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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0263

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ASIE MINEURE.

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tendue de l’ancien sommet est détruite,
à l’exception d’un étroit sentier élevé,
défendu par un double mur et des
précipices verticaux, et quelques pans
de murs soutenus seulement par les
fragments accumulés au pied. »
La décomposition des collines qui s’é-
lèvent au sud de la ville a tellement
exhaussé le sol que les derniers vestiges
des monuments ne tarderont pas à dis-
paraître.
Pour s’orienter dans les ruines de
Sardes il est nécessaire de suivre le
cours du Pactole ; c’est le ruisseau qui
coule près du temple. On sait qu’il tra-
versait l'agora (1) et de plus qu’il bai-
gnait l’enceinte du temple de Cybèle.
«'Le chœur : ô mère de Jupiter lui-même,
terre montagneuse, nourrice du genre
humain (Cybèle), honorée sur les rives
du Pactole chargé d’or (2). » On sait de
plus que l’agora était au centre de la
ville, c’est de ce point qu’on peut se
rendre compte des principaux monu-
ments qui existent encore.
CHAPITRE XIX.
LE TEMPLE DE CYBÈLE.
Cybèle « déesse indigène de la Ly-
die » (3), avait dans la ville de Sardes un
temple, qui fut incendié au moment de
la prise de la ville par les Ioniens. C’est
pour se venger de cet attentat que les
Perses incendièrent par la suite les tem-
ples de la Grèce; on est donc assuré
que le monument d’ordre ionique qui
subsiste aujourd’hui est postérieur au
quatrième siècle avant notre ère; on
peut même admettre, d’après le carac-
tère de l’architecture, qu’il date du règne
d’Alexandre. Ce prince ayant ordonné
la construction de plusieurs temples,
celui de Diane Coloène (4) et celui de
Jupiter Olympien, il est probable que la
reconstruction du temple de Cybèle date
de la même époque; mais il ne fut ja-
mais terminé, et les cannelures des co-
lonnes ne sont achevées qu’en partie.
Le temple est construit en marbre
(1) Hérodote, V, rot.
(2) Sophocle, Phi/oct., 3qi.
(3) Hérodote, V, 102.
(4) Quint. Curl.

blanc; mais sa contexture est cristalline
et sa teinte légèrement grisâtre. Le
mont Tmolus ne contient aucun gise-
ment de marbre, et les montagnes au
delà de l’Hermus sont toutes volcani-
ques ; il faudrait rechercher les carrières
du temple de Cybèle dans le groupe
montagneux calcaire situé entre Sardes
et Smyrne, mais on ignore aujourd’hui
le véritable emplacement de ces car-
rières.
Le monument est orienté de l’est à
l’ouest, la face orientale tournée vers
l’acropole, l’autre est parallèle au cours
du Pactole.
Aujourd’hui deux colonnes seule-
ment restent debout; nous avons pour
ainsi dire, assisté à la destruction d’une
partie de l’édifice, qui depuis des siè-
cles est la seule carrière où les Turcs
viennent prendre du marbre pour faire
des tombeaux. Nous avons vu à Smyrne
un dessin de ce temple fait à la fin du
siècle dernier : il restait encore six co-
lonnes debout avec des fragments d’ar-
chitrave. Thomas Smith (1) a encore
vu ces colonnes; M. Cockerell en a vu
trois ; lorsque nous avons visité Sardes,
il n’en restait plus que deux, plusieurs
chapiteaux, d’énormes morceaux d’ar-
chitrave gisent sur le sol, mais ne pa-
raissent pas destinés à y rester long-
temps.
Les deux colonnes encore debout ap-
partiennent à l’ordre extérieur de la fa-
çade orientale, elles sont reliées parleur
architrave. Les dimensions de l’édifice
11e le cèdent point à celles du temple
des Branchydes ; mais les colonnes sont
enterrées de plus du tiers de leur hau-
teur. Elles n’avaient pas moins de vingt
mètres de haut, il faudrait donc pour
retrouver les dispositions principales de
l’édifice faire des fouilles très-profondes.
Néanmoins plusieurs portions de fût
s’élèvent encore au-dessus du sol et per-
mettent de se rendre compte du style
de l’édifice. On voit aussi une ligne de
blocs qui ont dû appartenir au mur de
la Cella. Les chapiteaux sont d’ordre
ionique ; ils ont cela de remarquable que
les coussinets sont ornés de rinceaux,
de feuillages d’une grande délicatesse.
Tous ceux qui ont vu ces fragments ont

(1) Septem Asiæ ecclesiarum notifia, p. 27.
 
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