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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0277

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ASIE MINEURE.

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donnerait lieu de croire que Séleucus
augmenta la ville de Thyatire et lui
donna son nom, mais n’en fut pas réel-
lement le fondateur. On l’appelait aussi
Euhippa, c’est-à-direqui fournit de bons
chevaux : la Mysie aux temps ho-
mériques était en effet célèbre par ses
haras; ses prairies nourrissaient les
innombrables cavales de Diomede.
Selon Pline (t), le fleuve Lycus ar-
rosait les murs de Thyatire; les autres
géographes se taisent sur le nom de
cette rivière, qui paraît rfêtre autre
chose qu’un affluent de l’Hyllus.
Après la mort d’Alexandre, les Ma-
cédoniens vinrent en grand nombre
coloniser ces régions, et chaque groupe
se distingua par le surnom du canton
qu’ils occupaient. On compta donc les
Macédoniens Hyrcaniens, les Macédo-
niens Nacraséens, les Macédoniens Ca-
duènes 12) et ceux de Thyatire. Cette
ville après la défaite d’Antiochus fut
réunie au royaume de Pergame. Pen-
dant la période romaine sa destinée fut
assez obscure; elle renfermait cependant
dans son sein un corps de gouvernement
complet, et les inscriptions font men-
tion du « très-puissant sénat et du
peuple de Thyatire ». L’empereur An-
tonin Caracalla y fit faire des travaux
importants, qui lui valurent le titre de
bienfaiteur et de restaurateur de la ville.
Pendant son dixième consulat l’em-
pereur Vespasien fit ouvrir aux environs
plusieurs voies publiques. Il ne reste
plus aujourd’hui que des débris infor-
mes des monuments dont cette ville
était ornée, et parmi les inscriptions
qui ont été copiées par les anciens
voyageurs Spon, Ricaut, il en est un
bien petit nombre qui n’aient pas été
détruites. On voit encore dans le bazar
quelques fûts de colonnes de marbre,
mais on ne saurait dire à quel édifice
elles ont appartenu.
La grande célébrité de Thyatire vient
de la place importante que cette ville
a prise au moment de l’établissement
du christianisme en Asie. Les prédica-
tions de saint Paul à Éphèse, ses
pérégrinations en Lydie et en Troade
portèrent des fruits précoces, et ame-
(i) Pline, liv. V, 29.
(a) Id., ibid., 3o.

lièrent la conversion des Gentils et des
Juifs, qui s’unirent pour pratiquer la
foi nouvelle. Sept villes principales de
la Lydie méritèrent dès le premier
siècle le titre d’églises chrétiennes ; ce
sont Pergame, Éphèse, Sardes,Thyatire,
Philadelphie, Hiéropolis et Laodicée.
Le livre de l’Apocalypse s’adresse à
l’ange, c’est-à-dire à l’évêque de chacune
deces villes, et leur envoie les éloges
ou les malédictions que mérite tour à
tour la conduite des nouveaux chrétiens.
Thyatire demeura fidèle au christia-
nisme ; mais depuis la chute de l’empire
de Byzance le nombre des chrétiens a
toujours été en diminuant, et les écoles
grecques ont disparu l’une après l’autre.
On doit penser que Thyatire fut con-
sidérée comme une place forte d’une
certaine importance, du moment qu’An-
tiochus en fit sa ligne d’opération contre
l’armée romaine; mais lorsque cette
ville fut réunie au royaume de Pergame,
elle fut complètement effacée par cette
capitale, qui en effet présentait des
moyens de défense infiniment plus puis-
sants.
Dans le treizième siècle, l’empereur
Andronic, chassé de Pergame par
l’invasion musulmane, s’était rétiré à
Thyatire, et de cette place menaçait
Pergame, qu’il ne put jamais reprendre.
Depuis que l’Asie Mineure est au pou-
voir des Ottomans, Thyatire, comme
point stratégique, a perdu toute son im-
portance. La forteresse qui s’élève sur
une colline près de la viile, et que les
Turcs appellent le château blanc, Ak
hissar, est aujourd’hui abandonnée et
toqibe en ruine faute d’entretien. On a
été longtemps incertain sur la position
de l’ancienne Thyatire. Ricaut, consul
d’Angleterre, et peu de temps après lui
le voyageur Spon sont les premiers qui
aient identifié cette ancienne ville avec
la ville moderne de Ak hissar : plusieurs
inscriptions portant le nom de Thyatire
ont été lues et copiées par eux. La ville
moderne est située au mi lieu d’une plaine
bien cultivée; les maisons sontbâties en
terre et sont de chétive apparence ; les
mosquées, au nombre de six, n'offrent
rien de remarquable; mais la ville est ar-
rosée par de nombreuses fontaines, et
les monuments publics sont entourés de
plantations, qui donnent à la ville un
 
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