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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0511

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ASIE MINEURE.

501

phrate, l’Arménie et l’Assyrie, étaient
déjà parvenus à un très-haut degré de
prospérité, que la Cappadoce sortait à
peine du chaos; car à cette époque cette
contrée ne pouvait être, par sa consti-
tution physique, qu’un pays inculte et
presque désert, abandonné aux ravages
des feux souterrains, qui ont laissé par-
tout des traces de leur action. La popu-
lation éparse qui tentait de s’agglomé-
rer pour former un peuple, reçut par
ses rapports avec les Mèdes et lés Ar-
méniens les premiers éléments de civi-
lisation, et il est naturel de penser que
le culte du feu, déjà répandu dans l’Ar-
ménie et surtout dans l’Aeilicéné, fut
transporté de cette dernière province
en Cappadoce, longtemps avant l’arri-
vée des Perses. On ignore complètement
à quelle époque et sous quelle influence
les Leuco-Syriens firent cette irruption
vers le nord. Est-ce à l’époque des con-
quêtes de Sésostris? On ne saurait assi-
gner à ces migrations une antiquité plus
reculée; car il n’est pas probable que
la contrée fut habitable antérieurement
à cette époque.
Il ne faut pas s’étonner que nous fas-
sions si souvent intervenir les phéno-
mènes géologiques comme éléments de
discussion dans des questions purement
historiques. On est tenté de croire en
effet qu'il n’y a rien de plus rare que
ces terribles tremblements de terre, ces
convulsions du globe qui font glisser
les unes sur les autres les couches des
montagnes et viennent parfois inter-
rompre un cours d’eau pour le transfor-
mer en lac. Mais, sans remonter à ces
temps dont les annales sont perdues
pour nous, nous pouvons nous rendre
compte des changements opérés depuis
les temps historiques, sur certaines côtes
de l’Asie, dans presque tous les golfes
et aux embouchures des ïleuves. Par
suite des frémissements continuels du
sol,’ les terres ébranlées ont été empor-
tées par les eaux dans une proportion
dont on ne peut apprécier le rapport
avec les attérissements actuels.
L’expédition de Sésostris, qui enva-
hissait l’Asie 2700 ans avant J. C., fut
sans doute la principale cause du dé-
placement des populations du groupe
araméen, qui durent remonter l’Eu-
phrate à la suite de ses armées. Aucun

document ancien ne nous porte a soup-
çonner que ces peuples franchirent
l’Halys. Les Phéniciens s’établissaient
sur les côtes de la Cilicie, ils ne péné-
trèrent point au delà du Taurus, et se
contentèrent de négocier sur les côtes.
Mais c’est surtout de la part des conqué-
rants assyriens que la Cappadoce devait
recevoir le plus grand élan vers la ci-
vilisation. Les exploits de la grande Sé-
miramis sont encore célèbres dans ces
régions; ici c’est un fleuve, là un châ-
teau qui porte le nom de cette reine.
Depuis le sud de la Médie, qu’elle dé-
fendit par une muraille, encore debout,
entre l’Euphrate et le Tigre, jusqu’aux
plateaux élevés de l’Arménie, où elle
fonda la forteresse de Chah Miram
gherd, tous les pays.soumis à son em-
pire furent couverts de monuments qui
luttaient de grandeur avec ceux de l’É-
gypte , et qui surpassaient en utilité
tous ceux du monde entier. C’est a elle
que l’on doit les premiers grands che-
mins qui ouvrirent des communications
au milieu de montagnes inaccessibles et
de marais impraticables. Que tant d’ex-
ploits de tout genre soient regardés par
quelques auteurs comme l’ouvrage de
plusieurs princes, il n’en est pas moins
vrai que, chez les Orientaux, le nom de
Sémiramis partage avec ceux de Salo-
mon et de la reine de Saba, Bal-Kiz,
l’honneur d’avoir élevé tous les grands
monuments dont on voit encore les
ruines.
CHAPITRE II-
DOMINATION ASSYRIENNE.
Réunie au royaume d’Assyrie avec ce
qui forma depuis l’empire des Mèdes,
la Cappadoce comprenait à cette époque
la partie de la presqu’île qui s’étendait
de l’une à l’autre mer. Nous connais-
sons peu les villes dont l’origine remonte
à cette époque. On peut cependant citer
Mélitène, comme une des créations de
Sémiramis, et Anchialé comme rési-
dence aimée de Sardanapale, qui l’avait
bâtie et qui voulut y être inhumé. Les
Grecs eux-mêmes se taisent sur les
temps antérieurs, et Hérodote (1) nous
atteste que les Assyriens sont les plus
(r) Liv, I, §5.
 
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