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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0399

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ASIE MINEURE.

389

lèlement aux diagonales, formant ainsi
une espèce de pyramide, qu’ils recou-
vrent avec des feuilles et de l’argile.
Au nord de la ville d’Ouschak, dans
le lieu nommé Ilesler kaïa si, qui
paraît correspondre à la position de l’an-
cienne Acmonia, on voit un vaste cra-
tère, dont le fond est rempli par des
scories et des cendres, et dont les flancs
intérieurs sont composés de tuf grisâtre,
exactement semblable à celui de la
campagne de Rome. La partie supé-
rieure du sol est recouverte d’une lave
violette contenant quelques cristaux de
feldspath, et mélangée avec une pâte de
cendres et de scories. Cette formation a
une hauteur de plus de trente mètres ; les
rocs du côté de la vallée présentent une
surface absolument verticale, qui repose
sur une couche inférieure de cendres ag-
glomérées. C’est dans ce tuf que sont tail-
lées certaines grottes, qui, à une époque
reculée, ont dû servir d'habitations, car
on n’y trouve rien de ce qui est néces-
saire pour les sépultures. Elles sont or-
dinairement composées de plusieurs
pièces qui se communiquent entre elles,
et qui sont éclairées par des fenêtres.
Ou voit aussi dans le voisinage des
chambres sépulcrales qui renferment
des sarcophages.
Les montagnes du sud, qui dépendent
de la Phrygie appelée plus tard Salu-
taris, et dans lesquelles se trouvaient
les villes de Beudos, de Synnada et de
Docimæum, sont également volcani-
ques, et renferment des milliers de
grottes et de catacombes, qui prouvent
qu’à une époque reculée une population
considérable couvrait cette contrée. Les
chaînes de montagnes qui traversent la
Phrygie catacécaumène et la Phrygie
Salutaire soutiennent, en quelque sorte,
les grandes plaines, à peine ondulées
par quelques collines, qui forment la
Phrygie centrale, dont la ville princi-
pale était Laodicée. Tout ce pays est
sans bois; aussi, dans l’antiquité, les
Phrygiens avaient-ils l’habitude de creu-
ser leurs habitations dans de petits ter-
tres naturels, et d’y pratiquer des che-
mins voûtés. Vitruve (1) remarque par-
ticulièrement cette manière de bâtir des
Phrygiens, qui choisissaient pour éta-

blir leur demeure des tertres naturels.
Ne semble-t-il pas que ces habitudes
se soient perpétuées dans l’antiquité, et
aient conduit les habitants à s’établir
dans les cônes naturels de la Cappadoce,
qui seront l’objet d’une étude particu-
lière? Il y a encore beaucoup de villa-
ges qui ne sont pas construits avec plus
d’art ; les maisons sont à moitié enfouies
dans la terre ; mais les perches qui les
recouvrent sont posées horizontalement,
et forment une espèce de terrasse faite
de terre battue.
Le plateau central de la Phrygie s’é-
lève à plus de douze cents mètres au-
dessus du niveau de la mer ; aussi, mal-
gré sa latitude méridionale, l’oranger,
l’olivier et le figuier ne croissent-ils
nulle part dans le pays. Strabon cite
un petite plaine (1) qui produisait des
oliviers; mais aujourd’hui on n’en
trouve plus dans ces cantons. L’hiver y
est quelquefois assez rigoureux, et on
voit la neige rester plusieurs semaines
sur la terre.
La partie centrale du pays est occu-
pée par un lac salé d’une grande éten-
due, et que les anciens connaissaient
sous le nom de lac Tatta (2); ses eaux
sont tellement chargées de sel, que
pendant l’été il se dépose sur les bords
sous la forme d’une croûte blanche. Il
n’a pas une grande profondeur, car on
remarque encore une chaussée cons-
truite sans doute au moyen âge, et qui
est aujourd’hui complètement couverte
par les eaux. Il est au sud de la contrée
appelée Haïmanah par les Turcs, et qui
appartenait à la Galatie.
Au midi du royaume, plusieurs au-
tres lacs d ’une étendue moins considé-
rable se trouvent dans la partie mon-
tagneuse , et reçoivent les faibles ruis-
seaux qui arrosent la contrée : car le
terrain , formant des ondulations irré-
gulières, laisse épancher dans des di-
rections différentes ses eaux, qui s’éva-
porent pendant l’été.
(1) Strabon, lib, XII, p. 077.
(2) Strabon, lib. XII, p. 568,

(1) Vitruve, id. ibid.
 
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