Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0453

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ASIE MINEURE.

443

l’architecture antique. Partout ailleurs
on aurait mis là des colonnes. En effet,
le pilastre vu en perspective est tou-
jours d’une forme désagréable, puisque
sa grosseur varie entre la diagonale et
le côté du carré, selon l’angle sous le-
quel il est observé. Cet inconvénient n’a
pas lieu pour des colonnes rondes ; aussi
dans la bonne architecture ancienne,
les pilastres n’ont jamais été employés
qu’engagés dans quelque construction.
Les pilastres sont d’une seule pièce;
ils sont faits d’une brèche de tuf d’une
couleur assez agréable, mais qui n’est
susceptible d’aucun poli; il" y a quel-
ques-uns de ces filts qui se sont courbés
sur eux-mêmes, comme une poutre mal
séchée; c’est un phénomène extrême-
ment curieux , dont la cause est due,
sans doute, à la présence d’une grande
quantité d’eau de carrière dans cette
roche. Il ne reste plus rien de la cou-
verture des deux hémicycles, qui cer-
tainement n’étaient pas à ciel ouvert
comme la cour. La destination de ces
hémicycles paraît se rapporter à ce que
Vitruve appelait scholœ (1) dans les
thermes anciens ; c’est là que se rassem-
blaient, pour converser, les philoso-
phes et les oisifs. Il n’est plus humaine-
ment possible de rendre compte de la
nature du sol de cet édifice, ni de voir
s’il y avait des baignoires, des bassins
et autres dispositions usitées dans les
thermes. Il est, d’ailleurs, inutile de
contester sérieusement l’opinion de
ceux qui veulent voir dans ces ruines
les débris d’un gymnase : car il y avait
toujours des bains dans ce dernier édi-
fice, et dans les bains il y avait toujours
des salies destinées aux exercices du
corps et aux jeux de l’esprit. On ne doit
pas être surpris-de retrouver dans un
même édifice les dispositions de l’un
et de l’autre établissement. Il est peu
important de s’attacher à déterminer
l’âge de ce monument; car toutes les
villes de ces contrées ont été presque
entièrement renouvelées à l’époque des
Antonins, par suite des tremblements
de terre, et aussi par l’introduction des
mœurs et de la civilisation romaines
parmi les peuples de l’Asie.
Tous les monuments qui se trouvaient
(r)-Vitrnve; liv. V, cap. io.

entre les thermes et le théâtre sont au-
jourd’hui ensevelis dans le sol. Il paraît
qu’à une certaine époque de notre âge il
y avait encore un peu de population dans
ces ruines, car on trouve une multitude
de petits murs faits avec des débris anti-
ques, et qui semblent avoir été cons-
truits pour enclore des héritages ; mais
le tuf calcaire gagnant toujours a réduit
ces pauvres champs à une stérilité com-
plète. En allant des thermes au théâtre,
nous passons près du bassin que nous
avons décrit, laissant à droite et à gau-
che des murailles sans forme et sans
nom , et d’une époque indéterminée.
CHAPITRE XL.
LE THÉÂTRE.
En avançant dans l'intérieur de la
contrée, on marche de surprise en
surprise, en observant les nombreux et
magnifiques théâtres qui décoraient les
villes de ces riches provinces. Là, tout
est disposé pour une vie de plaisir et de
repos. De nombreux portiques qui
abritaient les citoyens, des fontaines
qui tempéraient l’ardeur du climat, et
des ombrages frais sur ces montagnes
aujourd’hui dépouillées, voilà le tableau
que présentent à l’imagination les rui-
nes austères de ces cités désertes. On
est d’autant plus surpris en entrant
dansl’enceinte du théâtre deHiérapolis,
que rien n’y retrace le ravage de
l’homme. On voit que les décombres
qui remplissent l’orchestre se sont ac-
cumulés là par l’effet du temps; mais
l’œil n’est pas affligé de l’aspect de ces
cabanes, de ces tristes masures qui,
dans nos villes d’Europe, enlèvent aux
ruines tout leur intérêt poétique. Quoi-
que Hiérapolis ait été bien souvent vi-
sitée et décrite, il n’y a pas encore un
voyageur, cependant, qui ait eu la cons-
tance d’en mesurer les ruines d’une
manière complète. Il y a, en effet, un
obstacle majeur ; c’est que ces lieux
sont complètement privés d’eau douce ;
on en trouve à peine dans un puits situé
à une demi-lieue de là, au pied de la
colline, et dont les familles turcomanes
défendent l’approche avec une jalousie
peu commune. Il est donc extrême-
ment difficile de séjourner dans la ville
 
Annotationen