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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0299

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LIVRE V

IONIE.

CHAPITRE PREMIER.
PREMIÈRES MIGRATIONS IONIENNES.
Lorsque les historiens grecs nous mon-
trent les tribus ioniennes se rassemblant
sous la conduite de Nélée et quittant
l’Attique pour aller coloniser les côtes
de l’Asie Mineure, cette contrée leur
était déjà connue par les navigateurs de
leur nation qui, dès les temps les plus
reculés, trafiquaient isolément avec les
peuples de ces parages et avaient déjà
formé des établissements d’outre-mer.
La migration des Ioniens s’est établie
comme celle de tous les peuples mariti-
mes, en s’échelonnant d’île en île jusqu’à
ce cju’ils aient atteint le continent op-
pose à la Grèçe. Les plus anciennes
traditions nous montrent les Ioniens
comme trafiquants et guerriers, se créant
par la force des établissements au milieu
des faibles tribus qui ne peuvent leur
résister, et se mettant à la solde des
États puissants pour avoir la faculté de
se créer des comptoirs.
Les côtes de l’occident de l’Asie sont
surtout le point de mire, le centre de
toutes leurs attractions; c’est là qu’ils
fondent leurs principaux établissements,
leurs mœurs et leur langue se répan-
dent parmi les indigènes, et tout ce
territoire finit par être considéré comme
colonie attique. L’Ionie asiatique de-
vient le lien naturel entre la Grèce con-
tinentale et les peuples de l’extrême
orient. Les historiens grecs font à peine
mention de ces migrations partielles an-
térieures aux traditions historiques. Dans
l’habitude où ils sont de dramatiser
tous les événements de leur nation, ils
se sont plu à grouper dans un même
cadre la série d’événements qui se ratta-
chent à cet important mouvement de la
population hellénique. Pour eux d’ail-
leurs les populations qu’ils regardaient
19e Livraison. (Asie Mineure.)

comme barbares méritent à peine d’être
mentionnées, et les héros grecs n’appa-
raissent dans leur contrée que pour les
soumettre ou les détruire.
L’Asie occidentale n’était pas la seule
contrée vers laquelle les Ioniens dirigè-
rent leurs expéditions ; émules des Phéni-
ciens, ils entreprennent de faire concur-
rence à ce peuple maritime jusque dans
son propre pays, les Hébreux connais-
saient les Ioniens sous le nom de Javan,
les Perses sous celui de Iuna, les Égyp-
tiens sous celui de Uinim, les monuments
des Ptolémées mentionnent les Uinim
sous les Toutmosis III et IV au seizième
et au quinzième siècle avant notre ère.
Le commerce entre la Grèce et l’Égypte
avait pris une extension considérable;
les monarques égyptiens accueillaient
avec faveur une population qui leur four-
nissait en même temps des mercenaires
pour leurs armées et les denrées de
l’Asie pour leurs peuples; aussi les Io-
niens obtinrent-ils des terres à eultiver
et la permission de fonder des établis-
sements dans le Delta à côté de ceux
des Phéniciens. Les antiques rapports
entre les Ioniens et l’Égypte sont prou-
vés par Hérodote ; les faits qu’il men-
tionne ne sont pas relatifs à des person-
nages isolés, c’est une sorte de synthèse
ethnique qui résume en un seul tableau
ce qui concerne les Grecs asiatiques
dans les parages de l’Égypte. Ces rela-
tions entre les deux peuples ont une
influence extrême sur le génie actif des
Grecs ; la religion comme les arts de la
Grèce encore à l’état rudimentaire em-
pruntent à l’Égypte et des dieux et des
formes architectoniques. Les Phéniciens
subissent la même influence; mais le
développement de leur génie artistique
s’arrête dans une imitation très-peu éloi-
gnée du style égyptien, tandis que les
arts de l’Égypte, transportés sur le sol
de la Grèce'continentale et asiatique, y
T. TT. 19
 
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