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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0510

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LIVRE VH.

CAPPADOCE.

CHAPITRE PREMIER.
ORIGINE DU ROYAUME DE CAPPA-
DOCE.
Si l’origine des peuples qui occupaient
les provinces occidentale-s de l'Asie Mi-
neure laisse à la critique quelques points
qui ne sont pas encore complètement
éclaircis, on a du moins, pour appuyer
les hypothèses que nous avons présen-
tées , des données historiques suffisan-
tes et faciles à rassembler. 11 n’en est
pas de même des nations établies à l’o-
rient du fleuve Halys ; soumises à des
vicissitudes sans nombre, formées d’ag-
glomérations de peuples divers dont
l’origine est inconnue, nous n’avons
pas même, pour nous guider, les monu-
ments anciens, dont le caractère in-
dique les différentes phases d’une civi-
lisation. Des grottes taillées dans les
rochers, voilà les seuls vestiges que la
Cappadoce antique offre à l’observation.
Les anciens ont regardé les Cappa-
dociens comme une race composée d’un
mélange de Syriens et de peuples par-
lant un langage barbare, dernier reste
peut-être des aborigènes de la partie
occidentale, repoussés par les migra-
tions d’Europe. Le caractère de la con-
trée eut certainement une influence
notable sur la physionomie des habi-
tants. Jamais le goût des arts ne se ré-
véla chez eux; vivant dans de grandes
plaines sans arbres, occupant des villes
sans murailles, adonnés uniquement à
des travaux d’une agriculture ingrate,
on les voit seulement prospérer comme
pasteurs, et c’est l’élève du bétail de
toute espece qui fait la principale ri-
chesse de leurs princes. Ce trait les rap-
proche des Syriens du sud , et à défaut
de documents historiques qui attestent
l’introduction de la population syrienne
en Cappadoce, nous devons avouer que
500

le caractère particulier des ouvrages
des Cappadociens a plus d’analogie avec
ceux de l’Arabie et de la Syrie supé-
rieure qu’avec aucun autre peuple de la
presqu’île.
Ce fait avait sans doute été remarqué
par les anciens, et avait perpétué l’idée
de la fraternité qui avait dû exister en-
tre ces peuples. Leur culte d’ailleurs
portait une empreinte manifeste de la
théogonie orientale; et si l’on trouve les
noms des dieux de la Grèce répandus
dans le pays, c’est qu’ils étaient appli-
qués parles Grecs et les Romains à des
divinités cappadociennes (1). Le cuite
du feu, qui se perpétua en Cappadoce
longtemps après l’age romain (2), a été
introduit par des peuples étrangers,
avec celui de la déesse Anaitis. Strabon
atteste que de son temps les pyrées éle-
vés dans la plupart des provinces atti-
raient encore une foule d’adorateurs;
mais la vénération de tout le peuple
cappadocien était acquise à des divini-
tés indigènes, dont les temples effa-
çaient par leur magnificence toutes les
cérémonies du rnagisme. Ces temples de
Men, et de Mâ qu’il a plu aux Romains
de nommer Bellone (3), étaient de vé-
ritables centres de gouvernement dont
les pontifes étaient les rois. Tous ces
dieux ont été par la suite appelés dans
le panthéon romain, en quittant leurs
noms asiatiques pour prendre ceux de
Vesta , de Vénus-Uranie et de Lunus.
Le mot Men ne reparaît dans la langue
latine que pour former la racine du mot
Mensis, parce que la lune déterminait
la division des mois, comme cela a en-
core lieu chez tous les peuples orien-
taux.
Les royaumes situés à l’est de l’Eu-
(1) Strabon, XII. 535.
(2) Slrab., XV, ;33.
(3) César, de Bell, civil.
 
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