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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0295

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285

ASIE MINEURE.

ministration des vacouf est, en effet, au-
torisée à prêter de l’argent aux pro-
prétaires , moyennant un très - modi-
que intérêt, dont le payement n’est pas
même exigé avec rigueur; mais si, à
la mort du débiteur, la créance n’est pas
amortie, le bien du défunt devient va-
couf, c’est-à-dire propriété de la mos-
quée.
Il y a dans cette institution qui date
de plus de dix siècles quelque chose qui
ressemble à celle du Crédit foncier.
Mais, chez nous , la dette n’est pas uni-
quement attachée à la tête du débiteur
et ne se liquide pas forcément à son
décès.
Si les osmanlis déploient toujours
un grand luxe dans ce qui se rattache à
leur sépulture,soit quel’on construise des
Turbé ou de simples tombeaux portant
les insignes du défunt, nous trouvons
chez les montagnards beaucoup plus de
simplicité dans la construction de leurs
dernières demeures; ils ont à peine
quelques signes extérieurs que le temps
ne tarde pas à enlever; cependant les
terrains des cimetières sont toujours res-
pectés et nulle construction profane ne
saurait y être élevée.
Les montagnards turcs aiment les
couleurs voyantes : néanmoins il y a
chez ces peuples un instict de l’harmonie
qui n’existe pas chez les occidentaux ;
quel que soit l’assemblage des couleurs
et les formes d’ornement qu’ils adoptent
pour leurs broderies et leurs tapis, on
est étonné de ne pas retrouver ces tons
criards et choquauts dont nos tapis et
nos étoffes nous donnent trop souvent
le spectacle.
11 faut croire que cette science de la
juxtaposition des couleurs est une fa-
culté tout à fait instinctive chez ces peu-
ples, car, lorsque nous voulons les imiter,
nous n’arrivons qu’à fabriquer des objets
choquants. Ainsi, depuis quelque temps,
l’imitation des tapis de Smyrne est de-
venue une industrie à la mode ; quelle
différence entre le modèle oriental et
la copie française ! Les tapis d’Orient
sont cependant le produit d’une inven-
tion toute primitive; ils sqnt fabriqués
par des femmes qui ne gagnent pas plus
de cinquante à soixante centimes par
jour; elles n’ont pour métier qu’un
grand cadre où sont fixés les lisses et

pour modèle que des dessins découpés
aux ciseaux, car c’est là le secret de
tous ces dessins d’écharpes de mousse-
line et de couvertures de coussins qui
sortent des maisons turques pour pas-
ser dans les bazars de Smyrne. Tous ces
dessins fantastiques, qui plaisent tant
à Paris, sont, disons-nous, découpés
aux ciseaux dans du papier ou des mor-
ceaux d’étoffe, et brodés ensuite sur les
fonds au crochet, au plumetis, ou sim-
plement à l’aiguille. Les vêtements de
fête des femmes sont ordinairement ren-
fermés dans un grand bahut de bois de
thuya ou de cèdre, fabriqué dans le
pays et historié par des ciselures faites
au couteau.
CHAPITRE XXXVI.
VILLES DE LYDIE AU SUD DU CAYSTRE.
La ville de Tripolis, située sur la
frontière orientale de la Lydie, était sans
doute une fondation des rois grecs qui
réunirent en un centre de population
les habitants de quelques bourgs voi-
sins (1). Pline est le premier auteur qui
fasse mention de Tripolis : il la place
dans le bassin supérieur du Méandre.
Cette ville subsista jusqu’au déclin de
l’empire, elle devint épiscopale et eut
une certaine célébrité dès les premiers
temps du christianisme; elle eut la vi-
site de l’apôtre saint Barthélemy et de
saint Philippe qui prêcha dans la Ly-
cornie.
Tripolis dut sa fondation aux mêmes
motifs stratégiques qui firent créer Phi-
ladelphie et fut comme cette dernière
l’objet des attaques réitérées des hordes
musulmanes; la ville tomba lorsque le
pays fut conquis, et la population survi-
vante se répandit dans des lieux plus
favorablement situés comme centres
de commerce. Les villes de ces contrées
ont toutes dû leur fondation à l’une de
ces deux conditions, leur avantage com-
mercial ou leur position militaire. Tou-
tes celles qui durent leur création à cette
dernière cause sont aujourd’hui détrui-
tes et abandonnées, les premières jouis-
sent encore après tant de catastrophes
(i) Nysa fut créée dans les mêmes condi-
tions; Strab., XIV, 620.
 
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