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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0526

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516

L’UNIVERS.

impérial de la province (èrazp/slat,) de
Cappadoce, légat et lieutenant général
de Lycie et de Pamphilie, légat du Pont
et de Bithynie. Ce mode d'administra-
tion paraît avoir subsisté pendant tout
le temps de l’empire. Othon. en 69, se
propose, il est vrai, de le modifier; mais
il ne paraît pas qu’il ait donné suite à
ce projet (1).
CHAPITRE VH.
KÈGNE DE CONSTANTIN.
Sous le règne de Constantin, la Cap-
padoce avait été réunie au diocèse de
Pont; son Église avait cependant con-
servé sa primauté, et le christianisme
s’étendit avec tant de rapidité que, sous
Valens, en 366, elle comptait cinquante
évêchés, et, parmi ses évêques, les trois
prélats les plus célèbres de toute l’Asie
Saint Grégoire Thaumaturge était natif
de Cappadoce; il vécut dans la seconde
moitié du troisième siècle. Le commen-
cement du quatrième siècle vit fleurir
une famille de saints dont la renommée
est arrivée jusqu’à nous, à travers de
telles révolutions, que l’histoire de cette
époque n’est plus qu’un chaos inextri-
cable. Saint Basile, évêque de Césarée,
sainte Macrine sa sœur, et saintGrégoire
de Nysse, ont porté au plus haut degré
la gloire du christianisme, et depuis eux
il n’a fait que déchoir dans ce pays.
Sainte Macrine avait fondé un cornent
de filles, qui fut ruiné par Sapor. Elle
prêcha dans toute la Cappadoce, et son
tombeau est encore pour les Grecs un
lieu de pèlerinage. 11 est placé dans le
chœur d’une petite église du village de
Melehubi, dans la partie la plus déserte
delà province. Les Grecs ne conservent
aucun souvenir, aucune tradition de
l’ancien nom de cet endroit; mais on
y observe une particularité très-cu-
rieuse , c’est que les habitants grecs ont
conservé l’usage de leur langue mater-
nelle, tandis que dans tout le reste de
la province leurs coreligionnaires l’ont
complètement oubliée, et à peine est-elle
cultivée par le clergé.
Je demandais au prêtre gardien du
tombeau de la sainte s’il pourrait ex-
(1) Tarit., Hist., I, q8.

pliquer une pareille singularité. La ré-
ponse qu’il me fit montre combien,
chez ces Orientaux, l’esprit est toujours
disposé à saisir le côté romanesque et
merveilleux des faits. « Lorsque les in-
fidèles ont fait une irruption dans ces
pays qui étaient autrefois chrétiens, me
dit-il, voulant abolir la pratique de la
religion chrétienne, ils ont compris qu’il
fallait commencer par rendre impossible
l’usage de la langue grecque, qui était
le moyen par lequel tous les chrétiens
communiquaient entre eux. Par ordre
du roi de Perse on coupa la langue à
tous les enfants ; une génération entière
fut muette; la génération suivante ne
parla plus que la langue des infidèles.
Notre petit village échappa par miracle
à la proscription générale; il fut peut-
être oublié : voilà pourquoi vous nous
retrouvez tous ici parlant la langue de
nos pères. »
Quelque incroyable que soit cette
histoire, elle n’en conserve pas moins
la tradition d’une persécution exercée
par les infidèles sur les chrétiens. Tant
d’invasions eurent lieu pendant la lon-
gue chute de l’empire d’Orient, qu’il
serait difficile de dire à laquelle le vieux
prêtre voulait faire allusion; mais il est
naturel de penser que les plus cruelles
persécutions qu’éprouvèrent les chré-
tiens d’Orient vinrent de la part des
Perses. Ce n'était pas seulement contre
les chrétiens qu’ils nourrissaient une
haine implacable : toutes les religions de
l’Occident étaient pour les mages l’ob-
jet d'une exécration que le mahomé-
tisme a héritée et nourrit encore, quoi-
que d’une manière moins apparente.
En 344, Sapor ordonna une persécution
qui amena un soulèvement général des
chrétiens. Les chroniques arménien-
nes (1) nous apprennent que le roi finit
cependant par accorder aux chrétiens
une trêve, moyennant un tribut qui fut
religieusement payé par les Arméniens
et les Grecs. Mais ce n’était pas seule-
ment contre les Perses que les chrétiens
avaient a défendre leur foi. L’empereur
Julien, prenant dans tout l’empire des
mesures énergiques pour ressusciter le
culte des dieux de Rome, avait fait sen-
(r) Voy. Soulèvement de l'Arménie chré-
tienne.in-80, i844-
 
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