Texier, Charles: Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie (Paris, 1862)

ASIE MINEURE.

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son oracle, son nom fut ensuite changé
en celui de Juliopolis. Manlius trouva
la ville pleine de marchandises, et fit un
riche butin : la place était déserte (i).
Manlius apprit de son allié Eposogna-
tus que les Gaulois refusaient tout ar-
rangement, et que les Tolistoboiens
s’étaient retirés dans les hautes vallées
de l’Olympe. Les Tectosages occupaient
le mont Magaba ; cette montagne était
à l’est d’Ancyre, et paraît ê-tre identique
avecl’Elma dagh. Le reste de la nation,
les Trocmiens, s’étaient retirés dans
des camps retranchés ou des Oppida,
à l’abri desquels ils croyaient pouvoir
braver les armes romaines.
Ces trois peuples avaient alors pour
chefs Ortiagon, Combolamare et Gau-
lotus. Plusieurs de ces Oppida ont été
retrouvés dans les montagnes au-dessus
d’Ancyre, et notamment à Kizil euren.
Les Gaulois ne pouvaient croire à une
attaque des Romains; ces derniers
avaient reconnu que du côté du midi la
montagneétait accessible,tandis que du
côté du nord les rochers étaient coupés
à pic.
L'attaque des Romains fut aussi vi-
goureuse que bien combinée; les Gau-
lois , forcés dans leurs retranchements
après une résistance héroïque, furent
contraints de faire leur soumission. Cet
effort suprême pour conserver leur in-
dépendance coûta aux Gaulois quarante
mille des leurs tombés sous les coups
des Romains, et dix mille prisonniers.
CHAPITRE LI.
VILLES DE LA. GALATIE SALUTAIRE.
On a donné le nom de Galatie Salu-
taire, Galatia Salutaris, à la région sud
de cette province, à cause des sources
thermales qui abondent dans certains
cantons; c’est la contrée qu’on appelle
aujourd’hui Haïmanah ; son caractère
principal est d’être à peu près com-
plètement privée de bois, aussi les
Grecs la désignaient-ils sous le nom de
Axylon. Les habitants alors comme
aujourd’hui se procuraient les éléments
(1) Aboyez, par? 465.
(2) Tit.-Liv,, Liv. XXXVIII,ch. 12-22,

du chauffage au moyen de la fiente des
bestiaux.
Le Haïmanah se compose d’un vaste
plateau élevé en moyenne à sept cent
cinquante mètres au-dessus de la mer,
bien arrosé par le Sangarius, dont le
cours forme un grand arc de cercle
ouvert vers le nord, et d’une infinité de
sources abondantes.
Aussi, malgré la pénurie de bois,
cette province était-elle, dans l’anti-
quité, couverte de villes dont on re-
trouve à peine les vestiges. Les prin-
cipales villes de la Galatie Salutaire qui
devinrent plus tard des évêchés sont
les suivantes :
Pessinus, Tricomia, Plitendus, Tys-
con, Germa, Amorium, Abrostola et
Orcistus. De ce nombre il y en a trois
dont l’emplacement est encore inconnu :
elles sont toutes situées au sud de la
route qui joint Séid el Ghazi à Sévri
hissar.
Il est presque impossible de détermi-
ner les limites de cette province du
côté du sud, attendu que depuis la con-
quête romaine jusqu’à la fin de l’em-
pire byzantin, elles ont été très-va-
riables, et se sont étendues jusque dans
la Phrygie Parorée ; la Galatie, sous le
gouvernement d’Amyntas, a même en-
clavé dans ses frontières la Pisidie et
l’Isaurie.
Si les études qui ont été faites dans
ces dernières années laissent encore
quelques lacunes dans la liste des an-
ciennes villes, la détermination du cours
-’du Sangarius et du site de Pessinunte a
permis d’établir un réseau géographi-
que plus exact, conforme aux données
historiques. Les sites d’Amorium et
de Germa complètent les traits ies
plus saillants de cette topographie, et
aujourd’hui les voyageurs géographes
peuvent s’établir sur une base plus
certaine pour retrouver les anciennes
villes restées inconnues.
La distance entre Séid el Gbazi et
Sevri hissar, est de seize heures de
marche d’après le tarif de la poste, mais
en réalité elle n’est que de quatre-
vingts kilomètres. La route, qui suit la
direction de l’est, n’est variée par aucun
accident de terrain : c’est toujours une
plaine nue plus ou moins ondulée, dans
laquelle de nombreux torrents d’hiver