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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0561

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ASIE MINEURE.

la juridiction immédiate du métropoli-
tain de Cappadoce. Ils ont cherché , au
milieu de ces vallées, les endroits les
plus inaccessibles, et là, avec le se-
cours des aumônes des nouveaux fi-
dèles, ils ont multiplié, dans les in-
nombrables chapelles, les peintures des
sujets de l’Ancien et du Nouveau Tes-
tament, garanties de toute humidité
parla nature absorbante de la roche;
de sorte qu’aujourd’hui, malgré l’in-
correction d’un dessin tracé par une
main inexpérimentée, on peut suivre
avec intérêt l’histoire complète de l’ico-
nographie byzantine. Quelques-unes de
ces chapelles , qui peuvent être consi-
dérées comme des églises, nous mon-
trent encore les peintres byzantins, pei-
gnant leurs sujets sur les "piliers et les
archivoltes, sans trop s’inquiéter si la
raison approuvera les compositions,
qui touchent quelquefois à la bizar-
rerie. L’endroit le plus remarquable,
sous ce rapport, est le district appelé
Keurémé, distant de deux lieues en-
viron d’Urgub.
Pour suivre le développement de
cette génération de cônes, il faut partir
du milieu de la ville même, près de
1 ndroit que l’on appelle le Château.
On en voit plusieurs qui se trouvent
entés les uns dans les autres, et ayant
une base commune et des sommets qui
s’élèvent à différentes hauteurs. Près
de l’église grecque, monument moderne
et d’une grande importance, dont la
construction est due aux efforts de la
population chrétienne, il y en a plu-
sieurs qui s’élèvent presque à la hau-
teur du toit. Ici la couleur des terrains
tire sur le rose, et les cônes vont tou-
jours en grandissant à mesure qu’on
s’éloigne de la ville. Chacun d’eux re-
cèle un tombeau ; mais il y en a qui
sont percés de plusieurs cellules pla-
cées verticalement les unes au-dessus
des autres et communiquant par des
puits; il semble que ces sortes de cons-
tructions ne sont pas seulement desti-
nées à la sépulture des morts, mais
que des rites religieux, des cérémo-
nies d’initiation devaient se pratiquer
dans ces curieuses habitations.
Les chapelles de Keurémé, éloignées
du séjour des humains, ont échappé
aux transformations qu’ont subies celles

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de la ville. La voûte de l’une d’elles
représente le Christ peint plus grand
que nature ; il est assis sur un trône
dont le dossier a la forme d’une lyre,
et il semble soutenu en l’air par deux
démons, l’un peint en rouge l’autre
en vert. Les animaux symboliques des
évangélistes occupent les coins du ta-
bleau. Des figures de saints, portant
tous des nimbes de couleur blanche,
décorent les tympans des arcades, et
les intrados sont également ornés de
grandes figures de personnages reli-
gieux.
Une très-petite chapelle, située dans
un des cônes d’un accès difficile, est
taillée en forme de croix grecque. L’ab-
side forme une niche demi-circulaire,
au milieu de laquelle se trouve un
autel qui est d’une seule pièce avec le
reste de l’édifice. La voûte hémisphé-
rique qui couronne la niche est dé-
corée d’un buste colossal du Christ,
dans l’attitude d’un personnage qui
donne la bénédiction. On voit sur la
muraille un tableau qui représente la
Vierge assise avec l'Enfant Jésus sur
ses genoux, et entourée d’anges qui
paraissent veiller sur lui. Les autres
peintures représentent des martyrs et
des saints qui portent des costumes bi-
zarres et pittoresques. Généralement
leurs noms sont inscrits en colonnes
verticales, selon l’usage byzantin.
Contemplée du sommet d’une de ces
pyramides, la vallée du Keurémé fait
bien comprendre le système de forma-
tion. Il est évident qu’à une époque re-
culée, tout ce plateau était parfaitement
uni, et qu’il n’a été creusé que par l’ac-
tion incessante des eaux et des neiges
fondues.
Un autre embranchement de ces val-
lées porte le nom de Martchiane. Ici,
les cônes sont plus aigus et beaucoup
plus serrés ; les tombeaux qu’ils ren-
ferment ont des façades plus élégantes,
et on en remarque un qui représente le
portique d’un temple avec quatre co-
lonnes ornées d’un fronton. Le village,
composé d’une trentaine de maisons,
est bâti sur une coulée de laves basalti-
ques , qui indique le terme du terrain
ponceux. En montant sur le plateau,
j’aperçus au loin une colonne debout;
je m’y transportai, espérant trouver
 
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