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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0350

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340

L’UNIVERS.

étaient établies dans le voisinage (1);
mais le christianisme ne tarda pas à
triompher : la ville de Milet se dépeu-
plait de plus en plus, et ce célèbre
oracle rentra dans le silence et l’obs-
curité.
CHAPITRE XLI.
ÉTAT ACTUEL DU TEMPLE.
Les premiers voyageurs qui obser-
vèrent ces ruines, dans les temps mo-
dernes , les trouvèrent complètement
écroulées. Spon et Wheler, en 1672,
tracèrent une esquisse du monument;
une très-petite partie de la cella subsis-
tait encore, avec un des pilastres dont
nous voyons aujourd’hui les magnifiques
chapiteaux ; mais tout le reste du temple
n’étâit qu’un amas de décombres. Je
crois avoir établi que tous les temples
de l’Ionie ont été renversés par un trem-
blement de terre , dont les effets sont
encore plus marqués dans celui des
Branchydes , puisqu’il était plus colos-
sal. Or, comme Julien consulte l’oracle
avant de partir pour sa campagne contre
les Perses, nous savons que le temple
existait encore au commencement du
cinquième siècle. C’est donc dans la pé-
riode de 400 à 1,600 qu’il fut renversé ;
mais comme il se trouvait dans un pays
désert, loin des grandes routes, il
s’écroula sans que la tradition ait re-
cueilli le moindre détail sur cette ca-
tastrophe.
Le 15 juillet 1835, après avoir visité
les ruines de Téos, je vins mouiller avec
la goélette la Mésange au cap Arbora,
l’ancien cap Posidium. Il n’y a aucun
port dans les environs ; la mer étant
belle, le capitaine mouilla en pleine
côte, abrité par le petit cap qui forme
l’ancien port Panormus, aujourd’hui
impraticable.
Le temple est éloigné d’une lieue de
la côte ; mais ses colonnes s’aperçoivent
du large, et servent de reconnaissance
aux navigateurs. Cet endroit s’appelle
aujourd’hui Hiéronda, c’est-à-dire lieu
sacré; il y a un village composé d’une
vingtaine de maisons de pierre, un
moulin à vent, et quelques cultures. Il
(i) Sozomène, V, 629.

paraît qu’il est de nouvelle fondation,
car du temps de Chandler, en 1765, les
ruines du temple étaient inhabitées, et
le voyageur était obligé de coucher au
village de Ura, qui en était éloigné d’une
demi-lieue.
La plaine qui sépare les ruines de la
mer est couverte de broussailles et de
rochers à fleur de terre, qui rendent le
chemin presque impraticable. Il n’y a
aucun sentier tracé du village à la côte.
Nous allâmes le soir même au village
avec les officiers de la Mésange. Tous
les habitants sont Grecs : il y a environ
quarante familles ; mais il y a quelques
années le village était plus considérable.
Le temple s’élève au milieu du village
comme une montagne de décombres
ou plutôt d’énormes blocs de marbre
renversés les uns sur les autres. Il est
facile de pénétrer sous ces marbres ac-
cumulés; on peut alors observer de
beaux fragments sculptés qui se sont
conservés intacts.
Le mur de la cella du temple existe
dans tout le pourtour; il a une hauteur
moyenne de trois mètres; le parement
de la cella est brut ; les pierres portent
les boutons d’attente qui ont servi à les
mettre en place. Le temple était diptère,
et par conséquent décastyle. Il est
orienté est et ouest, mais avec une dif-
férence de trente degrés au nord, si
j’ai bien pris l’azimut.
Sur l’emplacement du pronaos, la
masse des décombres est plus considé-
rable: cela se conçoit, puisque le. fron-
ton et toutes les colonnes du portique
doivent être accumulés en ce lieu. Trois
colonnes sont encore debout : deux au
nord, voisines l’une de l’autre; elles
sont cannelées et réunies par une archi-
trave ; elles sont d’ordre ionique; les
chapiteaux sont bien conservés. L’autre
colonne est isolée du côté du sud ; celle-
ci n’est pas terminée, les tambours sont
bruts, et le chapiteau n’est pas fini.
Toutes les autres colonnes sont ren-
versées et tombées obliquement les unes
sur les autres; on voit qu’une même
secousse les a renversées, et qu'elles
n’ont pas été dérangées depuis; cepen-
dant il manque sur le terrain toute la
corniche et tous les chapiteaux.
Je n’imagine pas comment ces mor-
ceaux ont pu disparaître; ils ne sont
 
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