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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0249

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239

ASIE MINEURE.

à la cour de Candaule, et Gygès, fils de
Dascylus, Carieu d’origine, commandait
les troupes les plus aguerries.
Les récits d’Hérodote nous montrent
la chute de Candaule, motivée par une
vengeance de sa femme, la reine Nysida.
Mais l’historien veut être fidèle aux
prémisses de son récit; il veut que dans
les principaux événements de l’histoire
une figure de femme soit toujours là
pour dominer les événements. Si la
chute de Candaule n’eût pas déjà été
arrêtée dans les conseils des gardes ca-
riennes, la révolte de Nysida contre l’é-
trange idée du roi Candaule n’aurait
pas eu pour résultat de changer la dy-
nastie des rois de Lydie, et le chef des
milices sans autre appui que celui de
la reine ne serait pas monté sur le
trône. Ce qui irrita « les Lydiens mécon-
tents » (1), ce fut surtout l’attitude des
Cariens et le secours que le nouveau roi
attendait de sa nation. Avec Gygès les
Cariens avaient le pied sur les marches
du trône de Lydie, et la double hache,
symbole de la puissance des Héracli-
des, fut aussi l’emblème adopté en Carie.
La puissance lydienne s’étendit alors
jusqu’à la côte occupée par les Grecs.
Mais la haine des Cariens contre les
Ioniens subsistait toujours, et dès que
les princes d’origine carienne furent
montés sur le trône de Lydie^ la pensée
de soumettre l’Ionie devint le point de
mire de toute la politique lydienne.
Du côté du nord, le pouvoir de ces rois
s’étendait jusqu’à la Propontide; plu-
sieurs villes avaient été fondées par des
princes lydiens, et portaient leur nom.
Le souvenir d’une origine commune
avec les Mysiens avait facilité l’union de
ees provinces ; une communauté reli-
gieuse resserrait encore ces liens ; on
voyait donc d’un côté la ligue des trois
peuples, les Mysiens, les Lydiens et les
Cariens contre les peuples grecs de
la côte; ces derniers possédaient, il
est vrai, plusieurs places fortes, des villes
maritimes dont la prospérité faisait en-
vie à leurs ennemis, ils avaient pour
soutien Athènes, dont l’alliance pouvait
leur être d’un grand secours en cas
d’une guerre déclarée ; et sur le conti-
nent d’Asie, le temple de Didyme, qui
(r) Hérodote, Ier, XIII.

était communaux Éoliens et aux Ioniens,
complétait, comme centre religieux, le
panionium de Mycale, et réunissait sous
ses portiques les alliés des Ioniens,
comme le centre religieux de Labranda,
portant à son frontispice la double ha-
che d’Hercule, réunissait les confédérés
lydiens, cariens et mysiens.
L’antagonisme entre les Ioniens et les
Cariens ne venait pas seulement du sou-
venir des cruautés que les Ioniens
avaient exercées en Carie, en assassi-
nant les hommes pour enlever leurs
veuves. Il y avait encore une rivalité
d’intérêt qui avait pris naissance sur les
bords duNil, où les deux peuples avaient
formé des établissements sous la pro-
tection des rois d’Égypte. Pendant tout
le temps que les peuples de Carie furent
exclus de la participation aux affaires
publiques, ils s'appliquaient à la fabri-
cation et au métier des armes ; leurs
mercenaires allaient servir chez les prin-
ces étrangers; leurs négociants faisaient
connaissance avec les rivages inconnus,
et comprenaient tout ce que les entre-
prises maritimes pouvaient assurer de
jouissance à un Etat; aussi dès qu’un
soldat carien fut devenu roi de Lydie,
toutes ces pensées se formulèrent autour
du nouveau roi, et les villes ioniennes
comprirent aussitôt que leur liberté et
leur existence même se trouvaient me-
nacées par la nouvelle politique des
Mermnades.
En effet toutes les aspirations des
rois de Lydie les portaient à créer une
nouvelle puissance maritime carienne
et lydienne, et à incorporer par la
conquête les villes florissantes des Io-
niens dans les limites de leur royaume.
C’est ainsi que la chute de Candaule
fut pour les Grecs d’Asie le signal d’une
guerre prochaine, qui devait ruiner
pour longtemps leur commerce et leur
puissance, et finalement les réduire sous
le joug des rois de Lydie. Ces princes
étaient maîtres de toute la Mysie jus-
qu’au Rhyndacus. La riche principauté
de Dascylium les mettait en communi-
cation avec la Propontide et l’Helles-
pont, mais du côté de l’ouest le terri-
toire ionien les séparait de la mer, les
Grecs étaient maîtres de l’embouchure
des fleuves de la Lydie. Smyrne com-
mandait l’Hermus, Éphèse le Caystre,
 
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