Texier, Charles: Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie (Paris, 1862)

IJ b Ni VERS

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Défendue au nord par tm rocher in-
franchissable, à droite et a gauche par
deux ruisseaux torrentueux, elle n’était
accessible que du côté du midi. Des
chemins pavés de larges blocs de lave
conduisaient aux Propylées, et le tem-
ple de Minerve Poliade s’élevait ma-
jestueusement au-dessus de remparts
qui ne furent jamais pris d’assaut.
Presque tous les murs qui entourent
d’un double circuit le sommet de la cita-
delle datent des rois grecs, et sont de la
plusbeileépoquedel’art. La matière n’est
pas épargnée, et l’appareil est exécuté
avec une magnificence toute royale.
En commençant l’ascension de l’a-
cropole, le premier édifice qui frappe
les regards est une sorte de palais dont
les murailles sont dépouillées d’orne-
ments; elles sont construites en petits
moellons; on voit encore une enceinte
percée de fenêtres, et deux niches qui
se correspondent. Cet édifice était en-
touré des portiques à colonnes d’ordre
dorique grec.; mais les décombres sont
tellement accumulés, qu’il est difficile
de reconnaître la première disposition.
A partir de cet endroit, le chemin de
l’acropole subsiste encore en entier; il
est pavé en grandes dalles de lave, et
de part et d’autre on aperçoit les sou-
bassements des édifices qui le déco-
raient. On suit ce chemin, dans une
longueur de 600 mètres, jusqu’à la porte
du château ; construction du moyen
âge, dont les murailles et les tours
sont uniquement composées de colonnes
de differents diamètres, presque toutes
de marbre. Quelques-unes sont à can-
nelures demi-cylindriques, comme les
pratiquaient les Romains; d’autres sont
cannelées à la grecque ; d’autres enfin
ne sont que des cylindres à pans cou-
pés, tant les cannelures sont peu évi-
dées. A côté de l’entrée est un four à
chaux, gouffre où ont été s’engloutir
les derniers débris des temples et des
palais qui ornaient l’acropolis ; car le
sol de Pergame est volcanique, et la
pierre à chaux rare aux environs.
Le château de Lysimaque (1) occu-
pait le point culminant. Toutes les fon-
dations existent encore, et dans cer-
taines parties on voit encore des murs
r) Strafion, liv. XTîî, p. 624.

de soutènement dîme admirable cons-
truction. L’un d’eux est légèrement en
talus; chaque assise est en retraite sur
l’assise inférieure. Le mur tourne au
sud-ouest est à bossages; il formait R
soubassement du grand temple. On voit
encore des voûtes qui viennent s’appuyer
sur la face principale, et qui empê-
chaient tout affaissement.
Le grand temple s’élevait au milieu
d’une aréa magnifique, et dominait ma-
jestueusement toute la vallée du Caïque ;
comme le Parthénon et le temple d’Assos,
signalait au loin la situation de la ville.
Les colonnes cannelées avaient lm,42
de diamètre; elles étaient corinthiennes
et de marbre blanc. Le voyageur an-
glais Dallawav, qui visitait Pergame
il y a soixante ans, trouva ce temple as-
sez bien conservé pour pouvoir en don-
ner les dimensions, et nous sommes
d’accord sur la seule partie que j’aie été
à même de mesurer (2).
Tout ce que j’ai pu retrouver n’a fait
que confirmer les conclusions de ce
bon observateur. En descendant du côté
du sud-ouest, on voit plusieurs murs
de soutènement que l’on ne peut se las-
ser d’admirer. Tant d'art et de luxe
employés dans des travaux de simple
terrassement doivent donner la plus
haute idée des monuments qui déco-
raient Pergame. Mais tous les murs de
l’acropolis ne datent pas de la même
époque; les Romains y ont ajouté des
ouvrages qui sont remarquables par
l’alliance de la pierre et du marbre,
dans des bâtiments purement militaires.
Du côté de l’ouest, les murs des tours
et les portes sont bâtis en pierres de pe-
tit appareil, alternant avec de grandes
assises régulières, de marbre blanc.
L’identité de construction avec l’édifice
que j’appelle la basilique, et dont je
(2) The whole length of the Cell was
thirty-four feel, of the complété ground plan
forty-nine, and of lhe Portico twenty, the
Pillars of which were four feet in diameter.
It is , however, worthy of remark, that the
tori of the columns are sculptured with
wreaths of Laurel, and the Frizes hâve deep
festoons of the same, with eagles, a mode of
décoration characterising many édifices erec-
ted in lhe days of Trajan, who , il is there-
fore a fair supposition, was honoured by this
édifice,