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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0568

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558

L’UNIVERS.

qui porterait à six le nombre des per-
sonnes qui peuvent y avoir été inhu-
mées. Tout ce monument, quoique sans
ornement, est sculpté avec une pureté
de ciseau remarquable ; les formes
lourdes accusent un ouvrage tout à fait
asiatique; mais pour en déterminer l’é-
poque précise, les moyens de critique
manquent absolument, car on ne peut
pas même, comme pour la plupart des
autres monuments, citer les analogues.
CHAPITRE XXXV.
NEMCHEHER (1).
Dès que l’on est remonté sur le pla-
teau qui entoure la vallée d’Urgub,
toute la contrée se présente sous un
aspect moins sauvage. Il semble que
cette nature si extraordinaire ne s’est
offerte aux regards que comme un ef-
fet de mirage. Le nivellement des ter-
rains indique parfaitement la marche
qu’a suivie la génération des cônes. La
composition particulière de la roche a
contribué à former ces vallées auxquel-
les les Grecs donnent le nom de Pha-
rangæ (2), qui exprime assez bien leur
origine. Au delà de Touzesar, les ter-
rains volcaniques ne cessent pas de cou-
vrir la surface du sol, mais les ponces
ont tout à fait disparu. On voit des col-
lines à peine ondulées et tout à fait
incultes se prolonger vers l’ouest, elles
indiquent le cours du Kizil-Irmak, qui
atteint le point le plus méridional de
son parcours au village d’Avaness, re-
nommé par ses carrières de pierres à
bâtir, qui sont toutes formées de ponces
dures. Poursuivant ma route vers Nem-
cheher, la ville la plus importante de
ce canton, j’y arrivai après cinq heures
de marche.
La population de cette petite ville
est composée presque entièrement de
familles grecques sous la juridiction
d’un évêque ; c’est un des sièges les plus
importants de la Cappadoce. L’église
(1) Les habitants disent Nemcheher, Ha-
milton Nembcheher, Ainsworth Newcheher,
Barth Nefcheher; la carte de Cyrille Nem-
cheher, c’est je pense, le vrai nom de cette
ville.
(2) Excavation, abime.

est grande et d’une architecture mo-
derne qui ne manque pas d'élégance,
mais elle ne saurait être comparée à la
nouvelle église d’Urgub.
Vers 1763, Ibrahim Damat, pacha,
fit bâtir à Nemcheher une mosquée as-
sez importante, alin d’y réunir un
noyau de population musulmane. Ce
fut toujours le souci des beys ou gou-
verneurs musulmans, d’inspirer aux
populations nomades le goût de la vie
sédentaire; car il n’y a que ce moyen
de pouvoir compter sur la rentrée ré-
gulière de l’impôt. Les plus habiles
sont parvenus à leurs fins, et l’on cite
plusieurs petites villes qui doivent leur
existence à la politique bien entendue
de quelques beys.
La mosquée a un dôme et un mina-
ret; elle est bâtie sur le modèle de celle
de Sélim Ier à Constantinople. Dans la
partie sud de la ville, qui tout entière
occupe le point d’intersection de deux
grandes vallées, une colline élevée,
couronnée par un château, domine les
habitations, qui s’étendent dans tout le
pourtour. Le nom de Nemcheher lui a
été donné par les Turcs; mais les Grecs
lui conservent celui de Nyssa, qu’elle
avait dans l’antiquité; et l’évêque, avec
qui j’eus de longues conférences tou-
chant la géographie ancienne dé la Cap-
padoce, me confirma dans l’opinion
que la Nyssa de l’itinéraire d’Antonin
était en cet endroit. Il faut avouer que
l’on trouve peu de traces de monuments
antiques dans cette petite ville ; mais
les environs sont riches en monuments
troglodytes; et un petit village des en-
virons, que l’on appelle Nar, offre un
grand nombre de sépultures.
Je ne serais pas étonné que plus tard
on ne parvînt à constater l’identité entre
Nar et Nyssa : il y a à peine deux-
milles de distance entre les deux places ;
cette différence est inappréciable au
point de vue des itinéraires anciens. La
population grecque de Nyssa se serait
transportée dans la nouvelle Nemcheher
vers la fin du douzième siècle, quand
l’autorité des princes seldjoukides aura
pu donner un peu de repos à ces con-
trées.
L’évêque m’invita à assister à une cé-
rémonie qui devait avoir lieu le 24 août
1834. Un grand nombre de chrétiens
 
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