que comme
le résumé d’une grande tradition his-
torique.
La ruine de Troie arriva avant l’é-
tablissement des colonies ioniennes ;
cependant il y avait bien longtemps
que les Ioniens étaient en relation de
commerce, et de politique avec les Phé-
niciens et les Egyptiens; mais ils n’a-
vaient sur les côtes d’Asie que des éta-
blissements précaires. Le développement
que prit la race grecque donna nais-
sance aux profondes inimitiés qui exis-
tèrent de tout temps entre les Grecs et
les Asiatiques ; les premiers de pacifi-
ques Pélasges sont devenus les belli-
queux Hellènes et les envahisseurs de
l’Asie Mineure. Le souvenir de la guerre
de Troie entretient chez eux cet esprit
de conquête, et le récit des hauts faits
de leurs ancêtres ravive d’âge en âge
le sentiment de leur valeur personnelle
et de leur autonomie.
Quoi de plus grandiose que ce ta-
bleau de la chute de Troie, qui aux
traditions les plus vivaces réunit les
beautés tragiques les plus émouvantes.
Puissance, gloire et richesse se réunis-
saient dans cette race dardanienne dont
l’origine remontait, à Jupiter. Quel spec-
 
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