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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0304

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L’UNIVERS.

*■94
démoue se regarderait comme offensée
de toute attaque dirigée contre les villes
grecques de l’Asie. Cyrus ne parut pas
effraye de ces menaces; d’autres intérêts
l’appelaient en Orient. Il laissa à Taba-
ïlis, un de ses généraux, la conduite de
l’expédition contre les Ioniens; on n’avait
pas encore vu sur la côte un seul soldat
de Cyrus : sa grande armée s’était portée
sur Bactres. Toute l’Asie Mineure était
en fermentation ; la population des
cotes était en révolte ; c’est en cet état
de choses que Pactyas crut pouvoir se
rendre maître de la Lydie et de l’Ionie,
a peine soumises. La première résis-
tance ébranla sa résolution, et il s’enfuit
dans l’île de Cymé.
Le seul résultat de cette révolte fut
de donner naissance à des hostilités
entre les Perses et les populations de la
côte.
Poursuivi d’île en île, Pactyas fut livré
par les habitants de Chio, en échange
d’un territoire situé enMysie. Les Perses
tirèrent un autre avantage de cet événe-
ment : ce fut d’entrer en relation avec
les habitants des îles, auxquels ils étaient
jusqu’alors tout à fait étrangers.
Mazarès ayant rempli son but de pu-
nir ceux qui avaient pris part aux siège
de Sardes, se tourna contre les com-
plices de cette révolution. Les habitants
de Priène furent réduits en esclavage
et vendus à l’encan. Il fit une excursion
dans la vallée du Méandre, qu’il ravagea ;
la ville de Magnésie, qui se relevait à
peine de ses ruines, fut livrée au pillage
de l’armée. Mazarès mourut à la suite
de ces expéditions; Harpagus, allié du
roi, fut investi du commandement en
chef de l’armée de la côte. En faisant
choix d’un tel homme, Cyrus indiquait
qu’il attachait une grande importance
à la guerre d’ionie.
Les Ioniens montraient en effet au
roi qu’ils étaient autre chose qu’un peu-
ple de marchands, et qu’ils savaient re-
trouver de l’énergie quand la liberté
était au bout de la lutte. Tant que l’in-
térêt seul de leur commerce fut en
question, la résistance fut médiocre;
mais en face du fanatisme des Perses,
il n’y avait aucune transaction possible,
chaque ville devint une forteresse
qu’Harpagus fut obligé d’assiéger et de
prendre ; les Ioniens voyaient bien qu’ils

avaient affaire a un peuple autre quô
les Lydiens.
Harpagus surveillait avec soin l’orga-
nisation de son armée; il avait réuni un
corps d’habiles archers et fait construire
toutes les machines nécessaires pour
les sièges. Il cernait les villes par terre
et par mer et montrait dans la pratique
des mines une intelligence consommée-
Les bas-reliefs de Ninive nous mettent
à même de juger aujourd’hui à quel
point de science militaire l’art de pren-
dre les places était poussé chez les peu-
ples de l’Asie antérieure ; plusieurs ma-
chines, telles que le bélier, que l’on
croyait d’invention grecque, leur étaient
connues, et la réputation de Démétrius
Poliorcète perd bien de son éclat, quand
on voit avec quel art les Assyriens, les
Mèdes et les Perses savaient prendre
les villes.
Au milieu de ce cataclysme des co-
lonies ioniennes , les citoyens des deux
villes Téos et Phocée aimèrent mieux
aller chercher d’autres terres que de
se soumettre à la tyrannie des Perses.
En effet, tout ce qui était grec étai t traité
avec un mépris sans égal; les hommes
éminents étaient déportés, les autres
attachés à la glèbe, ou forces de servir
dans les armées des Perses. Au siège de
Téos, Harpagus fit élever des terrasses
à la hauteur des murs de la ville; les
habitants voyant que tout moyen de
résister était impossible, montèrent sur
leurs vaisseaux, et abandonnèrent la
ville. Phocée, qui avait été le centre de
la résistance ionienne et æolienne, reçut
de la part d’Harpagus des propositions
de capitulation, qui furent rejetées , et
les Phocéens préférèrent quitter leurs
foyers fl). Ces deux peuples furent les
seuls qui abandonnèrent leur patrie
pour se soustraire à la servitude ; les
autres villes résistèrent, et tombèrent
l’une après l’autre sous le joug des
Perses.
Les révolutions dont l’ionit étaient
le théâtre avaient presque entièrement
ruiné le commerce avec l’intérieur, et
les Ioniens se voyaient dans l’obligation
de reprendre avec plus d’activité le
commerce d’outre-mer. Amasis, roi
d’Égypte, avait épousé une femme grec-
(r) Voy. plus bas Phocée.
 
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