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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0411

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ASIE MINEURE.

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résista pas à l’intensité de la chaleur;
tout le portique méridional, le mur de
la Cella et la façade s’écroulèrent avec
fracas, et les sauvages habitants furent
à peine détrompés en voyant la preuve
manifeste de leurstupidité; ils restèrent
convaincus qu’un génie malfaisant déro-
bait les trésors à tous les regards; et
aujourd'hui même, le Turc qui me
racontait ce fait, me disait, en montrant
les inscriptions : « Celui qui parviendra
à déchiffrer ces signes deviendra pos-
sesseur des biens qui nous échappent. »
La tradition de cet incendie est restée
parmi les Turcs, mais ils ne peuvent
pas bien en préciser l’époque; elle est
antérieure à la naissance des plus vieux
habitants. En examinant la masse de
décombres qui entourent l’édifice, et
qui, aujourd’hui, est recouverte par
une terre végétale assez épaisse, on est
porté à croire que cet événement eut
lieu vers le commencement du dernier
siècle. I)u reste, la trace d'un feu vio-
lent est restée empreinte sur l’intérieur
des murs de la Cella, et prouve que
l’édifice n’a péri qu’à la suite d’un in-
cendie. 11 manque au temple, aujour-
d’hui, trente et une colonnes; les deux
qui étaient à l’angle sud-ouest gisent
au pied de l’édifice; deux autres qui
manquent à la face septentrionale se
retrouvent également en avant du por-
tique; mais des vingt-sept autres on n’en
voit pas de vestiges. Or, ces colonnes,
étant d’une seule pièce , n’ont pu évi-
demment être anéanties que par le feu.
D’après l’état actuel des ruines du tem-
ple d’Aizani, il est à croire cependant
qu’il n’était pas parfaitement complet
lorsqu’il a été incendié , car rien n’ex-
pliquerait la chute de la corniche et de
la frise des faces du nord et du couchant.
Aujourd’hui, les colonnes sont seule-
ment couronnées par l’architrave, et il
ne reste en place aucun morceau de
frise et de corniche. J’ai la conviction
que des fouilles opérées au pied de l’édi-
fice mettraient a découvert de nom-
breux fragments de sculpture. Tout le
fronton occidental est probablement
enseveli sous le sol voisin.
Le temple est d’ordre ionique, le
fut de la colonne est composé d’une
seule pièce de marbre de 8m520 de
longueur; mais en y comprenant la
26e Livraison. (Asie Mineuse.)

partie du fût attenant au chapiteau jus-
qu’à l’astragale, la hauteur du fût est
de 8n'7O5 et la hauteur totale de la co-
lonne 9m504. Cette proportion est plus
élancée que celle des autres ordres de
l’Ionie, mais elle a beaucoup de rapport
avec celle du temple d’Érechthée, à
Athènes. Le fût delà colonne a des can-
nelures qui sont formées par un demi-
cercle, et il est remarquable en ce que,
dans la partie supérieure, chacune des
cannelures est décorée d’un petit vase
en relief, ajustement qui ne se trouve
dans aucun autre édifice. Les propor-
tions du chapiteau ne le cèdent point à
celles des beaux temples deî’Ionie; il
est décoré dans le cavet supérieur,
entre le quart de rond et le filet des vo-
lutes, d’un fleuron en haut-relief qui
garnit cette partie du chapiteau. L’ar-
chitrave est très haute : selon les pro-
portions des temples grecs, elle est
décorée d’un cavet et d’un quart de
rond, et chacune des faces porte à sa
partie supérieure un rang de perles. La
frise, qui est d’un caractère particulier,
est ornée de grandes consoles en forme
de volutes, soutenues par des feuilles
d’acanthe. Cet ajustement a tout a fait
le caractère ionique et produit un
très-bel effet. Pour ceux qui doute-
raient que le fragment trouvé près de
l’escalier appartînt bien à la frise du
temple, il y a une preuve convaincante :
c’est que fa distance d’axe en axe entre
les volutes est de 0ni63i, et que cette
distance correspond positivement à la
distance d’axe en axe de six des den-
ticules de la corniche; d’où il suit que
chaque volute porte un denticule et se
trouve d’aplomb au-dessous d’un modil-
lon. L’intervalle entre chaque volute
est orné de fleurons variés et se trouve
également à l’aplomb de l’autre mo-
dillon. Le même ajustement se retrouve
dans l’architrave, l’axe d’un ove est à
l’aplomb de chaque volute.
La base de la colone est d’ordre io-
nique : elle porte deux scoties séparées
par un double filet et un gros tore dont
la courbure n’est point un arc de cercle
comme aux bases romaines , mais une
courbe dont la rentrée est beaucoup
plus forte en bas qu’en haut. La forme de
cette courbure est sans doute motivée
sur ce que la perspective déforme les
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