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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0440

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430

L’UNIVERS.

grande decadence ; elle ne se distingue
plus que par l’extrême bon marché de
ses produits, fusils et pistolets, qui sont
achetés par les nomades; pour vingt-
cinq francs on peut se procurer un
fusil.
La culture de l’opium est la grande
occupation des habitants de Kara his-
sar ; toute la grande plaine qui s’étend
en avant de la ville est semée en pavots.
Les semailles se font à la fin de l’hiver,
mais on peut faire une récolté d’automne
en semant a la fin du printemps.
On cultive généralement le pavot
blanc à fleurs simples. Lorsque les fleurs
sont tombées, des hommes et des fem-
mes vont dans les champs, et fendent
horizontalement la tête du pavot; il en
sort une liqueur blanche qui se fige aus-
sitôt et qui n’est autre chose que l’o-
pium. Le lendemain on va récolter cet
opium en grattant la plante avec un cou-
teau ; on en fait des boules de la gros-
seur du poing, et on l’enveloppe dans
des feuilles de pavot : c’est en cet état
qu’il est livre au commerce.
Depuis 1832 le commerce de cette
drogue est un monopole du gouverne-
ment, qui l’achète sur le pied de cin-
quante piastres les 250 drachmes. Il
est revendu au commerce sur le pied
de cent quatre-vingts à deux cents pias-
tres. Les habitants ne se plaignent pas
de ce monopole, parce qu’ils trouvent
sans peine un débouche certain.
Le grand cône volcanique qui do-
mine la ville est le résultat d’un sou-
lèvement trachytique très-remarquable,
dont les effets se sont étendus à plu-
sieurs kilomètres aux environs. Il forme
comme le centre d’un épanchement qui
a engendré autour du grand cône une
série de monticules de même nature ro-
cheuse, ces montagnes n’atteignent pas
la moitié de la hauteur du grand
cône; l’examen de la planche représen-
tant le rocher de Kara hissar fera faci-
cilement comprendre la disposition res-
pective de ces éruptions (1).
(i) Voyez la vue de Kara hissar.PI. 45.

CHAPITRE XXXIII.
SYNNADA.
Synnada était le chef-lieu de la
Phrygie centrale, et réunissait sous sa
juridiction un grand nombre de petites
villes, telles que Docimia, Beudos, Ana-
bura et Euménia. Elle devait sa fonda-
tion à un certain Acamas, qui après la
guerre de Troie vint s’établir en Phry-
gie, et appela autour de lui de nom-
breux colons de Macédoine. La ville
fut d’abord appelée Synnaia, nom dont
le sens impliquait une assemblée de
colons, puis par corruption Synnada (1).
Étienne de Byzance fait remarquer que
le bourg Docimia était très-voisin de
cette ville. Strabon ajoute quelques
renseignements géographiques utiles
pour bien déterminer la position de
cette place. « Synnada, petite ville, est
située à l’extrémité d’une plaine longue
d’environ soixante stades, onze kilo-
mètres , et plantée d’oliviers. Au-dela
de cette plaine on trouve le bourg Doci-
mia et la carrière de marbre synnadi-
que, comme le nomment les Romains,
car chez les indigènes il se nomme Do-
cimite ou Docimée. Dans le commen-
cement, on ne tirait de cette carrière
que des blocs de médiocre grandeur;
mais aujourd'hui le luxe des romains
en tire des colonnes d’une seule pièce,
qui se rapprochent de l’albâtre pour
la variété des couleurs, et quoiqu’il y
ait fort loin pour voiturer de tels far-
deaux jusqu’à la mer, on ne laisse pas
de transporter à Rome des colonnes
et des tables d’une grandeur et d’une
beauté surprenantes (2). »
Cicéron désigne cette ville sous le nom
de Forum synnadense (3) ; il traversa
cette ville lorsque partant d’Éphèse il se
rendit en Cilicie , en passant par Laodi-
cée, et A pâmée.
Manlius traversa Synnada, en mar-
chant contre les Gaulois; nous la re-
trouvons, ensuite nommée parmi les
évêchés de la Phrygie Salutaire : son
nom rentre peu à peu dans l’oubli, dès
qu ’on cesse d’exploiter ses carrières ,

(1) Ét. Byz„ voc. Synnada.
(2) Strabon, XII, p. 577.
(3) Ad Att. V, ai.
 
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