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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0485

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ASIE MINEURE.

475

tJie ; ce qui expliquerait le sentiment de
crainte et de respect de ces peuples pri-
mitifs pour un phénomène encore si
peu expliqué, et ôterait à ce fait son
caractère absolument fabuleux.
Voici la description qu’en donne
l’auteur chrétien : « Ce n’est pas autre
chose qu’une pierre noire de petite di-
mension apportée de Phrygie et qui ne
porte aucune trace du fer ou du travail
de l’homme; elle est d’une couleur fon-
cée et noire, d’une forme inégale avec
des angles proéminents, et nous l’avons
vue nous-même fixée à la place de la
bouche de la statue, ce qui nuit à l’ex-
pression de la figure (1). » Cet usage d’en-
châsser la pierre dans le visage d’une
statue, pour y tenir lieu de bouche, est
confirmé par deux vers de Prudence.
11 faut peut-être voir l’image de cette
pierre mystérieuse dans les bœtyles que
les prêtres de Cybèle gardaient sur la
poitrine, et dont quelques-uns étaient
gravés, et portaient la figure de la
déesse, ainsi qu’on le remarque dans
un dessin donne par Montfaucon (2).
Ce simulacre, conservé précieusement
à Rome, fut transporté par l’empereur
Héliogabale, ainsi que le feu de Vesta
et le palladium, dans un temple qu’il
avait fait élever au dieu dont il portait
le nom (3).
Quoique Pessinunte eût été très-célè-
bre dans l’antiquité parle culte de la mère
des dieux, qui attirait des adorateurs
de toutes les parties du inonde connu,
nous la voyons disparaître dans les
premiers siècles du christianisme, et
tomber dans un oubli si profond, que
de nos jours son emplacement même
était inconnu. Les voyageurs qui par-
courent l’Asie dans les deux siècles der-
niers la cherchent vainement sur les
bords du Sangarius , sans s’écarter de
quelques milles du fleuve, pour retrou-
ver la route qui joignait Nicée à Amo-
l’ium, sur laquelle la ville était située,
d’après les tables et les itinéraires. C’est
à cette persistance à trop s’approcher
du fleuve qu’ils durent le peu de succès
de leurs explorations.
En cherchant les traces de Pessinunte,
(1) Arnobe, loco citato.
(2) Montfaucon, Dessin d'un archigalle.
(3) Lampridius. Hist. Aug.

j’étais moi-même disposé à suivre le
grand cours du Sangarius, en négli-
geant les affluents méridionaux , dont
les voyageurs n’avaient pas assez tenu
compte. Lorsque j’explorai la plaine
qui sépare Seid el Ghazi de Sevri hissar,
je reconnus les ruines de plusieurs
places, dans lesquelles on remarque de
nombreux fragments antiques, mais
j’avais négligé d’en déterminer le nom,
préoccupé que j’étais de la recherche de
Pessinunte, dont la topographie est
donnée par Strabon, en ces termes :
« Pessinunte est la place de com-
merce la pl us considérable de ce canton ;
c’est là où est le temple de la mère des
dieux, qu’ils nomment Agdistis, et
pour laquelle ils ont une grande vénéra-
tion. Les grands prêtres de ce temple
étaient anciennement des espèces de
souverains, qui jouissaient de revenus
considérables attachés à la prêtrise. Au-
jourd’hui leur autorité est beaucoup
diminuée; mais le commerce de Pes-
sinunte subsiste toujours. Le temple et
les portiques de marbre blanc, dont la
construction est due aux rois de Per-
game, ornent le bois sacré d’une ma-
nière digne de la sainteté du lieu ; et
les Romains en ont augmenté la célé-
brité en transportant de Pessinunte à
Rome, d’après les oracles de la Sibylle,
la statue de la déesse, de même qu’ils
avaient fait pour l’Esculape d’Épidaure.
Au-dessus de Pessinunte, s’élève le mont
Dindymum , ce qui a fait donner à la
déessele surnom de Dindymène, comme
elle a été nommée Cybèle des monts
Cybèles. Près de la ville coule aussi le
fleuve Sangarius, sur lequel on retrouve
les anciennes habitations des Phrygiens,
savoir celles de Midas, et avant lui de
son père Gordius et de quelques autres.
Elles n’ont même pas conservé de traces
de villes ; ce ne sont plus que des bourgs,
un peu plus grands que les autres (1). »
Pessinunte n’était pas, comme nous le
voyons par l’itinéraire d’Antonin , sur
le chemin d’Ancyre à Dorylée, d’Eski
clieher à Angora, mais se trouvait à une
petite distance de cette route, et à seize
milles de Germa. Strabon, en mention-
nant le bourg de Sangia, où se trouvait
la source du Sangarius, et en évaluant

(r) Strabon, liv. XII, p. 567.
 
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