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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0331

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ASIE MINEURE.

321

Il y avait de plus le commerce des ex-
veto, anathemata, qui devait être con-
sidérable, si nous en jugeons par le
grand nombre de ces objets que l’on
rencontre constamment dans les fouilles
faites autour des temples. Plus on avan-
çait vers l’orient, plus le goût de ces
amulettes était répandu : les différents
cultes de l’Inde en fabriquent à profu-
sion, et le bouddhisme chinois en inonde
l’univers.
Les grandes fêtes de Diane avaient
lieu pendant le mois qui portait son nom,
le mois d’Artémisius. Tous les travaux
étaient suspendus, et le peuple se livrait
à des fêtes et à des banquets dont les
frais étaient faits par des citoyens opu-
lents. Plusieurs inscriptions que nous
avons rapportées mentionnent des fon-
dations semblables : ces panégyries con-
cordaient avec de grands marchés,
comme les foires modernes concordent
avec les fêtes patronales. Les Lydiens
chantaient des hymnes en l’honneur de
la déesse ; tous les jongleurs, les magi-
ciens et les exorcistes de l’Asie se ren-
contraient dans ces réunions, qui de-
vaient présenter le tableau le plus varié.
Le mois d’Artémisius correspondait à
la saison du printemps : toute la ville
était jonchée de fleurs ; les magistrats
nommés cosmétère et néocore étaient
chargés, sous la présidence de l’asiarque
d’organiser ces cérémonies. Les courses
du stade et les représentations scéniques
formaient des intermèdes, où le peuple
se précipitait avec avidité. C’était contre
toutes ces cérémonies que tonnait
l’Apôtre des Gentils , et c’était pour les
soutenir que Démétrius assemblait ses
ouvriers et ses confrères ; le commerce
de Démétrius et des autres orfèvres de-
vait être d’une certaine importance , et
les prédictions de Paul étaient de nature
à les inquiéter.
Paul disait au peuple : Ce ne sont pas
des dieux, ces idoles que vous faites de
vos propres mains ; et Démétrius ajoutait
pour ameuter les ouvriers contre l’en-
nemi de leur culte : Ce n’est pas seule-
ment votre industrie qui est en péril,
c’est le temple de la grande déesse
Diane qui est tourné en mépris; celle
qui est adorée dans joute l’Asie verra
sa magnificence foulée aux pieds et son
culte aboli. La foule s’agitait en écou-
21e Livraison. (Asie Mineuse.)

tant ces paroles, et criait : Grande est
la Diane des Éphésiens. La ville était
pleine de tumulte et de confusion.
Deux hommes de Macédoine, Caïus et
Aristarchus, compagnons de Paul dans
ses voyages, furent entraînés au théâtre ;
c’était dans l’enceinte de cet édifice que
les populations des villes grecques
avaient coutume de s’assembler; le
théâtre n’était pas uniquement réservé
aux représentations scéniques: nous en
voyons un grand nombre d’exemples
dans les auteurs.
Paul voulait suivre et se présenter au
peuple; mais ses disciples l’en dissua-
dèrent, et quelques-uns des asiarques,
qui étaient de ses amis, l’envoyèrent
prier de ne pas se présenter au théâtre.
La foule continuait à crier, sans trop
savoir ce qu’elle voulait; les uns deman-
daient une chose, les autres une autre.
Alors Alexandre voulut se justifier de-
vant le peuple ; mais quand ils eurent
reconnu qu’il était Juif, ils se mirent à
crier pendant deux heures : Grande est
la Diane des Éphésiens. Alors apparut
le greffier de la ville, le grammateus,
magistrat attaché au temple, qui tenta
de calmer la foule, et par conséquent
parla dans le même sens que les plus
grands crieurs. Citoyens d’Ephèse, leur
dit-il, y a-t-il quelqu’un qui ne sache
pas que la ville d’Éphèse rend un cuite
particulier à la grande Diane, dont l’i-
mage est tombée des mains de Jupiter?
Puisqu’on ne peut nier cela, vous devez
demeurer en paix et ne rien faire incon-
sidérément. Les hommes que vous avez
amenés ici ne sont ni des voleurs ni des
blasphémateurs de votre déesse. Si Dé-
métrius et tous ceux qui sont avec lui
ont quelque plainte à faire, les tribu-
naux sont là pourrecevoirleurs plaintes;
mais il faut que tout cela se passe lé-
galement. Ces paroles apaisèrent le
tumulte; peu de temps après, Paul prit
congé de ses disciples, et partit pour la
Macédoine.
Ce passage des Actes des apôtres nous
représente au naturel une de ces émo-
tions populaires qui se renouvelaient
si fréquemment dans les villes grecques;
et le lieu de la scène est tellement d’ac-
cord avec les faits mentionnés dans le
récit, qu’on est saisi du caractère de
vérité en même temps que d’exactitude
T. u 21
 
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