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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0235

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ASIE MINEURE.

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après que les Æoliens furent établis à
Lesbos, et Smyrne fut bâtie dix-huit
ans plus tard. Le commerce que fai-
saient les peuples pélasges avec les
Phéniciens profita aux nouveaux colons,
qui étendirent leurs possessions au delà
des limites de l’Æolide. Ils allèrent
exploiter les mines de fer du mont Ida
et* fondèrent Cébrène (P). Les Cy-
méens étaient principalement adonnés
au commerce et se rangèrent volon-
tairement sous l’autorité des rois de
Perse. Ils trouvaient dans cette nouvelle
position de grands avantages a se faire
les courtiers du commerce intérieur
de l’Asie avec les contrées de l’Oc-
cident.
Cette soumission à la Perse ne les
empêchait pas de conserver une cer-
taine indépendance dont les Cyméens
donnèrent la preuve dans une circons-
tance importante. Le Lydien Pactyas,
poursuivi par le satrape Mazarès,
après la prise de Sardes, vint cher-
cher un refuge à Cymé : Mazarès fit
demander le fugitif; mais après avoir
consulté l’oracle des Branchydes, les
habitans refusèrent de livrer leur hôte,
et lui facilitèrent les moyens de passer
à Mitylène et de là à Chio; c’est dans
cette île que Pactyas fut livré aux Per-
ses, après avoir été arraché de l’asile
qu’il avait cherché dans le temple de
Minerve Poliade.
Sous le règne de Darius Cymé fut
complètement incorporée à la satrapie
hellespontique et gouvernée tyranni-
quement par des satrapes. Pendant les
troubles fomentés par Aristagoras, fils
d’Héraclide, tyran de Milet, les Cy-
méens, satisfaits de l’indépendance dont
ils jouissaient, se contentèrent de dé-
poser Aristagoras et de l’envoyer en
exil.
Les Æoliens prirent une part indi-
recte à la révolte d’Aristagoras, et les
vaisseaux lesbiens, au nombre de
soixante-dix, se trouvaient en ligne de
bataille devant l'île de Ladé. Ils pou-
vaient faire pencher la victoire du côté
des Grecs ; mais au premier engage-
ment ils prirent la fuite et rentrèrent à
Lesbos. Cette velléité d’indépendance
fut remarquée par les Perses, et le sa-
(r) Hérodote, d’Homère, 20.

trape de Lydie Artapherne marcha
sur l’Æolide et soumit toutes les
villes (1). Cette campagne était surtout
entreprise contre Hystiée, qui avec ses
Lesbiens faisait des descentes sur les
côtes de l’Æolide pour se procurer des
vivres. Cymé resta soumise aux Perses
jusqu’à la chute de Darius, et c’est, dans
son port que se retira le reste de la
flotte de Xerxès après la bataille de
Salamine (2). Pendant toute la période
qui suivit les sanglantes batailles contre
les Perses, jusqu’au moment où la ré-
sistance de Mithridate et le soulève-
ment d’Aristonic suscitèrent de nou-
velles guerres, « les Cyméens restèrent
tranquilles (3). » Ce mot de l’historien
Éphore, rapporté par Strabon comme
une raillerie, montre la grande diffé-
rence qui existait entre le caractère des
Æoliens et celui de leurs voisins les Io-
niens.
Successivement soumise aux rois de
Syrie et à ceux de Pergame, Cymé
passa sous la domination romaine avec
ce dernier royaume; mais elle conserva
toujours une apparence de liberté. Le
tremblement de terre qui ravagea
l’Æolide, sous le règne de Tibère, se
fit également sentir à Cymé; elle fut
restaurée par la libéralité de l’empe-
reur. Après la division des provinces
faite par Dioclétien , elle fut comprise
dans la province d’Asie sous la métro-
pole d’Ephèse (4). Quelques inscrip-
tions, tirées des ruines de Cymé, attes-
tent qu’elle était organisée administrati-
vement comme la plupart des villes
d’Asie; elle avait les conseils du sénat
et du peuple, et les magistratures se-
condaires. Les temples, le gymnase, les
portiques sont mentionnés dans ces
inscriptions. Au cinquième siècle elle
avait le titre de ville épiscopale. Maxi-
mus. son évêque, assista au concile
d’Épnèse. Le voisinage de Phocée et
surtout de Phocée-la-Neuve, bâtie par
les Génois, fut aussi fatal à la ville de
Cymé que les alluvions qui comblaient
peu à peu son port. Le commerce de
transit, qui pendant plusieurs siècles s’é-
(1) Hérodote, VI, i4-3o.
(2) Hérodote, VIII, i.3o.
(3) Strabon, XIII, 623.
(4) Hiéroclès Wesseling, p. 661.

Livraison. (Asie Mineure.) t. ti.

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