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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0551

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ASIE MINEURE.

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naient avec les ermites et les religieux
qui avaient introduit dans la Cappadoce
les rigueurs de la vie ascétique (1). Les
chrétiens étaient alors assez nombreux
à Césarée ; et lorsque, dans son esprit
de réaction, Julien voulut s’opposer
aux progrès de la religion chrétienne,
les habitants, qui avaient montré en-
vers le nouveau culte un zèle assez ar-
dent pour que les païens et les héréti-
ques eussent abandonné son enceinte,
montrèrent une vive opposition, qu’il
ne put vaincre que par des mesures
cruelles.
L’empereur prit le prétexte de la
destruction d’un temple de la Fortune
pour faire subir a la ville entière un
traitement des plus rigoureux ; elle fut
effacée du catalogue des cités, quoi-
qu’elle fût la métropole de la province ;
il lui enleva le nom de Césarée, qu’elle
tenait de Tibère, et voulut qu’elle reprît
celui de Mazaca ; Julien fit enrôler les
prêtres dans la milice du gouverneur,
et les autres habitants, avec leurs fem-
mes et leurs enfants, furent inscrits
pour payer un tribut comme dans les
villages. Ordre fut donné aux chré-
tiens de rétablir le temple détruit, et la
colère de l’empereur ne se fût pas ar-
rêtée ià, s’il n’eût dû songer à des soins
plus importants qui l’appelaient sur la
frontière (2).
Sous le règne de Valence, Césarée
eut encore à souffrir des mesures ty-
ranniques de l’empereur, qui voulait
propager en Cappadoce les doctrines de
l’arianisme. Basile, alors métropolitain
du diocèse, prêcha avec véhémence, et
soutint les vrais principes de la foi chré-
tienne adoptés au concile de Nicée.
L’empereur, ne pouvant vaincre la géné-
reuse obstination de l’évêque, s’en vengea
sur toute la province en la divisant en
deux parties, et en donnant à Tyane le
titre de métropole de la seconde Cappa-
doce.
La situation de Césarée comme
grande place de commerce attirait de
toutes les régions de l’Asie une popula-
tion nombreuse, mais la ville était hors
d’état d’être défendue contre les atta-
(1) Tillemont, Mém. ecclés. , t. IX,
page 661.
(2) Sozomène, liv. V, chap. IV.

ques du dehors et surtout des Perses
qui pendant tout le règne de Justinien
menaçaient et souvent attaquaient les
villes frontières de l’empire.
Dominée par une suite de monticules
dépendant du mont Argée, la ville était
incessamment exposée aux traits d’une
armée d’invasion.
Justinien prit soin d’établir un sys-
tème de défense qui est décrit en ces
termes par Procope (1) : « Il y avait plu-
sieurs hauteurs fort éloignées les unes
des autres, que ceux qui ont bâti la ville
ont voulu enfermer, de peur que les as-
siégeants n’en tirassent de l’avantage, et
ainsi ils ont augmenté le péril en pen-
sant pourvoir à la sûreté. Ils ont enclos
des rochers, des jardins, des pâturages,
qui sont depuis demeurés dans le même
état, et dans lesquels on n’a point cons-
truit d’habitations ; de sorte que les mai-
sons sont éloignées les unes des autres
et 11e peuvent se porter mutuellement
secours. De plus, la garnison était
toujours insuffisante eu égard à l’é-
tendue, et les habitants manquaient
de moyens d’entretenir leurs murailles.
Justinien fit abattre une partie de ces
murs afin d’en réduire l’enceinte à une
juste grandeur, qu’il a fait bien forti-
fier et où il a établi une bonne gar-
nison. »
Ce passage de Procope devient en-
core plus clair après l’inspection des
lieux : chacun des monticules qui en-
tourent la ville, et notamment la mon-
tagne de Saint-Basile, que les Turcs ap-
pellent Ali dagh, était couronné par
un fortin, on y voit encore des traces
des anciennes fortifications ; mais cette
ligne de forts détachés formait un cir-
cuit de plus de dix kilomètres; c’est ce
système de défense que Justinien chan-
gea radicalement.
11 résulte du document rapporté plus
haut que la fondation du château ac-
tuel de Césarée doit être attribuée à
Justinien, et non pas aux Seldjouki-
des : ces princes n’ont fait que le ré-
parer.
L’antique Césarée n’existait pas posi-
tivement à la place de celle d’aujour-
d'hui : elle était bâtie à un quart de
mille à l’ouest de la ville moderne, et
(1) Procope, de Ædeficiis, liv. V, chap. 4-
 
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