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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0372

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362

L’UNIVERS.

la naissance du dieu était proclamée.
Jusqu’au poète Arion, le dithyrambe
fut mêlé d'improvisations qui étaient
laissées aux inspirations des initiés, vin-
rent ensuite les poètes dithyrambiques,
qui mirent plus d’ordre dans ces com-
positions; ils inventèrent la forme anti-
strophique, qui était chantée tour a tour
par les deux moitiés du chœur. Le poète
Tisias perfectionna cette forme poétique
en faisant suivre l’antistrophe de fépode,
qui était chantée par le chœur au repos.
On appela ce poète Stésichore parce qu’il
avait appris au chœur à se tenir tran-
quille. Le dithyrambe était accompagné
dans son exécution par l’harmonie phry-
gienne, qui était surtout en usage dans
ces fêtes à cause de son caractère émi-
nemment noble. Le mode lydien, plus
passionné, était réservé pour les céré-
monies qui s’accomplissaient autour des
temples ; c’est le poète Sacadas qui avait
posé les lois du chant épodique, dont
trois stances se mettaient après trois
stances de l’harmonie originale.
Telle est l’origine de la tragédie, qui,
aux fêtes de Bacchus, où l’on conduisait
un bouc (tra-gos), a commencé par des
poésies religieuses chantées en l’hon-
neur du dieu. Après les poètes dithy-
rambiques vinrent les poètes scéniques,
dont le plus célèbre est Thespis, qui doit
s’être inspiré des rhapsodes ou récita-
teurs des dithyrambes.
Avec Thespis l’action devient moins
bruyante, les rôles sont plus tranchés
et les récitatifs du chœur mettent le
spectateur en relation plus intime avec
le rôle principal ; en un mot Thespis in-
vente la représentation théâtrale, la
tragédie est créée, mais elle reste toujours
une des grandes cérémonies des fêtes
de Bacchus, les représentations publi-
ques ne sont données qu’a l’époque des
fêtes dionysiaques, qu’on appelait à Athè-
nes lénéennes ou anthésteries à cause
du mois où elles étaient célébrées.
Une ville toute consacrée au culte de
Bacchus devait attirer dans ses murs
tous ceux qui par leur goût ou leur ta-
lent pouvaient concourir à l’éclat de ses
fêtes. Aussi Téos était-elle devenue le
point de réunion de tous les comédiens,
qui avaient formé une confrérie sous le
nom de Dionysiastes ; ils étaient savam-
ment organisés et avaient obtenu le droit

de cité à Téos; plus tard ils allèrent s’é-
tablir à Lébédus. Les entrepreneurs de
spectacles, les asiarques et tous ceux qui
étaient chargés de présider ou d’organi-
ser des fêtes publiques s’adressaient aux
chefs de cette corporation qui envoyait
des troupes d’acteurs dans toutes les
parties du monde romain. Nous voyons
a Vienne en Dauphiné une inscription
qui constate que ces troupes venaient
jusqu’en Gaule; elle est ainsi conçue.
« Les acteurs d’Asie et tous ceux qui
appartiennent à la même corporation se
sont élevés a eux-mêmes ce monument
de. leur vivant (1). Telles furent les ori-
gines du théâtre antique : on ne doit
donc pas s’étonner de retrouver des
monuments destinés aux jeux de la scène
même dans les plus petites villes, puis-
qu’ils faisaient pour ainsi dire partie
des cérémonies du culte.
CHAPITRE LU.
SOULÈVEMENT DES TEIENS CONTRE
ATHÈNES.
Après les désastres de Sicile les
Téïens tentèrent de secouer le joug d’A-
thènes en prenant parti pour les Pélo-
ponésiens. Les Athéniens avaient bâti à
féos une longue muraille qui séparait
la ville du reste du continent; Strom-
byochides, amiral de Sparte, arriva de
Samos et invita les habitants à se tenir
tranquilles. Ceux de Téos ne voulaient
pas d’abord accueillir l’armée de terre ;
mais à la nouvelle de la fuite des Athé-
niens, ils lui permirent d’entrer. La
multitude abattit la muraille que les
Athéinens avaient élevée du côté du
continent. Tagès, héparque de Tissa-
pherne, aida les Téïens, à démolir ce
mur. Tissapherne lui-même acheva de
détruire ce qui restait des murs de
Téos, et après que l’armée de terre eut
quittéTéos, il s’en retourna (2). Ces évé-
nements marquent bien la date de la
construction des murs de Téos ; en effet,
Athènes, ayant reconquis sa supériorité
sur les villes d’Asie, ht rétablir les mu-
railles détruites : ce sont celles dont on
(i) Scenici asialicani et qui in eodem cor-
pore sunt vivi sibi fecerunt.
(a) Thucydide, liv. VIII, r8, ai.
 
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