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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0378

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368

L’UNIVERS.

lorsqu’ils sont retenus à l’entrée du ca-
nal de Chio. Toutes les maisons sont
bâties en pierres, blanchies à la chaux
et couvertes en terrasses. Quelques dat-
tiers plantés çà et là achèvent de lui
donner un aspect tout à fait oriental.
On peut facilement trouver des che-
vaux pour se rendre aux ruines d’Éry-
thræ, situées à vingt-deux kilomètres au
nord de la ville, en longeant le bord de
la mer; la route est très-accidentée, en-
trecoupée de collines et de ravins for-
més par les contreforts du mont Mimas.
En sortant de Tchechmé ;on con-
tourne un mamelon assez élevé qui dé-
fend la ville et la rade de l’action des
vents du nord ; on descend ensuite dans
un vallon où se trouvent des eaux ther-
males avec un établissement rustique ,
fréquenté par les habitants de la pres-
qu’île; ces bains n’ont jamais été men-
tionnés par aucun auteur moderne; ce
sont certainement les bains cités par
Pausanias comme existant « près du
promontoire Macria, les uns creusés
naturellement dans le roc au bord de la
mer, les autres faits de main d’homme
et fort ornés (1). » Un ruisseau qui
n’a pas de nom aujourd’hui arrose la
vallée des bains ; on est là à moitié route
entre Tchechmé et Érythræ : on a encore
à franchir deux ou trois côtes assez
abruptes. En contournant les sinuo-
sités du rivage, on a sur sa gauche
la mer du canal de Chio et une infinité
de petites îles qui se détachent comme
autant de points lumineux sur le som-
bre azur delà mer. Quelquefois la route
domine de véritables précipices ; enfin
on arrive aux ruines d’Érythræ qui pré-
sentent l’aspect de la plus complète dé-
solation.
L’assiette de la ville était très-forte :
on peut encore suivre dans tout son
pourtour la ligne de circonvallation.
Les murailles formaient presque un
demi-cercle qui comprenait la largeur
de la baie d’Érythræ ; elles ont le carac-
tère de la plus haute antiquité, sont
bâties en grands blocs de trachyte rouge,
entremêlés çà et là d’assises de pierre
calcaire. Elles sont défendues par des
tours carrées de très-solide construc-
tion, espacées de vingt-cinq à trente

mètres. Du côté de l’est on entre dans
la ville par une brèche où l’on recon-
naît les vestiges d’une porte, mais un
montant seul est en place.
Les murailles descendent ensuite
dans la partie plane de la ville, et re-
montent une seconde ligne de collines
pour arriver à l’acropole, bâtie au nord
sur le sommet d’un mamelon.
Le rocher entaillé par banquettes ser-
vait de fondation aux murailles dont
la construction rappelle celle des murs
d’Assos, c’est-a-dire que ces murs da-
teraient du cinquième siècle avant notre
ère : près de l’acropole est une autre
porte tout aussi ruinée. L’acropole a
été en grande partie réparée à l’époque
byzantine : on reconnaît dans les mu-
railles un grand nombre de fragments
antiques et quelques inscriptions.
Avant de rechercher les derniers ves-
tiges de l’ancienne Érythræ, nous de-
vons nous arrêter un moment pour ob-
server la singulière conformation du sol
de cette ville, qui appartient à la masse
du mont Mimas, et qui représente en
moindres proportions la formation gé-
nérale de la montagne.
Érythræ est entourée de collines de
calcaire, marbre bleu, mais l’acropole
et les bases de toutes les collines sont
toutes composées de trachytes rouges ;
on les retrouve a l’acropole sous forme
d’un mamelon isolé qui a surgi du mi-
lieu de la plaine. Non loin de la , les ro-
ches calcaires apparaissent à la surface
du sol, de sorte que l’expansion des tra-
chytes de dessous les roches calcaires est
si visible, qu’on assiste pour ainsi dire à
l’expansion des roches ignées, comme si
elle avait lieu de nos jours ; ce sont ces
trachytes qui ont servi à bâtir les mo-
numents d’Erythræ. Tous les édifices
étaient rouges, et le nom du fondateur
Érythrus était on ne peut mieux en
harmonie avec la couleur de la ville (1 ).
Du pied des collines de l’est sort une
source abondante qui forme un petit
cours d’eau : c’est le fleuve Al eus cité par
Pline; un autre cours d’eau arrose Je
pied des collines du nord.
Au centre de la ville est un exhaus-
sement de terrain taille en rectangle et
formant une grande terrasse soutenue

(r) Pausanias, livre VII, ch. 5.

(i) Erythros, rouge.
 
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