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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0558

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548

L5 UNIVERS.

quelles il se livrait au plaisir de la
chasse ; mais le Mêlas ayant rompu ses
digues inonda une partie du territoire,
et en grossissant outre mesure le fleuve
Halys, causa de notables dommages
aux Galates, qui citèrent Ariarathe de-
vant les Romains, et se firent allouer
une indemnité de trois cents talents (1).
La nature des lieux est parfaitement
d’accord avec le fait mentionné par
Strabon, et les observateurs qui ont visité
les bords de l’Halys ont reconnu l’issue
étroite dont il est fait mention et qui
peut être fermée par une digue.
Les sources mêmes du Kara sou ou
Mêlas ont été reconnues par M. de Ci-
vrac dans les collines situées à la base
septentrionale du mont Argée; l’une
sort de terre avec abondance, les autres
sont plus éloignées et étaient inacces-
sibles à cause des marais qu’elles for-
ment; ces marécages, presque tous cou-
verts de roseaux,s’étendent à plusieurs
kilomètres dans la plaine; une ancienne
chaussée a été pratiquée au milieu. Près
du village d’Ambba, situé au nord-ouest
de Césarée, on trouve une route pavée
et successivement trois ponts en pierre
construits sur les marécages. Le Kara
sou reçoit un nouvel affluent, qui grossit
considérablementle volume de ses eaux,
et passe sous un pont de sept arches,
preuve de l’importance de la rivière à cer-
taines époques de l’année, et va se jeter
dans l’Halys. Les eaux de cette rivière
entraînent avec elles une quantité de li-
mon noirâtre qui motive le nom qu’on
lui donne, et après avoir rejoint le cours
de l’Halys, les eaux de ce dernier fleuve
étant jaunâtres, les deux courants con-
servant leursteintes respectives forment
pendant longtemps une ligne tranchée
très-remarquable (2). A partir du pont à
sept arches, le .Mêlas s’engouffre au
nord dans une gorge resserrée, qui est
sans doute l’issue étroite fermée par
Ariarathe, et parcourt un espace de seize-
kilomètres depuis le pont jusqu’à son
embouchure dans l’Halys.
Cette embouchure est en ligne droite
à trente-six kilomètres de Césarée.
Le grand marais formé par le Kara
(1) Strabon, XII,p. 538.
(2) Voy. auss. Bulletin de la société de
Géographie, mai 1842.

sou coupe la route de Césarée à Ingé
sou ; il est à peu près praticable pen-
dant l’été. Son étendue est de huit kilo-
mètres de l’est à l’ouest et de quatre du
nord au sud.
DE CESAREE A INGÉ SOU.
La route de Césarée à Ingé sou suit
les pentes du mont Argée, et à douze ki-
lomètres de cette ville rencontre le
grand marais de Salzik engendré par
les deux rivières ; de nombreux trou-
peaux y paissent pendant l’été, mais il
est impraticable quand la fonte des
neiges grossit les rivières ; c’est dans ce
marais que le Mêlas rejoint le Sarim-
sak ; une antique chaussée traversait
ce marais : c’était la grande route de Cé-
sarée à Iconium.
Les pentes occidentales du mont Argée
sont moins abruptes que celles du nord ;
elles servent, comme ces dernières, de
base à des monticules arrondis qui ne
sont autre chose que des volcans se-
condaires. On remarque à la base de lar-
ges coulées de laves de fusion; la plaine
est couverte, comme celle de Césarée,
d’une couche épaisse du tuf volcanique
qui peut être exploité comme pierre à
bâtir.
La petite ville de Ingé sou est à trente-
six kilomètres sud-ouest de Césarée,
elle est construite, au fond d’une en-
ceinte de rochers et n’a que deux en-
trées par une vallée étroite; les flancs de
la montagne sont à pic, et l’on voit l’é-
paisseur de la couche de tuf volcanique
qui a quatorze mètres. Il repose en
quelques endroits sur un calcaire blanc,
mais plus généralement sur l’argile.
La ville d’Ingé sou, le filet d’eau, a
pris son nom d’un petit cours d’eau
qui arrose la vallée; elle commande
tout le districtjusqu’à Urgub; une mos-
quée d’assez belle apparence a été bâtie
par un ancien bey du nom de Sélim :
elledatedu siècle dernier; la population
grecque paraît être dans l’aisance. Les
femmes ont un goût prononcé pour les
bijoux d’argent ; elles portent sur leur
tête des turbans ornés d’une quantité de
pièces de monnaies; leurs épaules en
sont chargées ; elles ont à leurs bras de
pesants bracelets, et à leurs jambes des
anneaux d’argent que les Turcs appel-
 
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