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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0517

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ASIE MINEURE.

de tranquillité, car, pendant les deux
règnes suivants, c’est-à-dire jusqu’à l’a-
vénement du prince qu’on regarde
comme le cinquième du nom, l’histoire
n’a conservé aucun fait remarquable.
Depuis la mort de Pe^’diccas, il s’était
écoulé cent vingt-cinq ans, pendant les-
quels la Cappadoce resta stationnaire.
Les autres Etats de l’Asie, la Bithynie,
la Mysieettousles gouvernements grecs
s’étaient jetés avec ardeur dans la cul-
ture des lettres et des arts. C’était le
temps brillant de l’Asie Mineure. Les
temples brûlés par les Perses se rele-
vaient de toutes parts; et Alexandre,
pour stimuler un si beau zèle, prenait
une part directe à la renaissance de tant
de chefs-d’œuvre. Nous avons vu ce que
faisaient les rois de Bithynie pour tenir
leurs États au niveau de la civilisation
nouvelle. Au commencement du second
siècle avant i’ère chrétienne, le royaume
de Pergame, à peine constitué, s’élevait
au rang des plus florissants, etses princes
paraissaient moins rechercher la gloire
des armes que le titre de protecteurs
des beaux-arts. Les rois de Cappadoce,
unis d’amitié avec tous ces monarques,
ne paraissent donner aucune impulsion
au génie de leurs sujets, qui demeurent,
aux yeux des autres Asiatiques, comme
le type de la stupidité, qu'on ne pouvait
faire marcher que par le bâton : Cap-
padox verbercitus melior. Pendant que
de toutes parts on réunit les chefs-
d’œuvre de l’esprit humain, on transcrit
les ouvrages d’Aristote, d’Hippocrate et
d’Hérodote; pendant qu’on restaure les
temples d’Éphèse et de Magnésie, que
faisaient les Cappadociens? Ils s’exer-
caient à supporter patiemment les
épreuves de la question pour servir, dans
l’occasion, de faux témoins, sans que le
métier leur parût trop dur. Il ne faut
pas croire que les princes donnassent de
meilleurs exemples à leurs sujets. Aria-
rat he V, marié à la fdle d’Antiochus le
Grand, élève des enfants supposés, que
lui apporta sa femme stérile.
Allié un moment avec son beau-père
Antio-chus, dans sa lutte contre Rome,
Ariarathe attend à peine que la victoire
se soit déclarée pour les Romains; il
envoie à Rome des ambassadeurs pour
demander pardon, et consentit à payer
une somme énorme pour obtenir une

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grâce demandée d’une manière si hon-
teuse.
C’est sans doute pendant cette guerre
qu’Antiochus assiégea la ville de Soan-
dus, qui était une des places les plus
fortes de la Cappadoce, et la plus diffi-
cile à enlever par un siège en forme, la
nature ayant fait les frais de toutes les
fortifications; et la place étant assise
sur le roc, il était impossible de creuser
un retranchement pour aborder les mu-
railles : aussi le général eut-il recours
à un stratagème qui nous a été conservé
par Frontin (1). Antiochus ayant in-
vesti la citadelle de Soandus, s’empara
des bêtes de somme qui en étaient sor-
ties pour chercher les provisions, et,
ayant tué les conducteurs, il fit revêtir
de leurs habits ses propres soldats, qui,
sous ce déguisement et à la suite de ces
bêtes de somme chargées, entrèrent
dans la citadelle en trompant les gardes,
et la livrèrent à Antiochus. Cette ville
offre encore d’imposantes ruines, dans
une vallée qui porte le nom de Soanli
déré. Nous nous y arrêterons en décri-
vant les places de la Cappadoce.
L’alliance d’Antiochus avec Eumène,
beau-frère d’Ariarathe, avait éveillé des
soupçons dans le sénat. On envoya un
commissaire chargé de faire sur Eu-
mène une enquête qui n’eut aucun ré-
sultat. Le sénat ayant envoyé l’année
suivante T. Gracchus (2), il fut reçu
par les deux rois d’une manière qui de-
vait lever toute espèce de doute sur leurs
intentions. Mais il était chargé en même
temps d’examiner la conduite du roi de
Cappadoce, qui avait secouru Antio-
chus. Une pareille démarche de la part
du sénat ne troubla pas l’amitié que le
prince cappadocien affectait pour le
peuple romain; et, lorsque la guerre fut
déclarée entre le Pont et la Cappadoce,
les Romains s’empressèrent d’envoyer
des secours à Ariarathe, car la monar-
chie qui s’était établie sur les bords de
la mer Noire commençait à porter om-
brage au sénat. Avec de pareils alliés,
le roi de Cappadoce obtint des avan-
tages continuels sur le roi Pharnace, et
le força à demander la paix.
Ariarathe mourut tranquille posses-
(1) Stratagèmes, liv. III, chap. 2.
(2) A. C., 164.
 
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