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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0274

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264

L’UNIVERS.

qu’il avait accumulées. Après la retraite
de Timour, Magnésie resta sous le
pouvoir ottoman ; mais de nouveaux
soulèvements, les uns religieux, les au-
tres politiques, mirent souvent en échec
la domination des sultans.
La plus dangereuse detoutesces sédi-
tions fut suscitée en 1419 par un fana-
tique nommé Brededdin, qui attaquait
non-seulement la puissance civile, mais
encore l’essence même de l’islamisme;
il appelait à lui les musulmans aussi bien
que les Grecs et les juifs mécontents, et
en peu de temps il reunit une véritable
armée, danslaquelle les derviches figu-
raient comme prédicateurs et comme
combattants; une armée ottomane en-
voyée contre eux fut anéantie dans une
rencontre, et cette victoire reunit autour
du sectaire de nouveaux adhérents. Les
émirs d'Aid in ne furent pas plus heu-
reux. Enfin Mahomet 1er envoya contre
les rebelles son fils Mourad, a peine
âgé de douze ans; ce fut la première
victoire du futur sultan. Pendant qu'on
attaquait dans ses retranchements le
corps d’armée de Brededdin, un de ses
principaux sectaires , juif converti à sa
doctrine et nommé Torlak , attaquait le
pacha de Magnésie, et succombait avec
trois mille derviches sur le même champ
de bataille où Antiochus avait été
vaincu par Scipion. Toutes les forces dis-
ponibles en Anatolie marchèrent contre
Brededdin, qui après des prodiges de
courage, fut pris et emmené a Ëphèse,
où il périt dans les tortures. Mais sa
secte subsista encore longtemps en Asie
Mineure, et son nom n’est pas oublié
dans les récits des montagnards.
La doctrine de Brededdin consistait
en trois mots, pauvreté, égalité, usage
commun de tous les biens.
Le sultan Mourad II après son abdi-
cation se retira à Magnésie, et laissa le
trône à son fils Mahomet 11 ; il lit cons-
truire un palais, qu’il n’habita pas long-
temps , rappelé à la tête de ses armées,
que le futur conquérant de Constanti-
nople, Mahomet II, était encore trop
jeune pour commander. Les sultans
continuèrent de résider à Magnésie,
même lorsque Broussa fut devenue
la capitale de leur empire : Soliman II
y demeura jusqu’à la mort de son
père.

Le sultan Mourad III, en 1591 , fit
élever à Magnésie un grand nombre d’é-
difices d’utilité publique, un imaret, ou
hospice des pauvres, un Dehli hané, ou
maison pour les fous, un bain, un cara-
vanséraï, qui existe encore aujourd’hui,
etunmédrécé, école religieuse; il com-
pléta ces embellissements par l'érection
de deux grandes mosquées impériales
avec deux minarets.
Ces édifices existent encore. La grande
mosquée est précédée d’une cour carrée,
ou harem, et couverte par une grande
coupole ; l’intérieur est entretenu avec
beaucoup de soin, et de riches peintures
d’arabesques décorent les murailles. Du
haut du dôme pendent des lampes et
des ex-voto, consistant pour la plupart
en œufs d’autruche, rapportés par des
pèlerins de la Mecque.
Les jardins de Mourad II rivali-
saient avec 'ceux de Broussa ; dans l’un
et l’autre palais, les sépultures de la
famille sont situées dans le voisinage
des jardins; plusieurs turbés, ou cha-
pelles funéraires, abritent les cendres des
femmes et des enfants de Mourad : elles
étaient renfermées dans une enceinte
plantée de cyprès. Aujourd’hui tous ces
monuments tombent en ruine; l’an-
cienne mosquée, ouvrage d’Ischak tcbé-
lébi, prince d’Aïdin, existe encore, mais
n’offre rien de remarquable.
Les autres mosquées, presque toutes
entourées de plantations, sont au nom-
bre de vingt : on compte aussi quelques
mesjid, ou chapelles sans minaret.
Le mont Sipylus, qui va s’amortir
dans le golfe de Smyrne,se rattache du
côté de l'est au montTmolus par un col
à travers lequel l’flermus s’ouvre un
passage; toute la partie de la montagne
voisine de Smyrne est volcanique et a
sans doute été le centre de violents
tremblements de terre qui ont ébranlé
la contrée, et dont Magnésie et les au-
tres villes du voisinage ont eu tant à
souffrir. La montagne qui domine
Magnésie du côté du sud appartient au
système calcaire crétacé : le pius haut
sommet est au sud-est de la ville; au
nord et à l’ouest s’étend une grande
plaine marécageuse, où se ramassent les
nombreux cours d’eau qui descendent
du revers de la montagne ; c’est dans cette
plaine que Chandler et après lui Ha-
 
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