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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0556

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546

L’UNIVERS.

trente-deux kilomètres d’Ali dagh à
Ingé sou , et trente-six kilomètres de
Césarée, à Éverek.
Vu du côté de Césarée, le mont Ar-
gée, Erdjisch dagh, se présente comme
une montagne à double sommet, dont le
tiers supérieur est couvert de neiges
éternelles. La base est formée par des
tufs et des laves tendres.
Mais du moment que l’on commence
à monter, on aperçoit dans les ravins
des fragments de basalte et de por-
phyre qui annoncent que les régions
supérieures ne sont pas formées de ro-
ches aussi récentes.
Du côté du nord, la montagne d’Ali
dagh est séparée de l’Argée par une
large vallée ; son élévation au-dessus de
la plaine ne dépasse pas quatre cents
mètres, la roche de porphyre qui la
compose est tellement compacte que la
plus chétive végétation peut à peine s’y
attacher au commencement du prin-
temps ; toute la pente septentrionale du
mont Argée est dépourvue de bois, quoi-
qu’elle ait été couverte de forêts dans
l’antiquité. Ce qui les a détruites, ce
n’est pas le manque de terre végétale,
mais ici comme partout en Asie Mi-
neure le mauvais aménagement des bois
et l’incurie des habitants ont anéanti
cette source de richesses. Toutes les
eaux de cette partie de la montagne se
réunissent en un ruisseau qui arrose la
plaine de Césarée et se jette dans la ri-
vière de Sarimsac; son affluent su-
périeur passe à Surp-Garabed, et s’ap-
pelle la rivière du Pacha. La première
région des dômes est séparée du corps
de la montagne par des escarpements
qui rendent difficile toute ascension de
ce côté; bien plus : les Grecs et les Ar-
méniens de Césarée m’avaient témoigné
une répugnance invincible à m’accom-
pagner jusqu’au sommet. La mort d’un
missionnaire américain qui avait tenté
l’excursion était encore récente. Le
supérieur du monastère de Zinzidéré
lui avait donné un guide inexpérimenté,
qui le quitta pendant la route; parvenu
au pied du pic, l’étranger ne put aller
plus loin, et, en revenant sur ses pas,
il roula longtemps sur la neige; des-
cendu dans une région moins froide,
il fut surpris par la pluie : tant de fâ-
cheux contre-temps lui occasionnèrent

une pleurésie dont il mourut. 11 est en-
terré dans l'église grecque du village
d’Endourlouk. Mais les Grecs restaient
convaincus qu’il était mort étouffé par-
le manque d’air, et nul n’aurait voulu
m’accompagner, quand même ma santé
m’eût permis de tenter l’entreprise. Je
me contentai d’examiner la nature des
roches à la base du volcan, et de re-
cueillir quelques fragments détachés du
sommet et roulés dans les eaux du tor-
rent. Les laves de fusion proprement
dites, celles qui forment de véritables
coulées, ne dépassent pas le tiers infé-
rieur de la montagne; elles alternent
avec les tufs et les scories terreuses qui
composent la surface de quelques dô-
mes. Les tufs atteignent une hauteur
encore moindre, et, dans les parties
qui présentent des ruptures verticales,
on reconnaît au-dessous des roches le
basalte noir, identique avec celui d’Al-
bano, qui est employé pour paver la
ville de Rome. En remontant le ruis-
seau nommé Délitchai, qui passe à
Zinzidéré, on ne trouve plus dans son
lit que des rochers, qui forment des
masses compactes sans coulée appa-
rente, comme les trachytes et les por-
phyres.
En 1837, M. Hamilton (1) parvint à
exécuter l’opération difficile de l’ascen-
sion de l’Argée. Traversant les contre-
forts orientaux de la montague, il s’é-
leva insensiblement jusqu’au village
d’Everek keui, situé sur la côte méri-
dionale du mont Argée, etîà six heures
de marche de Césarée, où il prit des
guides et une escorte. Déjà à cette hau-
teur les blocs de trachyte étaient très-
abondants, et plus il avançait, plus la
nature de la roche paraissait indiquer
des éruptions anciennes. Le premier
plateau au pied du pic, à deux milles
et demi d’Everek, est supporté par des
collines de basalte noir. Il observa de
ce côté une colline conique formée de
sable et de cendres, avec une portion
de cratère, provenant d’une éruption
qui s’est ouverte sur le plateau basal-
tique.
Dès que l’on commence à monter le
véritable pic de l’Argée, on ne trouve
(i) Hamilton, Researclies, volume II,
page 270.
 
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