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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0400

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390

L’UNIVERS.

CHAPITRE IX.

SANGARIUS—SAKKARIA.

Le grand fleuve phrygien, celui qui
dans son parcours réunit les eaux de
tout le plateau de la grande Phrygie , le
Sangarius, appelé aujourd’hui Sakkaria,
est resté jusqu’à notre âge un des cours
d’eau les moins connus de l’Asie Mi-
neure. Dans l’ignorance ou l’on était
de la constitution de ses nombreux
affluents, la géographie historique ne
pouvait faire un pas sans s’égarer; les
villes anciennes placées dans le bassin
de ce fleuve restaient inconnues; nul
ne pouvait imaginer que le cours su-
périeur se composât de trois branches
principales. Les anciens géographes
avaient gardé le silence sur ce fait im-
portant, et parmi les modernes, plus
d’un voyageur érudit avait longé le cours
du Sangarius, sans se douter qu’il fût
sur le bord d’une branche de ce fleuve.
La géographie de cette partie, de l’Asie
Mineure restait dans une obscurité com-
plète, que ni l’esprit judicieux de Dan-
ville, ni les combinaisons deRennel ne
pouvaient parvenir à dissiper : le pre-
mier faisait tomber dans un lac le cours
supérieur ou rivière d’Angora; le se-
cond, au lieu de mettre la ville de Pes-
sinunte dans la grande vallée près des
sources du fleuve, plaçait cette ville au
nord dans une vallée transversale. Le
colonel Leake, dérouté par les itiné-
raires, plaçait Pessinunte sur la rive
nord du Sangarius, dans le voisinage de
Beybazar, et Gordium dans les régions
inférieures du plateau de Galatie. Voilà
où en étaient les connaissances géogra-
phiques de ces régions, lorsqu’en juin
1834, je déterminai pour la première
fois l’identité de cette rivière avec le
Sangarius. Le résultat de ces observa-
tions fut d’abord la découverte de Pes-
sinunte, et l’explication d’une foule de
passages d’auteurs anciens qui jusqu’a-
lors étaient restés inintelligibles; en un
mot on pouvait dresser la carte de la
Phrygie sur des bases toute-s nouvelles.
Le savant Car! Ritter, gui, dans ses ou-
vrages, tient à rendre à chacun la justice
qui lui est due, s’est attaché à cons-

tater ce fait avec plus de soin que je ne
l’eusse fait moi-même (1).
Après avoir franchi du sud au nord
la branche méridionale du fleuve, mon
étonnement fut grand de me trouver
deux jours après sur la rive gauche
d’une grande rivière, que les indigènes
nommaient encore Sakkaria, c’est alors
seulement que le mystère géographique
me fut expliqué. Depuis ce temps plu-
sieurs voyageurs ont fait connaître dans
tout ses détails, le cours singulier de
ce fleuve qui reflète la conformation
exceptionnelle du pays.
Strabon détermine d’une manière
assez exacte la position de la source du
Sangarius. « Entre Héraclée et Chalcé-
doine coulent plusieurs fleuves, du
nombre desquels sont le Psillis, le Cal-
pas et le Sangarius. Ce dernier prend
sa source dans un bourg nommé San-
gia, à environ cent cinquante stades,
27 kil. 70, de Pessinunte; il traverse la
plus grande partie de la Phrygie Épic-
tète, et une partie de la Bithynie, de
sorte qu’il n’est guère éloigné de Nico-
médie, de plus de trois cents stades,
55 kilomètre 50, à l’endroit où il reçoit
le Gallus (2), qui a sa source à Modra
dans la Phrygie Hellespontique. Le San-
garius devenu navigable borne la Bi-
thynie vers la côte où il se décharge et
devant laquelle est l’île de Thynia (3). »
Pline, qui parle plusieurs fois du San-
garius (4), ne dit jamais que ce fleuve
est formé de plusieurs branches; il en
résulte ce fait, que, pour les anciens , le
Sangarius n’avait qu'une seule source ,
au bourg Sangia, et que les autres cours
d’eau avaient des noms différents qu’ils
n’ont pas mentionnés. Les modernes au
contraire, ne donnaient le nom de San-
garius qu’au cours d’eau supérieur. Les
indigènes l’appellent en effet Sakkaria,
mais négligeaient la branche méridio-
nale, qui est le vrai Sangarius ; de là
toutes les erreurs et les incertitudes des
géographes.
Le Sangarius a porté différents noms
(i) Cari Ritter Erdkunde, t. IX, p. 45o,
458-588. Hamilton, Researches in Asia Mi
nor, t. I, 438.
(a) Voyez page 91.
(3) Strabon, XII, 543.
(4) Liv. V, 3a.
 
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