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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0323

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ASIE MIN EU B E.

313

à la ville. Le culte de Diane était déjà
répandu parmi ces peuples lorsque les
Grecs arrivèrent; et selon Pausanias
il était beaucoup plus ancien , car les
Amazones vinrent y sacrifier quand
el es lurent vaincues par Hercule(t).
Le temple selon Pausanias avait été
fondé par Crésus et Éphésus ; ce der-
nier avait donné son nom à la vdle. Un
certain nombre de femmes de race ama-
zone se joignit aux Leléges et aux Ca-
riens. Une partie de ces derniers fut
expulsée par Androclu8; l'autre, lui
ayant promis fidélité, rsta dans la ville.
L’ancienne Éphèse, qui portait le
nom de Smyrne, était placée sur la
pente du mont Prion, dans un endroit
nommé Trachéia, qui se trouvait voisin
du gymnase. La ville qui fut fondée
par Àndroclus était près du temple de
Minerve et de la fontaine Hypelee (2).
Après que les Ephésiens eurent été
soumis aux rois de Lydie, la ville d’É-
phèse fut encore déplacée. On la cons-
truisit, près du temple de Diane, qui
avait été bâti par les Ioniens, c’est-à-dire
dans la plaine, et non loin des rives du
Caystre.
Vers la fin de la guerre du Pélopo-
nèse, les généraux perses avaient établi
leur quartier général à Éphèse, et leur
suite nom'breuse de jeunes persans, ri-
ches et aimant le plaisir et le faste, ré-
pandaient dans la ville le goût des
moeurs asiatiques. Lejeune Cyrus était
à Sardes, affichant un luxe éblouissant.
Les Grecs, soumis et traités avec dou-
ceur par les Perses, se laissaient allêr
à cette vie de mollesse. C'est en cet état
que Lysandre trouva la ville d’Éphèse;
quand il vint comme amiral pour com-
battre les Athéniens, il trouva la ville
très-affectionnée pour Sparte, mais l’es-
prit guerrier manquait aux habitants et
les travaux publics étaient délaissés.
Ayant conduit son armée à Éphèse, il
commanda qu’on y assemblât tous les
va s'eaux de charge, y fit un arsenal pour
la coustruction des galères, en ouvrit
les ports aux marchands, en abandonna
les places publiques aux ouvriers, mit
tous les arts en mouvement et en hon-
neur, et par ce moyen il remplit la ville

de richesses, et jeta dès lors les fonde-
ments de cette grandeur et de cette ma-
gnificence qu’on y vit dans la suite (1).
Le territoire d’Éphèse forme une
grande vallée, qui s'étend de l’est à
l'ouest; elle est parcourue dans toute
sa longueur par le Caystre, qui entre
dans la plaine par l'angle N.-E. de la
vallée, tandis que l’angle S.-E. est oc-
cupé par la petite montagne que les
Grecs appelaient Lépré, et plus tard
Prion. Le mont Corissus ferme la vallée
du côté du sud , et se prolonge à l’est
jusqu’au mont Messogis. Du côté de
l’ouest, la vallée présente une large ou-
verture, où se développent aux regards la
mer de Samos, les îles, et les monta-
gnes de Claros.
Sur la rive droite du Caystre on voyait
de vastes marais, qui existent encore
aujourd’hui, el qu’on appelait les étangs
Sélinusiens. Ces étangs produisirent de
grands revenus au temple de Diane. Il
en fut dépouillé par les rois de Per-
game; mais Artémidore, ayant été dé-
puté à Rome, obtint du sénat la res-
titution de ces privilèges en faveur du
temple.
De cette immense ruine d’Éphèse il
ne reste aujourd’hui qu'une chose : c’est
la ferme des étangs du Caystre. La jetée
des Attales est a présent bien avant
dans les terres, par suite de l’ensable-
ment du port, qui se continue sans in-
terruption depuis vingt siècles. Des
barrages en roseaux mobiles sont instal-
lés à l’embouchure du fleuve, et sont
ouverts à des époques déterminées pour
donner passage à des myriades de pois-
sons, et surtout de mulets qui viennent
frayer dans les eaux douces. On ferme
alors le barrage, et la pêche s’effectue:
on prépare la poutargue avec des œufs
de mulet. Celte pêche est affermée
quarante mille piastres au mutzeilim de
Seal a-No va.
Le changement notable qui s’est
opéré dans la figure des terrains offre
la plus grande difficulté à l’antiquaire
pour reconstruire l’ancienne Éphèse,
ou plutôt une des villes de ce nom,
car elle fut déplacée et reconstruite
jusqu'à sept fois. Les ruines de tous les
âges sont répandues dans une vaste

(i) Pausanias, liv. VII, ch. a.
(a) Strabon, liv. XIV, p. 640.

(1) Plutarque, vie de Lysandre,
 
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