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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0258

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L’UNIVERS.

estimation, elle est égale en étendue à
celle de Baïndir. Un grand torrent des-
cendant duTmolus traverse la ville dans
toute sa largeur, et sert à l’irrigation
des rues. En 1840 on a bâti une grande
église grecque, d’une assez belle appa-
rence; une cotisation de 500,000 pias-
tres, produite par la nation grecque,
pourvoyait aux principaux frais. La plus
grande partie des matériaux étaient tirés
de la ville d’Hypæpa, qui n’en est éloi-
gnée que d’une lieue. Les Grecs don-
naient une partie de leur temps pour
l’extraction des matériaux ; l’argent ne
servait que pour payer la décoration,
une partie des bois et les ouvriers venus
du dehors. Aussi l’aspect de l’édifice an-
nonce-t-il une dépense plus forte que
celle qui a été faite en réalité.
Les ruines d’Hypæpa eurent beau-
coup à souffrir de ces constructions
nouvelles, car ce qui restait d’édifices
antiques fut complètement dépouillé
de ses marbres pour décorer la nouvelle
église; et tout ce qui n’a pu être trans-
porté, soit à cause de son poids, soit à
cause de sa forme, a été brisé ou con-
verti en chaux, attendu que Demich est
sur un terrain de gneiss, et que la pierre
calcaire y est fort rare. Toutes les ins-
criptions d’Hypæpa ont été employées
comme dallage et comme revêtement,
et aucun des prêtres n’a eu la curiosité
d’en copier une seule.
On trouva dans les fouilles une statue
de Vénus, qui a été transportée à De-
mich, et qui sert à soutenir l’escalier de
l’école grecque. Ce morceau de sculp-
ture date des beaux temps de l’art. La
tête et le cou manquent, et l’on voit par
la coupe des épaules que la tête avait
été rapportée. Dans une muraille voi-
sine, on lit deux inscriptions qui vien-
nent aussi d’Hypæpa ; ce sont les deux
seules qui n’ont pas été dénaturées :
Nicopolis, fille d’Artémidore, avec
son mari Hermolaüs, a élevé ce mo-
nument à sa fille Aphia.
Cette autre inscription est des temps
chrétiens ; elle sert de dallage dans la
cuisine de l’école :
Martyrius le très-notable scholastique
et le plus illustre des légats, reconnais,
sant de la bonne inspiration de saint
Théodore, a fait embellir cet ouvrage.

CHAPITRE XVI.
HYPÆPA.
La ville moderne qui remplace l’an-
cienne Hypæpa est appelée par les Turcs
Tapoè; mais les Grecs lui ont conservé
son nom, etl’appellent aujourd’hui selon
leur prononciation Hypipa.
On ne saurait du reste avoir de doute
sur sa situation, car elle est bien déter-
minée par Strabon (1). Il dit qu’en des-
cendant du Tmolus vers la plaine du
Caystre, on trouve la ville d’Hypæpa.
Cette petite ville est à une lieue N.-O.
de Demich. Elle est souvent citée par
les auteurs anciens, qui lui donnent
toujours l’épithète de petite.
« Le Tmolus, escarpé et d’une ascen-
« sion pénible, s’abaisse en deux ver-
« sants;d’un côté vers Sardes, de l’autre
« il se termine à la petite Hypæpa. »
Ovid., Métain., XI, 150.
Hypæpa était célèbre par la beauté
de ses femmes, qui se distinguaient sur-
tout entre les Lydiennes par la grâce de
leurs danses (2). Le culte de Diane per-
sique ou d’Astarté s’y était perpétué,
même du temps des Romains. Pausanias
raconte avec étonnement la jonglerie
d’un mage (3), qui allumait sur un au-
tel du menu bois sans le secours du feu.
Parmi les habitants d’Hypæpa il y avait
une tribu qu’on appelait les Lydiens
persiques, sans doute à cause du culte
qu’ils avaient embrassé. Toutes les invo-
cations se faisaient en langue barbare
et inconnue aux Grecs. Hypæpa est
placée sur la pente du Tmolus, aux
abords d’une plaine élevée et entourée
de montagnes ; son enceinte est coupée
par un ravin profond, dans lequel il
n’y a de l’eau qu’une partie de l’année.
Cinq ponts antiques étaient jetés sur ce
ravin ; on en voit trois qui subsistent
encore. En suivant la pente de la mon-
tagne du côté du nord, on reconnaît une
grande partie des murailles; elles sont
construites en petits moellons de gneiss,
et ne paraissent pas remonter a une
haute antiquité. La ville d’Hypæpa a
été florissante, même sous l’empire
(1) Strabon, liv. XIII, p. 627.
(2) Étienne de Byzance, sub. voc. Hiptepa.
(3) Pausanias, liv. V, chap. XXXVII.
 
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