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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0500

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L’UNIVERS.

Âpres tant de siècles d’occupation
étrangère, il est évident que la popula-
tion primitive a dû subir une altération
notable par le mélange du sang osmanli;
néanmoins tous les Européens qui ont
séjourné à Angora ont remarqué qu’elle
conserve un caractère particulier. Le
sang gaulois se reconnaît chez un grand
nombre de sujets qui ont une barbe
blonde et des yeux bleus. Cette obser-
vation faite en 1700 par Tournefort est
encore vraie de nos jours, et si le ca-
ractère gaulois de la population n’est
pas aussi vivace et aussi tranché que du
temps de saint Jérôme, on ne peut nier
qu’ii ne soit encore le type dominant sur-
tout chez les habitants de la campagne.
La langue celtique elle-même s’était
conservée dans la colonie gauloise plu-
sieurs siècles après son établissement, et
dans le quatrième siècle saint Jérôme
constatait que l’idiome national de la
population d’Ancyre était le même que
celui des habitants de Trêves, quand la
plupart des autres peuples de l’Asie
Mineure parlaient la langue grecque.
Cette observation de saint Jérôme tend
à prouver cependant que jamais le Cel-
tique ne fut une langue écrite ; on a en
effet retrouvé dans les ruines d’Angora
un grand nombre d’inscriptions grec-
ques et latines, mais on n’a jamais ren-
contré le moindre monument épigra-
phique en langue celtique.
Ancyre devint la proie des hordes tar-
tares : Broussa, Smyrne, Sébaste, eurent
le même sort; mais les Ottomans re-
prirent l’offensive quelques années plus
tard, et Mahomet Ier réunit Ancyre au
patrimoine des enfants d’Othman.
Malgré tous ses malheurs, la ville
moderne d’Angora est une des plus
peuplées de l’Asie Mineure. Elle doit la
prospérité relative dont elle n’a cessé
de jouir, à son heureuse situation, à
un climat admirablement sain, à un
sol fertile, et surtout à ses innombra-
bles troupeaux de chèvres, dont la
toison, d’une beauté unique, suffirait
pour enrichir une population double de
celle de la province.
Quoique le pays ne manque pas de
pierre à bâtir, l’usage général est de
construire les habitations avec des bri-
ques crues formant une espè-ce de pisé.
Ce genre de construction, qui remonte

à la plus haute antiquité, puisque les
villes de Babylone et de Ninive sont
bâties de la sorte, est répandu dans
toute la Perse, l’Assyrie et la Cappa-
doce. Il n’est point douteux que ce ne
soit la tradition qui ait conservé cet
usage dans des contrées où la pierre est
commune ; mais le bitume qui dans la
Mésopotamie, forme le ciment de ces
constructions , ne se trouvant point en
Phrygie, il s’ensuit que, malgré la
grande épaisseur des murailles, les
maisons n’ont aucune solidité. De plus,
comme on ne se donne aucun soin pour
orner l’extérieur, les rues de la moderne
Ancyre ont un aspect de tristesse que
n’ont pas les villes plus modernes.
La population se compose de Turcs,
d’Arméniens et de Grecs, et d’un cer-
tain nombre de familles arméniennes
catholiques, qui ont obtenu la per-
mission d’ouvrir une église. On évalue
toute cette population à 28.000 âmes;
mais la ville est assez grande pour en
contenir un bien plus grand nombre.
CHAPITRE LVII.
LA VILLE MODEllNE ET LES HABI-
TANTS.
Les murailles d’Angora du côté de la
plaine sont bâties avec des matériaux
tirés des anciens édifices et reliés avec
de la terre ; une partie de ces murs a
été relevée pendant la courte domina-
tion de Mehemet Ali en 1833 : le gou-
vernement Turc ne paraît avoir aucun
souci de l’entretien des villes de l’in-
térieur.
Le château qui domine la ville et qui
occupe certainement l’emplacement de
l’ancienne forteresse galate n’offre plus
aujourd’hui qu’un amas de construc-
tions incohérentes. Il est composé
d’une enceinte de murailles flanquées
de tours dans lesquelles on a employé
une quantité de matériaux antiques,
une seconde enceinte appelée InchKalé,
le châteauintérieur, était pendant notre
séjour à Angora tout à fait inaccessible :
on avait barré la porte en dedans et
l’on était sorti en franchissant le mur
avec une échelle ; ce fort ne renfermait
disait-on, que des vieux affûts et des
armes hors d’usage. Mais les souter-
 
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