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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0248

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238

L’UNIVERS.

le commerce d’exportation de l’Occident
se faisait par l’intermédiaire d’étran-
gers, les Phéniciens et les Hellènes, qui
en retiraient un profit considérable.
Les Lydiens avaient laissé ces derniers
peuples fonder des comptoirs sur la côte
d’Asie, leur avaient laissé acquérir de
l’importance; les colons de race hel-
lénique s’étaient reunis en confédéra-
tion ; ils avaient ouvert des relations avec
les États voisins ; ils visitaient les mar-
chés, achetaient les produits et s’instal-
laient au milieu des indigènes pour
transporter les marchandises sur les
marchés de la côte.
L’ancien peuple phrygien avait été
repoussé par l’invasion sémitique qui
venait du sud-est en Asie Mineure et
qui s’établissait sous l’autorité des rois
d’Assyrie; il fut soumis à Minus et dans
la suite aux rois de Lydie.
Les Lydiens, malgré leur origine eu-
ropéenne , étaient plus étrangers aux
Grecs des côtes que les Phrygiens ; mais
chez eux la culture des arts était bien
plus avancée que chez ce dernier peuple :
aussi les Grecs encore ignorants et in-
cultes puisaient chez les peuples d’O-
rient le germe de leur civilisation.
Les Lydiens, qui avaient reçu de la
nature des dispositions remarquables
pour la poésie lyrique, enseignaient
aux Grecs ces mélodies populaires qui
furent l’origine de l’élégie grecque, et le
mode mélodieux de la musique ly-
dienne fut transporté à Delphes et dans
le reste de la Grèce.
L'influence de la civilisation lydienne
sur celle des Grecs se fit sentir dès le
temps des Héraclides, qui régnaient de-
puis Agron, fils de Ninus, petit-fils de
Bélus. Les Orientaux étaient déjà, comme
ils le sont encore, très-experts dans l’art
de fabriquer les étoffes, de tisser la
laine et de travailler les métaux; la fa-
brique des armes de luxe, les broderies
àd’aiguille étaient dès les temps les plus
reculés l’occupation principale des
hommes et des femmes d’Orient; mais
la découverte de mines de métaux pré-
cieux donna à l’industrie des Lydiens
une impulsion inconnue avant eux.
Les trépieds et les cratères d’or et de
bronze sortis des ateliers de la Lydie al-
laient faire les ornements des temples les
plus renommés delà Grèce,àune époque

où les Grecs ne savaient encore fabriquer
que de grossiers ouvrages de bronze.
Dans le huitième siècle avant notre
ère, Gygès envoyait à Delphes six cra-
tères d’or, du poids de trente talents.
D’autres offrandes en argent furent en-
voyées par le même prince, et les Del-
phiens les appelaient les Gygéades, du
nom de celui qui les avait consacrées.
Les artistes grecs initiés à la fabrication
des objets en métal savaient donner à
leurs produits un caractère plus délicat;
mais c’est, a n’en pas douter, dans leurs
rapports avec la nation lydienne qu’ils
puisèrent les premiers éléments d’un
art dans lequel ils ont excellé.
On est même en droit de supposer
que les Grecs ont emprunté quelques-
unes de leurs lois à l’empire de Lydie.
Hérodote constate que les Lydiens
étaient gouvernés par des lois qui dif-
féraient peu de celles des Grecs; il n’est
pas probable que le grand empire de
Lydie, qui florissait dans un temps où la
Grèce était encore plongée dans la bar-
barie, ait emprunte des lois à une nation
qu’il connaissait à peine.
CHAPITRE XL
CHUTE DES ROIS HÉRACLIDES DE
LYDIE. — AVENEMENT DES MERM-
NADES.
Pendant les premières années de la
dynastie des Héraclides la puissance as-
syrienne n’avait fait que s’accroître , et
sous les descendanst de Ninus et de
Bélus la Lydie était sinon tributaire, du
moins une alliée fidèle de cet empire.
L’influence des Assyriens sur les royau-
mes de l’Occident, de l’Asie Mineure
s’était manifestée au moment de la prise
de Troie, puisqu’ils avaient envoyé le
prince Memnon au secours du roi
Pnam. Les rois de Lydie, autant pour
se mettre en garde contre les Assyriens
que pour veiller à leur sûreté person-
nelle , appelaient à leur service les
Grecs, qui commençaient à devenir nom-
breux sur les côtes d’Asie, et ces der-
niers savaient profiter de leur position
dans le royaume pour gagner une in-
fluence qui mettait entre les mains de
leurs chefs tous les ressorts du gouver-
nement. Les Cariens étaient puissants
 
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