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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0520

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510

L’UNIVERS.

voyons-nous pas de nos jours des mil-
liers de familles arméniennes suivre les
armées russes et aller peupler sur les
frontières de la Turquie, la ville de
Geumri, créée comme par enchantement
à la voix de l’empereur de Russie?
CHAPITRE V.
INFLUENCE DE ROME.
Chaque fois que les Romains rétablis-
saient sur son trône un roi de Cappadoce,
ils lui donnaient, comme fiche de conso-
lation, quelque province nouvelle. Ario-
barzane avait fui jusqu’à Rome, au mo-
ment de l’invasion de Tigrane. Pompée
l’avait ramené dans ses États, et lui
avait donné les deux Cilicies. Cette an-
nexion rendait presque à la Cappadoce
les frontières qu’elle avait du temps des
Perses. La guerre de Mithridate était
terminée; Lucullus, en prenant Tigra-
nocerte, avait rendu la liberté aux Cap-
padociens, qui purent rentrer dans leur
pays. Mais ces événements n’amenaient
pas la tranquillité.
Ariobarzane II ne fit que monter sur le
trône; il fut tué avant même que les Ro-
mains pussent lui porter le moindre se-
cours ; ils réunirent toute leur sollitude
sur son fils, qui hérita du trône de son
père, grâce à la coopération active du gou-
verneur delà Cilicie, qui n’était autre que
Cicéron.
Malgré toutes les épigrammes que
les historiens et les poètes ont lancées
contre les Cappadociens, il n’en est pas
moins constant que le peuple romain
lui a porté une amitié réelle, en recon-
naissance de la fidélité avec laquelle les
rois et la nation avaient conservé leur
alliance (1).
Pour obéir à la volonté du sénat, Ci-
céron témoigna le plus vif intérêt au
roi Ariobarzane, et usa de son in-
fluence pour déjouer les complots tra-
més contre lui, et grâce à ses soins, le
monarque conserva sa vie et récupéra
son trône (2).
Les rapports fréquents qui s’éta-
blirent entre Cicéron et le peuple cap-
padocien, permirent à l’illustre Ro-
(1) Slrab., XII, 5/,o.
(2) Cic,, epist, 20, lib. V, ad Alt.

main d’apprécier avec connaissance de
cause le génie de la nation , et le ju-
gement qu’il en porte ne dément aucu-
nement l’opinion des autres écrivains.
En effet, de retour à Rome, comme il
parlait contre le consul Cæsonius Cal-
ventius, il ne trouva pas d’autre ex-
pression pour définir la mine stupide
du consul, que de le comparer à ces
Cappadociens qu’il venait de voir de
près. « Vous le prendriez, disait-il,
pour un Cappadocien tiré d’un trou-
peau d’esclaves qui est à vendre (1). »
Cicéron fait ailleurs un triste tableau de
la pauvreté de la Cappadoce (2) ; « Je
ne connais, dit-il , rien de plus dé-
nué que ce royaume, rien de plus pau-
vre que son roi. » En effet, la diffi-
culté de se procurer du numéraire
était extrême ; les troupeaux si nom-
breux produisaient le bétail à vil
prix : aussi l’impôt, était-il toujours
perçu en nature. Lorsque Lucullus
était en Cappadoce, un bœuf ne s’y ven-
dait qu’une drachme (3), et un homme
quatre drachmes. Voilà pourquoi les
terrains les plus estimés étaient ceux
qui pouvaient être mis en pâturages;
et l’assiette des villes, leur sûreté, la
commodité des habitants, étaient sou-
mises à cette condition (4). Il est vrai
que les villes étaient rares, puisqu’on
n’en comptait que deux dignes de ce
nom. Le resteétait ou des bourgades, ou
des châteaux, vrais repaires de brigands,
qui donnaient beaucoup de peine aux
gouverneurs romains.
RELIGION.
Les Cappadociens, mélange de peu-
ples orientaux, et notamment d’Armé-
niens et de Syriens, avaient admis chez
eux le culte de differents dieux venus
presque tous du dehors. Le culte du feu
était pratiqué selon le rit des Mages;
il ne paraît pas qu’il ait éprouvé aucun
changement depuis son introduction
chez les Cappadociens. On observe en-
core, dans quelques provinces situées à
l’ouest de l’Euphrate, de ces anciens
(1) Cic., Oral., c. 6.
(2) Ad Att., lib. VI, epist.
(3) Plutareh. in Lucullo.
(4) Strabon, XII, 53g,
 
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