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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0341

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ASIE MINEURE.

331

l'an 300, sous le règne de Dioclétien,
Tyr et bidon furent détruites ; en 354,
365, Nicomédie ; en 400, Constantinople
et les villes de la côte d’Asie. En 527, il
V eut de grandes secousses à Antioche.
Agathias (1) atteste que Beryte fut tota-
lement détruite en 538; une incroyable
quantité de citoyens furent écrasés sous
les ruines; la population survivante
émigra à Sidon. Alexandrie d’Égypte,
qui n’avait jamais éprouvé de pareil phé-
nomène, fut ébranlée; l’île de Cos res-
sentit d’horribles secousses ; il n’y eut
qu’une petite partie de la ville qui fut
préservée : la mer fit irruption dans les
maisons, et enleva les meubles et les
habitants. Agathias ajoute : « Passant
d’Alexandrie àConstantinople, j’abordai
dans cette île, et je fus témoin de ce
pitoyable spectacle : on ne pouvait plus
reconnaître l’emplacement des rues et
des places publiques. «
En 544 un tremblement de terre
ébranla les deux continents ; il dura
quarante jours : Constantinople fut en
partie détruite ; en 557 un autre , dans
les parages du Bosphore, dura dix jours
et dix nuits.
En 742 il y eut un tremblement de
terre universel : six cents villes furent
renversées et une quantité prodigieuse
d’hommes périrent; entre le huitième siè-
cle et notre temps, les mêmes phénomè-
nes se sont renouvelés en Asie, et à des
époques presque périodiques; enfin, de
nos jours, en 1835, la ville de Césarée, du
mont Argée, fut presque totalement dé-
truite : nous pûmes recueillir de la part
des habitants survivants quelques détails
sur cette catastrophe; ils attestent que
des vapeurs méphitiques sortaient des
fentes de la terre, que des puits étaient
mis à sec, tandis que d’autres débor-
daient , enfin que le régime des sources
était complètement troublé. Le grand
tremblement de terre de Broussa, qui
eut lieu en 1852, est encore présent à
toutes les mémoires; celui-ci est extraor-
dinaire , attendu que le pays est de na-
ture granitique. Les principaux édifices
de la ville ont été ou ruinés ou gravement
endommagés.
Au milieu de si lamentables catas-
trophes, qui ont englouti des villes, il
(i) Agathias, rie de Justinien, liv. II, ch. 8,

n’est pas étonnant que les historiens
aient négligé d’enregistrer la ruine de
quelques monuments abandonnés ; on
ne saurait dire à quelle période il faut
rapporter leur destruction, mais il est
certain qu’ils furent ruinés par des trem-
blements de terre.
Si nous ne pouvons préciser l’époque
où eut lieu la destruction des temples et
des villes antiques nous pouvons du
moins déterminer la direction qu’a suivie
la secousse qui a renversé les plus beaux
temples de l’Ionie, et la largeur de la
zone ébranlée. Les villes de Téos, Cla-
ros, Priène, Branchvde et Magnésie
du Méandre sont situées sur une ligne
dans la direction de l’est-nord-est et
ouest-sud-ouest ; toutes ces villes étaient
ornées de temples de marbre blanc,
presque tous d’ordre ionique. Tous ces
monuments gisent aujourd’hui étendus
sur le sol ; mais on voit que leur des-
truction n est pas l’ouvrage des hom-
mes , car toutes les colonnes sont tom-
bées ensemble et du même côté. Les
chapiteaux et les frises sont dans leur
position respective; et comme les frag-
ments de fûts ont recouvert la partie
qui est ordinairement décorée, il s’en-
suit qu’on retrouve dans les décombres
toutes les frises et les corniches par-
faitement intactes.
Le temple d’Apollon Didyme, près de
NTilet, se trouve dans le même état, et
en glissant sous les blocs éboulés, on
remarque de magnifiques fragments de
sculpture.
CHAPITRE XXXV.
FONDATION DE MILET.
En aucun lieu de la côte d’Asie les
alluvions des fleuves et des torrents
n’ont modifié la physionomie du terri-
toire d’une manière plus complète que
dans la vallée du Méandre. La ville de
Milet avait été fondée à l’embouchure
de ce fleuve, dans le but de profiter d’une
double voie de communication, de la voie
maritime par ses navires, et de la voie
terrestre en remontant, au moyen de
ses caravanes, la vallée du Méandre
jusqu’au cœur de la Phrygie. C’était tout
le secret de la puissance commerciale de
cette capitale de l’Ionie; elle conserva
 
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