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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0375

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ASIE MINEURE.

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est difficile à parcourir : on ne peut
examiner un de ces murs en pierres
sèches qui séparent les propriétés, sans
y découvrir une quantité de fragments
d’architecture qui trouveraient leur
place dans un musée.
C’est une source de regrets pour l’a-
venir: ces modèles de la plus pure ar-
chitecture ionienne disparaissent l’un
après l’autre ; s’ils étaient recueillis dans
un musée d’Europe leur étude ne pour-
rait que former le goût des jeunes ar-
tistes. Qu’on n’imagine pas que des
plâtres moulés sur les monuments rem-
plissent le même but: le coup de ciseau
donné sur le marbre, Je faire de l’ar-
tiste, ses moyens pratiques ne se trans-
portent pas avec un froid modèle.
Un autre édifice moins considérable
que le temple de Bacchus, mais d’une
perfection de travail non moins égale,
existait vers le centre de l’isthme ; il est
couvert de buissons et d’oliviers sau-
vages : on peut considérer ce fait comme
une preuve que ces ruines n’ont pas été
fouillées depuis plusieurs siècles.
Avant déterminer l’examen de l’in-
térieur de la ville, nous devons mention-
ner un monument signalé par M. Ha-
milton à l’attention des futurs explora-
teurs.
11 est situé au nord-est, et à la dis-
tance d’environ un mille du môle an-
cien; il se compose d’une base pyra-
midale construite sur une éminence et
supportant les ruines d’un édifice de
petite dimension, mais richement orné ;
rien ne peut égaler la délicatesse des
sculptures des corniches qui sont éten-
dues sur le sol : l’édifice était construit
en grands blocs de marbre jaune. On y
arrivait par des escaliers dont la longueur
de l’est à l’ouest est de quarante-cinq
pieds et du nord au sud de trente-huit.
Le monument était entouré d’une co-
lonnade qui peut encore être reconnue
sur trois côtés ; elle se compose de huit
pilastres en marbre gris placés à dis-
tances égales, avec des demi-colonnes en-
gagées dans les deux côtés opposés : le
côté nord est long de cent quarante et
un pas et le côté de l’ouest de cent
soixante.
Les murs de Téos ont environ six’
kilomètres de circuit, on peut les suivre
dans tout leur parcours. Les anciennes

murailles ayant été détruites par Tis-
sapherne, ont été reconstruites quand les
Téiens sont revenus habiter leur ville : on
a de plus réparé la grande muraille qui
séparait du continent le petit isthme
sur lequel la ville était assise ; elle défen-
dait le quartier de l’invasion des eaux
d’un petit ruisseau qui se jetait dans le
port du sud et qui a contribué à l’en-
sabler : cette partie des murs est la mieux
conservée.
D’après une inscription qui existe en-
core près de là, cette partie de la mu-
raille et les tours adjacentes auraient
été reconstruites par Apollodore et Eu-
cratès dont les fonctions ne sont pas in-
diquées. Toutes les murailles sont bâties
en blocs de pierre de taille poses en
assises réglées: on ne voit plus les ves-
tiges que d’une seule porte ou plutôt
d’une poterne qui conduisait au port.
Elle est sans ornement, la baie est sur-
montée d’une architrave.
Le port du sud, celui que Tite-Live
distingue par les mots ante urbem,
tandis que le port de Sigadjik était
désigné comme étant a tergo urbis, est
aujourd’hui converti en marais. On voit
les vestiges d’un môle au milieu des
alluvions, mais rien de ce qui peut cons-
tituer un arsenal maritime.
La petite ville de Sévri hissar est à
quatre kilomètres au sud-est de Téos sur
la route de Smyrne; elle ne mériterait
aucune mention spéciale si on n’y eût
transporté comme à Sigadjik un certain
nombre de débris des monuments de
Téos. Elle est située dans un vallon où
prend naissance le ruisseau qui va se
jeter dans le port; ce qui attire surtout
l’attention, ce sont de grands blocs de
marbre dont l’usage n’a pas encore été
deviné; les plus grands ont environ trois
mètres en tous sens, les autres ont
moins de deux mètres : ce sont des grands
cubes taillés à facettes prismatiques
formant autant de tablettes ou de
petits escaliers, on ne saurait mieux les
comparer qu’à d’énormes cristaux de
sulfate de soude ; ils portent presque
tous des fragments d’inscriptions latines
inintelligibles, on y lit surtout l’indica-
tion Loco III1 : jusqu’ici ceux qui ont
voulu expliquer l’usage de ces blocs
n’ont abouti qu’à des conjectures peu
satisfaisantes.
 
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