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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0549

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ASIE MINEURE.

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ville sans murailles, dont le château
seldjoukide a été démantelé par les
sultans turcs, de peur que les pachas,
dans une velléité d’indépendance, ne se
retranchassent dans son enceinte, pour
se livrer, eux aussi, aux brigandages
qui, de tout temps, ont désolé la Cap-
padoce.
Comme chacun des anciens peuples
qui ont établi leur pouvoir en Asie
avait la prétention de rattacher à ses
annales les origines obscures des villes
et des nations, les Arméniens n’ont pas
manqué à la loi commune, et préten-
dent que la ville de Césarée, dont le
nom primitif était Mazaca, doit sa fon-
dation à l’un de leurs princes (1). Des
écrivains modernes ont cru y recon-
naître le nom de la grande déesse des
Cappadociens, et la ville ne devrait son
origine qu’à l’agglomération des tribus
autour d’un centre religieux qui existait
là depuis les premiers siècles. Josè-
phe (2) en attribue la fondation à
Mésech fils de Japhet. Philostorgus
prétend qu’elle s’appela d’abord Maza,
du nom de Mozoch, chef cappado-
cien.
Il ne nous reste d’ailleurs pour
éclaircir ces faits aucun texte positif,et
la première mention qui soit faite de
Mazaca se trouve dans Strabon, qui
écrivait précisément à l’époque où la
Cappadoce fut réduite en province, et
où l’antique capitale avait déjà perdu
son nom, pour prendre une dénomina-
tion romaine. La singularité de la po-
sition de la ville , et les nombreux
phénomènes volcaniques qui se mani-
festent aux environs, avaient assez
intéressé l’écrivain grec, pour qu’il con-
sentît a faire de cette ville une des-
cription détaillée et remplie d’intérêt
au point de vue géologique. Strabon ex-
plique , selon son opinion , l’absence
complète de murailles; mais, après
avoir considéré combien la contrée était
exposée à l’action des feux souterrains,
il semble naturel de penser que la sé-
curité personnelle des habitants devait
les porter à ne pas s’enfermer dans une
enceinte fortifiée, pour qu’au moment
d’un tremblement de terre, toujours
(i) Moise de Choren, I, XIII.
(a) Ant. jud., I, chap. VI.

prévu, ils pussent au moins préserver
leur vie par une fuite prompte et fa-
cile.
L’empereur Tibère, après avoir con-
verti la Cappadoce en province, donna
à la capitale le surnom de Césarée (1),
en mémoire d’Auguste; le nom d’Eu-
sébia, près de l’Argee, qu’elle portait
pour la distinguer de Tyane, est là
pour prouver que le culte des dieux lui
donnait de l’importance. Tyane aussi
était célèbre par son temple de Jupiter.
Etienne de Byzance prétend que le nom
grec de Césarée était Édesse la Parthé-
nienne. Avait-elle eu quelques rapports
avec l’antique Rhoa , de l’Osrhoène ,
qui fut longtemps soumise aux princes
d’Assyrie? Mais du temps de Strabon,
le nom de Mazaca était le plus em-
ployé, et cette ville était regardée poli-
tiquement comme la capitale de la Cap-
padoce (2).
« Elle est située, dit-il, sur un sol
peu convenable pour le placement
d’une ville ; elle manque d’eau, et elle
n’a pas été fortifiée par des murs, soit
par la négligence des souverains, soit
de peur que les habitants, se confiant
trop aux murailles comme à une re-
traite sûre, ne se livrassent aux brigan-
dages, favorisés par leur position sur une
plaine parsemée de collines, d’où ils
peuvent lancer des traits. »
Les antiques éruptions du volcan de
l’Argée ont couvert à différentes re-
prises la plaine de Césarée de masses
de cendres qui se sont agglomérées, et
qui ont formé un sol composé de tufs,
sur lesquels une végétation chetive n’a
pu prendre racine qu’après l’espace de
plusieurs siècles ; c’est ce qui fait dire à
Strabon : « Le terrain qui environne
Mazaca est stérile et peu propre à être
cultivé; quoique ce soit une plaine. Le
fond en est pierreux et couvert de
sable. »
Les tufs, qui sont d’une couleur grise
et renferment des fragments de pierre
ponce et d’autres minéraux, sont re-
couverts, dans quelques endroits, de
laves de fusion sillonnées par des fentes
profondes, dont les parois sont verti-
(1) Eutrope VII, 2. Festus Rufus, Brevla-
ritiTH, 2.
(2) Slrab., liv. XIV, 663.
 
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