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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0247

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ASIE MINEURE.

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couvertes de chaume. Il faut cependant
rendre justice à ce peuple, qui eut une
influence marquée sur les progrès que
les Grecs firent dans les arts : c’est chez
les Lydiens que les artistes grecs trou-
vèrent à étudier et à pratiquer leur art.
La disposition naturelle des premiers
pour l’art de la musique fut tellement
appréciée par les Grecs., que la musique
lydienne fut introduite non-seulemeut
dans les représentations scéniques, mais
accompagnait aussi les cérémonies re-
ligieuses.
Hérodote, qui se plait souvent à don-
ner une tournure dramatique à ses en-
seignements historiques, nous montre
les Lydiens inventant les jeux dans le
but de se soustraire aux ennuis d’une
famine qui dura pendant dix-huit ans :
de nos jours on aurait peut-être pensé
à cultiver la terre avec plus de soin.
Ils inventent les dés, les osselets, et la
paume (1). Les Romains paraissent
avoir ratifié le mot d’Hérodote, puisque
à ces divertissements ils donnèrent le
nom de Ludi (Lydi). Le vêtement des
Lydiens, qui se rapprochait des modes
orientales, n’était pas du goût des Grecs,
qui ont toujours regardé les peuples de
la Lydie comme efféminés : ils eurent
cependant à compter avec eux lorsque
les Mermnades pensèrent a envahir
l’Ionie; mais ces princes avaient dans
leurs armées les contingents des Cariens,
qui de leur côté passaient pour le peu-
ple le plus guerrier de la Péninsule. Ils
combattaient principalement à cheval,
armés de lances très-longues, et excel-
laient dans la cavalerie (2). Mais à la
suite d’une révolte contre Cyrus il fut
enjoint aux jeunes gens de cesser de
porter des armes, de se revêtir de longs
manteaux et de chausser des cothurnes.
Chez les Lydiens le costume royal con-
sistait dans le diadème, le sceptre et le
manteau de pourpre (3) : c’est ainsi que
les Grecs ont représenté Crésus sur son
1 ucher.
La musique et la danse remplacèrent
alors l’exercicedes armes, et l’éducation
de la jeunesse fut plus spécialement
portée vers l’étude des arts. Les roseaux
(1) Hérodote, I, y4.
(2) Ibid., g3, i5q.
(3) Dion. Halic., III, i95.

de Celænæ fournissaient des flûtes
mélodieuses, et Orphée lui-même ne
dédaigna pas de chanter sur le mode
lydien. Marsyas, Amphion, Mélampide
sont les compositeurs les plus célèbres
dont l’antiquité nous ait conservé les
noms. La musique lydienne charma les
peuples d’Ionie pendant toute la période
hellénique.
Les intérêts et les goûts des Lydiens
les portaient principalement à tourner
leurs vues du côté de l’Asie centrale.
Ils n’attachaient aucun prix aux affaires
maritimes; cen’était cependant pas l’in-
telligence du commerce qui leur man-
quait si on leur doit l’invention des
monnaies d’or et d’argent et l’ouver-
ture des premiers bazars (1), institution
commerciale qui fleurit encore en Asie
après trois mille ans, etque l’Europe ne
s’est jamais assimilée que par exception.
Les premiers navigateurs hellènes
qui abordèrent sur les côtes d’Asie
ne trouvèrent que des tribus éparses,
au milieu desquelles ils s’établirent
sans peine ; c’est ainsi qu’ils avaient
occupé la plupart des îles de la Méditer-
ranée. Tant qu’ils ne portèrent point
ombrage aux États constitués qui
existaient dans l’intérieur de la pres-
qu’île, ils purent développer sans con-
trainte leur commerce et étendre leurs
possessions territoriales. Mais cet état
de liberté ne pouvait durer longtemps.
Les peuples d’Asie finirent par recon-
naître que tout le profit du commerce
maritime était entre les mains des
étrangers. Cet état de choses ne tarda pas
à donner naissance à un antagonisme
qui dura pendant plusieurs générations
et qui finit par une guerre dans laquelle
l’Europe et l’Orient engagèrent toutes
leurs forces.
Les Lydiens, cernés de tous côtés par
des contrées montagneuses, n’avaient pas
senti encore le besoin de s’étendre vers
la mer ; leurs plus grands intérêts les
portaient vers l’Orient, et le commerce
des caravanes les mettait en relation
avec les pays d’Assyrie, de Babylone
et de l’Inde. La navigation de l’Euphrate
et les rapports maritimes avec les pays
limitrophes du golfe Persique étaient
entre les mains des indigènes ; mais tout
(1) Hérod., I, 94.
 
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